Lundi 08 février 2019 – 11h22 AM, Cuch' Town.
Dante progressait sans se presser à travers les allées malfamées de ce petit coin de paradis nommé Cuch' Town. Cuch' était la contraction de Cuchitril, soit « taudis », en espagnol. Et ce qualificatif lui allait comme un gant ! Ses résidants étaient majoritairement des indigènes pervertis dans leur quotidien traditionnel par la brusque intrusion de Lungelo et ses hommes.
Comme son nom l'indiquait, Cuch' Town était un petit village rempli d'habitations sur pilotis délabrées faites de vieux bois mouillé et de morceaux de tôle. Les lieux étaient surpeuplés et contenaient, entre autres, un magasin d'armes de contrebande, un poissonnier n'ayant pratiquement pas de marchandise et un bar.
Mais l'attraction principale de ce bidonville était un bordel devant lequel s'alignaient une armée de filles en petites tenues, dont certaines ne devaient pas avoir plus de 13 ou 14ans. Défoncées à l'aide de diverses substances illicites, elles se mettaient en valeur dans l'espoir d'attirer un client qui aurait quelques pièces à dépenser. Leurs pupilles paraissaient sur le point d'exploser tant elles étaient dilatées.
Le chef des trafiquants n'appréciait pas cet endroit. Non seulement il méprisait sa population rocambolesque, mais en plus, Cuch' Town était connu pour être l'un des hauts lieux de la rébellion. Ici, débardeurs rouges et verts se côtoyaient dans l'indifférence la plus totale. C'était une zone neutre. Une zone où ils venaient se défoncer la tronche et baiser sans se soucier de la guerre les opposant.
Cependant, par le passé, Dante avait pour habitude de fréquenter assidûment ce charmant petit patelin. Pas plus tard qu'il y a six mois, on pouvait le voir déambuler dans ces ruelles avec six grammes dans chaque œil en beuglant une chanson espagnole que ses hommes reprenaient avec lui, tout aussi éméchés.
Jonas et Anissia l'accompagnaient durant ses opérations beuveries. Youssra aussi, quand elle n'avait pas trop de boulot à l'infirmerie. Mais depuis que l'Américaine était partie... il avait arrêté de faire la fête en dehors de son camp. C'était devenu trop dangereux d'être vulnérable loin des murs de sa base principale.
La mine assombrie par ces souvenirs pourtant joyeux, l'Hispanique arriva devant la porte en bois pourri du seul et unique bar du coin : « El Angel Caido ». Un nom inspirant taillé au couteau sur une statue grandeur nature de la Vierge Marie qui trônait juste à côté de l'entrée. Dante ignorait si le gérant était un croyant sincèrement stupide ou un athée ressentant une animosité toute particulière pour la religion catholique. Dans tous les cas, ça avait le don de le faire rire à chaque fois qu'il posait les yeux sur ce truc.
Il poussa la porte après avoir vérifié que son magnum était chargé et prit le soin de refermer dans son dos. Le hall était saturé de fumée de cigarette bon marché et une violente odeur de vomi lui agressa les narines. Il faisait horriblement sombre à cause du manque de fenêtre, mais le jeune homme put tout de même voir un type en train de cuver dans un coin, un filet de bave lui pendant du menton. Il portait un débardeur rouge. L'un de ses hommes, donc. Pas étonnant que ses avant-postes tombent comme des mouches...
Décidant de l'ignorer, Dante traça son chemin jusque dans la pièce principale, enjambant un autre homme qui gisait là dans son propre vomi. Il était probablement mort, mais comme il revêtait du vert, il n'en eut que faire. Ici, le fumet avait une autre odeur. Mélange subtil de tabac froid, d'alcool basse qualité et de sueur. Ça ne le changeait pas beaucoup de son propre camp.
Les yeux du pirate balayèrent les alentours. Trois néons de couleur mauve permettaient une meilleure luminosité, donnant une ambiance tamisée à la pièce. C'est ainsi qu'il repéra quatre hommes en train de jouer au poker. Deux rebelles et deux pirates. Ces derniers détournèrent rapidement le regard en voyant leur chef, frôlant l'infarctus. Mais Dante ne comptait pas leur chercher misère. Il n'était pas là pour ça.
VOUS LISEZ
Aller Simple en Enfer [T.1]
Romantizm"Tu peux courir autant que tu veux, querida. Jamais tu ne m'échapperas". Lucia Walton Marks avait toujours été une grande amatrice de sensations fortes. L'adrénaline était devenue une véritable drogue pour elle et ce depuis son plus jeune âge. Les f...