17. La pute du chef

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Lundi 08 février 2019 – 9h38 AM, Camp Principal.

- Dante Alvarez ! Ne t'avise pas de passer le pas de cette porte avant que j'ai eu le temps de te parler. Et ne pense même pas à faire comme si tu ne m'avais pas entendu, je sais que c'est faux !

L'interpellé s'arrêta alors qu'il s'apprêtait à franchir la grande porte menant à l'extérieur du camp en compagnie d'une dizaine de ses hommes. Un profond soupir lui échappa avant même que Jonas n'ait eu le temps de l'atteindre. Il savait parfaitement pourquoi il se trouvait là et il n'avait aucune envie d'avoir cette discussion maintenant.

Son ami arriva à sa hauteur et lui prit le bras pour le tirer à l'écart des oreilles indiscrètes. Ensuite, ils se jaugèrent d'un mauvais œil, attendant tous les deux que l'autre se décide à parler. C'est Jonas qui se lança finalement, le pointant d'un index accusateur :

- Tu m'avais promis, Dante. Tu avais promis qu'aujourd'hui, ce ne serait plus nécessaire que je reste ici ! Tu m'avais assuré que je pourrais enfin recommencer à me battre !

- Oui, eh bien j'ai changé d'avis ! Lucia est en liberté sur ce camp et j'ai besoin de quelqu'un pour la conduire d'un point A à un point B.

- Et je suis quoi, moi ?! Un chaperon ? Un putain de guide touristique ?!

- Tu ne peux en vouloir qu'à toi-même et ta boca grande, cabron ! Qu'est-ce que t'avais besoin de lui dire qu'Aaron avait demandé une aide ?!

- Elle avait besoin de sortir, Dante ! Elle pétait les plombs ! J'étais censé faire quoi ? La regarder dépérir vu que monsieur n'en a rien à foutre ?! Si t'en as rien à carrer de cette fille, c'est pas mon cas !

- Alors te plains pas de devoir la surveiller !

- Mais c'est TA pute ! Pas la mienne ! T'as qu'à la surveiller toi-même !

Les deux hommes restèrent surpris par ces phrases. Dante n'avait jamais entendu son camarade insulter une femme et le concerné n'en revenait pas d'avoir dit une telle chose. Une chose qu'il ne pensait pas le moins du monde. Il avait un réel attachement pour cette fille, mais était énervé à l'idée de se voir retenu ici juste pour s'en occuper. Lui aussi n'en pouvait plus d'être enfermé dans ce camp...

L'Hispanique posa une main apaisante sur la solide épaule du blond, qui lui lança un regard à la fois navré et honteux.

- Désolé, vieux... marmonna-t-il. Je voulais pas dire ça. C'est juste que...

- Je sais. Je sais, l'interrompit son ami. Et t'as raison. J'ai pas le droit de t'obliger à rester ici pour assumer mes conneries. Écoute, voilà ce que je te propose. Tu m'écoutes, hein ?

- Ouais, Dante. Je t'écoute.

- Bueno. Voilà ce que je te propose : tu lui montres le chemin entre la cuisine, l'entrepôt et mes appartements aujourd'hui et demain. Le troisième jour, tu la surveilleras de loin pour t'assurer qu'elle merde pas. Et si c'est concluant, le quatrième, tu reviendras buter du rebelle avec moi. Ça te semble ok ? Juste encore trois petites journées.

Jonas étudia la proposition, mécontent. Il aurait voulu retourner au front dès aujourd'hui. L'adrénaline lui manquait. Et puis, voir cette palissade le coupant de la jungle le rendait cinglé. Mais il ne pouvait pas refuser ça à Dante. Non seulement c'était son ami, mais aussi son chef. Ce dernier point rendait toute négociation impossible.

- Ok, soupira-t-il. Ok. Trois jours. Pas plus. Promis ?

- Tu as ma parole, Jo'. Merci.

- T'as intérêt à me payer une bière en rentrant ce soir, enfoiré.

Aller Simple en Enfer [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant