28. La punition

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⚠️TW violence⚠️

Samedi 13 février 2019 – 22h26 PM, Camp Principal.

Lucia était parvenue à se ressaisir peu de temps après le départ de Dante. Depuis, les jambes ramenées contre son torse, elle fixait le vide. Son menton reposait sur ses genoux et, dans cette position, elle peinait à ne pas tomber endormie. Ses paupières menaçaient de se fermer à tout instant.

Mais sa peur, dévorante, la tenait éveillée. Sa peur et la douleur qu'elle ressentait dans sa main. Cette dernière, couverte d'une couche de sang séché, avait été enroulée par ses soins dans une bande de son débardeur qu'elle avait déchirée à l'aide de ses dents. Avec un peu de chance, ça préviendrait l'infection. Dante n'avait pas pensé à lui faire livrer de la vodka, cette fois.

Avec un soupir las, elle redressa la tête et grimaça en sentant sa nuque et le haut de son dos la brûler. La jeune fille, dans le but d'alléger sa peine, se cala dans l'angle droit formé par les barreaux. Elle était déjà un peu mieux mise. Ce n'était pas du grand luxe, mais c'était déjà ça. Ce que cette cage ne lui avait pas manqué...

Au fond, elle n'avait pas peur pour elle-même, mais pour Juliette et Agnès. Lucia savait qu'elle méritait ce qui menaçait de lui tomber sur la tête. Elle connaissait les risques du jeu avant de se lancer dans son plan foireux et était prête à assumer les conséquences. Mais les sœurs Martin ? Qu'y pouvaient-elles là-dedans ? Rien du tout.

Si Dante avait été le seul décideur dans cette histoire, la rousse aurait eu bon espoir de le raisonner. Il était en colère, lorsqu'elle s'était réveillée. Et elle n'avait rien fait non plus pour l'apaiser. Mais le problème, c'est que ce n'était pas à lui qu'incombait la décision. C'était à Lungelo. Et au vu de ce qu'on lui avait raconté au sujet du Tyran de l'île Sud, elle avait de quoi s'en faire.

Alors qu'elle avait fermé les yeux avec l'intention de grappiller quelques heures de sommeil, Lucia entendit des pas se rapprochant de sa cage. Elle braqua immédiatement son regard dans cette direction et fut soulagée de reconnaître le chef des trafiquants. Il affichait toujours cette même mine horriblement impassible et... c'était un hématome qui florissait au niveau de sa mâchoire ?

‒ Tu sors de là, querida, annonça-t-il en déverrouillant le cadenas maintenant la porte fermée. Je t'emmène faire un tour.

‒ Où ça ? se méfia-t-elle.

‒ Tu verras.

Il ouvrit sa cage et lui tendit la main. Lucia la considéra sans trop savoir qu'en faire, hésitante. Elle finit par s'en saisir en comprenant qu'elle n'avait pas un million d'alternatives et Dante l'aida à s'extirper de sa cellule. Ensuite, sans la lâcher, il l'entraîna en direction de la sortie.

La jeune fille, le contact de sa main dans la sienne la brûlant presque, essayait de deviner ce que son ennemi avait en tête. Elle avait un très mauvais pressentiment. Pressentiment qui se renforça lorsqu'ils quittèrent la case aux otages pour aboutir dans la cour noire de monde.

Lucia se stoppa brièvement en constatant que l'ensemble des pirates résidant sur le camp devaient se trouver là, formant une foule compacte agglutinée autour de l'estrade. Sauf que cette fois, personne n'y défilait. Elle pensait cependant y discerner la silhouette de deux personnes, mais à cette distance, c'était difficile de le définir avec certitude.

‒ Qu'est-ce que tu mijotes, Dante ? demanda-t-elle dans un souffle.

‒ Un peu de patience, Lucia. Tu le sauras rapidement.

Aller Simple en Enfer [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant