36. La marque du diable

207 21 15
                                    

Mercredi 17 mars 2019 – 07h16 AM, Camp Principal.

C'est allongée paisiblement dans le lit que Lucia émergea du royaume de ses rêves. Sur le flanc, à sa place habituelle, elle dut s'y reprendre à deux fois pour parvenir à ouvrir les yeux. Ses membres étaient engourdis, sa tête lourde et sa gorge aussi sèche qu'un lendemain de cuite. Le contact de ses vêtements contre sa peau et le son de son cœur battant en son sein la rassurèrent : elle n'était ni nue, ni morte. C'était déjà un bon point.

Après avoir vérifié par tâtonnements qu'elle était la seule occupante du matelas, la jeune fille se laissa rouler sur le dos. Son omoplate eut à peine effleuré la surface qu'une douleur soudaine s'y déclencha. Sa propriétaire glapit de douleur et, par réflexe, se redressa. Son monde vacilla, lui donnant presque l'impression qu'elle allait défaillir. Par chance, ce fut bref et elle put conserver sa position assise. La douleur s'en était allée aussi vite qu'elle n'était apparue.

Avec un froncement de sourcils, Lucia passa une main hésitante sur son omoplate droite. Ses doigts rencontrèrent une compresse. Elle avait beau être encore à l'ouest, elle était persuadée que cette chose ne se trouvait pas là hier soir. La source de sa souffrance en provenait. Il fallait qu'elle sache ce qu'il en retournait.

Repoussant la fine couverture, elle se leva vaille que vaille. Les vertiges avaient repris avec plus de violence, la contraignant à avancer à petits pas vers la salle de bain. Sa première main reposait sur son front et la seconde ouvrait la voie, s'appuyant à chaque mur pour l'empêcher de chuter sur ses genoux. « Qu'est-ce qu'il m'a fait ? Qu'est-ce que ce taré m'a fait ?! »

Encore sonnée par la drogue ayant été ingérée la veille, la New-Yorkaise n'entendit pas le bruit de la douche résonner de l'autre côté de la paroi. Ce n'est qu'en voyant la buée épaisse flotter autour d'elle qu'elle pensa à relever la tête. Dante, occupé à se laver, la vit à son tour lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Ils échangèrent un regard rempli de surprise, tous deux figés sur place.

‒ Putain, grommela la jeune fille en sortant précipitamment.

Elle ferma la porte à la volée pour se soustraire à la vision du corps nu de son geôlier, les joues cramoisies. Elle avait beau l'avoir vu une bonne centaine de fois, ça ne l'empêchait pas de se sentir toujours aussi mal à l'aise dans ce genre de situation. Le rire du concerné lui parvint depuis l'autre côté de la cloison, empirant la rougeur de son visage.

L'eau s'arrêta quelques minutes plus tard et l'occupant des lieux rouvrit la porte pour sortir, une serviette nouée autour des hanches.

‒ Déjà réveillée, querida ? l'interrogea-t-il innocemment.

Ne répondant pas à sa provocation, Lucia le bouscula pour entrer telle une furie dans la salle de bain. Elle se dirigea vers le miroir et, lui tournant le dos, saisit le rebord de la compresse. Après une courte inspiration tendue, elle l'arracha d'un coup sec afin de dévoiler l'arrière de son épaule. Son regard tomba sur une zone rougie d'environ dix centimètres de diamètre. Et au milieu de celle-ci...

Ses yeux s'agrandirent sous l'effet de la consternation en voyant deux lettres calligraphiées à l'encre noire : « D.A. ». Les initiales de Dante Alvarez tatouées là, sur sa peau pâle.

‒ Oh, c'est pas vrai ! gémit-elle en se tortillant devant la glace pour mieux voir.

Malheureusement, elle n'hallucinait pas. Le meneur des trafiquants avait décidé de lui flanquer ce tatouage qui ne pouvait tromper sur l'appartenance de sa jeune captive. D'où la drogue dans son verre. Il savait qu'elle ne l'aurait jamais laissé faire ça en pleine possession de ses moyens. La rage remplaça l'hébétude, la conduisant à pousser un juron rempli de fureur :

Aller Simple en Enfer [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant