31. Happy Me

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𝓟𝓪𝓻𝓽𝓲𝓮 𝓽𝓻𝓸𝓲𝓼 - 𝓵'𝓪𝓶𝓪𝓷𝓽𝓮

Deux mois et une semaine. C'était le temps qui s'était écoulé entre l'arrivée d'Oliver et Lucia sur Lost Island et le moment présent. Un mois que l'île nord avait déploré la fuite d'Agnès Martin, 15ans. L'ancienne otage écoulait désormais des journées moroses à Hope's Camp, la base principale des rebelles, où elle tentait de faire le deuil douloureux de sa grande sœur.

Oliver et elle n'avaient pas tardé à se lier d'amitié. Le jeune homme allait régulièrement lui rendre visite pour s'assurer qu'elle ne manque de rien. Ils avaient pris l'habitude de s'asseoir sur le porche craquant de la cabane de l'adolescente, à l'heure où le soleil est en train de se faire engloutir par la nuit, afin de discuter de tout et de rien. Majoritairement de rien.

Les deux évadés du Nord, comme on les avait rebaptisés, évitaient de parler de leur situation, de l'île, de leurs proches disparus, pour se concentrer sur leur vie d'avant, sur leurs rêves, leurs projets et la première chose qu'ils feraient une fois de retour chez eux. Ils se serraient les coudes. Se soutenaient. Ça les réconfortait d'avoir une épaule sur laquelle s'appuyer en cas de coup de blues.

Oliver avait appris les circonstances de la mort de Juliette, l'aînée des sœurs Martin. Tout comme Anissia d'ailleurs qui, bien que moins proche de la rescapée, prenait de ses nouvelles par l'intermédiaire de son partenaire. Ils s'inquiétaient sérieusement pour leur amie. Pour son intégrité physique, mais aussi mentale. Alors, ils formataient leur plan du plus vite qu'ils le pouvaient, renforçant encore plus leurs assauts sur les avant-postes. Ils n'avaient plus reçu aucun signe de vie de Lucia depuis la tempête.

La concernée, de son côté, avait repris son petit train de vie habituel. Exactement comme si rien ne s'était produit. Elle passait toujours ses journées en cuisine avec Aaron et à l'entrepôt avec Loïc. Jonas avait recommencé à plaisanter et à l'appeler « princesse » à tout bout de champ. Youssra lui demandait régulièrement de venir la voir, juste pour papoter en fumant une cigarette devant la porte de l'infirmerie. Comme deux amies auraient pu le faire n'importe où ailleurs dans le monde.

De plus, le bazar qu'elle avait fichu était passé inaperçu aux yeux du Tyran du Sud. Dante lui avait expliqué qu'Agnès s'était tranché les veines quelques heures après la mort de sa sœur. Aucun de ses hommes n'avait démenti, à tel point que leur meneur se demandait si la taupe n'était pas ce crétin de Frank à qui il avait explosé la cervelle. À moins que le véritable mouchard n'ait pris peur..?

Dans tous les cas, Lungelo n'y avait vu que du feu et, pour apaiser le Syrien qui menaçait de venir au Nord faire un scandale, il lui avait fourni deux autres filles entrant dans ses critères. Depuis, le meneur de Lost Island ne s'était plus montré et ce n'était pas plus mal. Que ce soit pour son fils adoptif, comme pour la prisonnière de ce dernier.

Seulement, certaines choses avaient tout de même changé et elles avaient un rapport avec l'insupportable pirate partageant son lit... et sa vie. Elle s'était sentie horriblement coupable le lendemain de l'évasion d'Agnès. Elle avait couché avec Dante. Elle s'était totalement laissée aller entre ses bras. Et le pire... Le pire, c'est qu'elle avait vraiment aimé ça. Elle haïssait l'idée de l'avoir désiré. D'avoir désiré cet homme qui faisait de sa vie un enfer. Celui qui l'avait forcée à tuer une innocente. Celui qui menaçait la vie de deux de ses plus proches amis. Celui-là même qui l'avait achetée et utilisée à sa guise sans prendre en considération l'avis ou même l'état du fruit de ce contrat.

Lucia le détestait toujours autant, ça, elle en était persuadée. Mais elle avait pris conscience de la beauté du trafiquant et du désir qu'il alimentait en son être. La pourriture dont il était fait n'arrivait plus à faire barrage et chaque jour, elle se demandait comment elle avait pu louper la magnificence de son regard baigné d'obscurité où s'allumait parfois un brasier lorsqu'il la regardait en retour. Comment être passée à côté de ses lèvres pleines et sculptées, véritable appel au vice. Et ce sourire sournois, cet accent chaud, ces muscles soulignés par cette humidité résiduelle couvrant constamment sa peau bronzée à cause du climat tropical... Même ses cicatrices semblaient attirantes, désormais.

Aller Simple en Enfer [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant