11. Le Camp Principal

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Lundi 11 janvier 2019 - 08h29 AM, Camp Principal.

Lucia marchait à côté de Jonas à un rythme modeste. Elle soupçonnait le pirate d'avoir adapté son allure pour ne pas la pousser à forcer sur sa jambe, mais essayait de ne pas s'en convaincre. Ça signifierait qu'il était doté de gentillesse et elle se refusait à admettre qu'un trafiquant d'êtres humains puisse être capable de posséder une telle qualité.

Ses yeux décortiquaient les alentours avec avidité. D'une part dans l'espoir de trouver une faille exploitable, d'autre part parce que c'était la toute première fois qu'elle avait l'occasion de voir « l'envers du décor ». Elle l'avait bien parcouru la veille, mais il faisait noir et elle n'avait pas franchement eu la tête à ça.

Le Camp Principal était relativement vaste. Actuellement, Jonas et Lucia traversaient une grande cour au sol composé d'un mélange de terre et de sable. Des hommes s'agitaient partout, tous habillés d'un débardeur rouge et munis d'un holster d'armes. Ils étaient de toutes origines, de toutes tailles, de toutes corpulences. Ça allait du tout petit gringalet aussi pâle qu'un cachet d'aspirine à la montagne de muscles à la peau aussi noire que l'ébène.

La jeune fille discerna au loin ce qui semblait être un entrepôt à l'immense porte taguée. À l'opposé, presqu'en dehors de son champ de vision, l'entrée qui menait à la case aux otages, fermée et gardée par deux pirates. Le dédalle de baraquements qu'elle avait traversé avec Oliver se tenait juste à côté, forme sombre et inquiétante ressemblant à un labyrinthe sans fin.

Lucia rencontra une autre porte de taille imposante encadrée de deux tours en béton à un étage. À leur sommet, deux gardes munis d'AK47 guettant l'extérieur. Et juste devant, un grand feu diffusant un épais nuage de fumée rouge. Sans doute la même que celle que les touristes avaient repérée sur la plage un poil trop tard. La sortie.

Malheureusement, cette voie vers la liberté était bien surveillée. Impossible donc de se faufiler par là. Quant à l'issue empruntée la nuit de sa tentative de fuite, Dante l'avait probablement rebouchée. Ou tout du moins, y avait placé un garde. Il lui faudrait donc un plan C. Et la rousse était persuadée qu'elle en trouverait un. Si elle était parvenue à tomber sur une faille par un total hasard, alors elle pourrait en découvrir une autre en cherchant un peu. C'était obligatoire. Elle refusait de perdre espoir...

Jonas s'immobilisa devant un petit bâtiment ayant l'air en meilleur état que ceux qu'elle avait eu l'occasion de voir jusqu'ici. Mais mis à part ça, aucun écriteau en particulier ne l'ornait. Aucun signe distinctif. Rien.

- Je viens te récupérer d'ici une trentaine de minutes, lui annonça le blond en jetant un œil à sa montre. Si je ne suis pas encore là quand tu sors, attends-moi ici sans bouger. Vu ?

- C'est... ça, l'infirmerie ? s'enquit Lucia lançant un regard critique sur la bâtisse.

- Oui. Pourquoi ? Ça n'a pas l'air de te convaincre.

- C'est juste que ça ne ressemble pas à un établissement de soins hospitaliers.

Jonas rit franchement en entendant cela, ce qui agaça quelque peu la jeune fille.

- Au cas où tu l'aurais pas remarqué, on ne reçoit pas de subventions de la Thaïlande. C'est déjà pas mal qu'on ait une infirmière !

- Il a une époque où vous n'en aviez pas ?

- Bien sûr. Ça ne fait pas si longtemps que ça que Youssra nous a rejoint.

- Comment vous faisiez alors quand un homme était blessé ?

Aller Simple en Enfer [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant