22. Tango-Ducon

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Vendredi 12 février 2019 – 09h22 AM, avant-poste Alpha.

Dante appuya sur la détente et sa balle alla se figer dans la tête du rebelle se dressant face à lui. La détonation. Le recul devenu familier de l'arme au creux de sa paume. L'odeur de la poudre, puis celle du sang. Le bruit sourd du corps touchant le sol. Un sourire étira ses lèvres pendant que son regard sombre croisait celui d'Oliver Dallas, à cinq mètres à peine de là. Il avait tout vu. Parfait.

- On se replie ! hurla la voix familière d'Anissia.

Ses quelques soldats verts encore en vie, au nombre de sept environ, ne se firent pas prier et détalèrent en direction de la jungle. Leur jeune meneuse bondit de derrière un véhicule et, voyant qu'Oliver n'avait pas bougé et fixait toujours Dante avec une rage meurtrière, elle l'empoigna par le bras pour le forcer à la suivre.

L'Américain capitula non sans une dernière tentative de toucher leur rival. Tentative qui se solda par un échec, sa balle allant se loger dans le pneu d'un 4x4 qui explosa sous l'impact.

- T'as raison, blondinet ! Cours tant que tu le peux ! l'invectiva le pirate avec un sourire féroce. Courez TOUS tant que vous le pouvez ! Parce que bordel de merde, lo prometo, je finirai par avoir votre peau à tous !

Oliver ne répondit pas, s'étant sans doute déjà mis hors de portée de voix. C'est donc avec un soupir agacé que Dante baissa enfin son arme pour se tourner vers l'intérieur de l'avant-poste qu'il venait de reprendre : un carnage. Un véritable carnage. Les dégâts étaient aussi bien matériels qu'humains, les pertes se comptant de manière équitable dans les deux camps. « Quel bordel... »

- Jonas ?! hurla-t-il en jetant un regard inquiet à la ronde. T'es où, cabron ?! J'te jure que si tu t'es fait tuer, je vais te chercher en enfer et je te bute moi-même !

- Et tu ferais comment, hein ? On est déjà en enfer...

Faisant volte-face, le meneur eut le loisir de voir son bras droit descendre d'un toit en se laissant glisser le long d'une échelle branlante. La lanière d'une mitraillette rejetée sur l'épaule, les cheveux en pétard et le débardeur en piètre état, Jonas Brown allait parfaitement bien. Au plus grand soulagement du latino, qui sentit un poids s'ôter de son estomac.

- Sacrer premier jour pour une reprise, hermano.

- M'en parle pas. Je regretterais presque les congés forcés que tu m'as octroyés...

D'autres pirates sortaient de leurs cachettes ou descendaient, tout comme Jonas, d'un toit ou l'autre qui leur avait servi de point stratégique. Certains étaient blessés. D'autres morts. Ces derniers étaient déjà en train de se faire transporter par leurs camarades encore en vie pour être chargés à l'arrière des pickups toujours en état de marche. Ils seraient ramenés au camp pour y être enterrés, comme le voulait leur tradition.

L'avant-poste ayant été occupé durant une semaine par les rebelles se rapprochait davantage d'un champ de ruines que d'un camp. Entre les véhicules carbonisés, les impacts de balles, le bâtiment en train de brûler... Dante s'arrêta sur ce dernier élément, battit des paupières au ralenti, avant de se remettre à crier, fou de rage :

- Nom de Dieu, mais c'est pas possible, ça ! Carlos ! Éteins cette merde avant que le feu se propage au reste de l'avant-poste !

- Oui, chef ! s'empressa de répondre l'interpellé.

Avec trois autres hommes, il se munit de seau et ensemble, ils foncèrent en direction de la plage située à deux pas de là. Avec un peu de chance, l'eau qu'ils ramèneraient avec leurs huit bras suffirait à venir à bout des flammes. Mais Dante en doutait. Ce camp était voué à disparaître...

Aller Simple en Enfer [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant