14. Retrouvailles douces/amères - part. 1

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Mardi 19 janvier 2019 – 4h53 PM, île centre.

- T'es certaine que c'est ici qu'ils comptent l'emmener ?

- Certaine. T'as entendu leur discussion, tout comme moi.

- Je sais, mais...

- Mais ?

- Mais c'est vide.

Les deux Américains analysèrent les lieux avec un regard critique. Effectivement, c'était vide. Pas un chat ne traînait aux environs. D'après les dires de la blonde, cet endroit était fréquemment utilisé par Dante comme point de rencontre pour fournir la « marchandise » à leurs acheteurs. Qu'elle soit de type armement, drogue ou... humaine.

Il est vrai que l'endroit était stratégique : à peine à cent mètres de la plage, la végétation offrait à ce qui ressemblait à une vieille cabane une couverture parfaite. Personne ne les voyait. Personne ne savait. L'échange était fait et chacun repartait de son côté. Fin de l'histoire.

- Ce connard a mentionné qui allait l'acheter ?

- Un Syrien. J'ai déjà entendu parler de lui quand j'occupais le Camp Principal. Un enfoiré aux déviances macabres. Dante le déteste. Mais il paye bien. Pas question de laisser cet enfoiré poser ses sales pattes sur Lucia...

La plus jeune des deux rebelles se laissa tomber sur une caisse traînant dans un coin et se mit à fixer le chemin depuis une strie entre deux lattes de bois pourries. Oliver resta à ses côtés pour l'observer, intrigué. Anissia Steeven's ne ressemblait en rien à ce que Lucia avait pu lui confier à son sujet. Il avait beau la côtoyer depuis une semaine désormais, il ne pouvait cesser de la regarder comme s'il avait à faire à un alien.

La disparue de 19ans arborait des cheveux blond cendré rassemblés en un épais chignon sur le sommet de son crâne. Ses yeux d'un bleu aussi pur que le cristal étaient perpétuellement animés d'une étincelle de détermination et de rage. Son expression demeurait impassible. Presque effrayante. Et lorsqu'elle souriait... ce n'était rien d'autre qu'un vague rictus à mi-chemin entre la moquerie et le dépit.

Avec son treillis, son débardeur vert sombre et ses épaisses chaussures de marche, on aurait dit une mercenaire. Diverses cicatrices et blessures, récentes ou anciennes, parsemaient son corps fin mais relativement tracé. La mitraillette qu'elle serrait entre ses petites mains paraissait presque démesurée pour une fille comme elle. Ou en tout cas, c'est ce que penserait Oliver s'il n'avait pas eu l'occasion de la voir s'en servir.

Anissia était une machine de guerre. Se baser sur son physique pour évaluer ses compétences en tant que guerrière aurait été une grossière erreur...

- Tu devrais t'asseoir aussi, Oli', lui conseilla la blonde en tournant son regard dans la direction de son camarade. On ignore l'heure à laquelle Dante compte débarquer.

- Non, ça va, déclina-t-il en raffermissant sa prise sur sa propre mitraillette. Je peux rester debout.

- Je t'ai déjà dit que c'était inutile de jouer les Mr. Muscle avec moi. Tu dois te ménager, point. Me fais pas regretter de t'avoir pris avec moi.

Oliver hésita, avant de céder et d'accepter de s'asseoir à ses côtés. Anissia lui accorda un sourire amical auquel il répondit, avant qu'ils ne se focalisent tous les deux sur l'interstice leur donnant une vue sur l'extérieur.

Le jeune homme avait frôlé la mort en sautant de cette falaise. Il était parvenu à atterrir entre les roches acérées tapissant la crique de l'île Nord, mais son flanc avait sérieusement été entaillé. Il avait dérivé, à demi conscient, jusque sur une plage de l'île centre.

Aller Simple en Enfer [T.1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant