Chef ! Oui chef !

Chapitre 5

Li Ming-Hwa

La situation échappait à tout contrôle, à cause d'elle son frère allait perdre sa place. Elle s'en voulait tellement de l'avoir appelé la veille au soir.

Le supérieur de son frère, n'avait pas l'air d'avoir beaucoup de tact. Après tout il ne s'était pas caché de l'avoir vu nue, et il avait parlé ouvertement des bleus présents sur son corps. Personne autour d'elle ne savait, elle avait réussi à cacher cette situation aussi bien à ses amis proches qu'à ses professeurs.

Alors qu'un inconnu la prenne pour une femme battue, et le clame ouvertement, c'était si humiliant.

Mais il était HORS DE QUESTION qu'il s'en rende compte. Elle devait retourner la situation, mais le fait est qu'elle ne voyait pas comment. D'autant plus, qu'elle était désormais dans un monde militaire dont elle ignorait le fonctionnement.

Même si cet homme ne voulait pas de mal à son frère il serait sûrement obligé de faire un de ces rapports dont il avait parlé.

Bon sang réfléchis Ming-Hwa se sermonna-t-elle. A la tête qu'il faisait, son frère devait aussi être en train d'évaluer les différentes possibilités qui s'offraient à lui.

-J'ai fugué, dit-elle calmement, quand j'ai appelé Gae-beom hier soir j'étais déjà devant votre camp, je ne lui ai pas laissé le choix. Il ne pouvait pas me laisser seule dehors alors il m'a fait rentrer pour cette nuit seulement. Mais il semblerait que je me sois trompée de chambre. Je suis désolée monsieur, j'ai agi sans réfléchir et sans me rendre compte que je pourrais causer autant de problèmes à mon frère.

-As-tu un endroit où vivre ?

Elle ne s'attendait pas à une question de ce genre. Gae-Beom, réagit plus rapidement et répondit pour elle.

-Pas pour l'instant, dans deux mois elle aura une chambre universitaire, mais pour l'instant je dois lui trouver une pension.

-Une jeune fille seule dans une pension ?? Il n'y a pas de pensions pour filles dans les alentours. J'imagine que tu veux qu'elle reste à proximité.

-Oui.

-Si tu prends un appartement à ton nom et qu'il la recherche, il la trouvera rapidement.

-Je me suis dit la même chose.

Min-Min ne comprenait plus la discussion, est-ce que son frère avait réellement pu se confier à cet homme ? Etaient-ils si proches que ça ?

-Tu n'es plus seul dans ta chambre. Tu veux vraiment qu'elle reste ici ? C'est très dangereux.

-Dangereux pour moi. Au dehors c'est pour elle que c'est dangereux.

Il lui semblait que les deux jeunes hommes étaient en train de décider de sa vie pour elle. Mais elle n'allait pas se terrer ici, elle allait profiter de ses vacances pour travailler et sortir avec ses amis. Puis elle chercherait un appartement pour sa mère et elle, ainsi qu'un avocat pour s'occuper du divorce. Elle irait à l'université et rentrerait auprès de sa mère le soir. C'était son plan : depuis 2 ans elle travaillait tout en suivant les cours de son école préparatoire, et elle économisait pour payer le divorce et les premiers mois de loyer. Le temps que sa mère trouve un travail. Elles habiteraient une nouvelle ville et bientôt son père ne serait plus qu'un lointain et mauvais souvenir.

Elle sentait la révolte grandir en elle, essayant de rester calme elle attira l'attention de son frère en posant une main sur son bras.

-Gae-Beom, écoute-moi, je te remercie sincèrement pour tout ça mais c'est complétement fou. Trouve moi un moyen de sortir d'ici rapidement je ne te causerai pas plus de tracas rassure-toi. Je vais aller vivre chez mon amie Park Su-Na, je travaillerais et à la rentrée Maman viendra vivre avec moi, près de l'université. Je rentrerais tous les soirs je m'occuperai d'elle et elle pourra divorcer. Tout ira bien, je n'aurais pas dû t'appeler hier soir, je m'en veux terriblement. Je suis désolée de t'avoir causé des problèmes et à ton ami aussi. J'ai déjà mis assez de côté pour payer le divorce et deux mois de loyer. Tout ira bien je t'assure.

Gae-beom la laissa parler sans l'interrompre. Quand elle eut fini, il la prit par la main et la fit asseoir à côté de lui sur le lit.

-Min-Min, elle ne le quittera jamais. Tu le sais aussi bien que moi. Elle ne divorcera jamais non plus. Et si elle part avec toi, il ne faudra pas une semaine à notre père avant de frapper à ta porte.

-Mieux vaut que ce soit la porte...

-Min-Min arrête de plaisanter. Tu ne peux plus l'aider. On lui a tendu la main suffisamment souvent, l'a-t-elle fait pour nous ? Ne serait-ce qu'une seule fois ?

Une larme roula le long de la joue de la jeune femme. Elle prit une profonde inspiration, puis se leva.

-Et bien j'ai donc assez d'argent pour me prendre un appartement dès maintenant.

-Si tu loues cet été tu ne pourras pas prétendre à une chambre universitaire, pourras-tu suivre les cours tout en travaillant assez pour un loyer ?

-Mais...

-De toute façon il est hors de question que je te laisse seule pendant deux mois.

-Tu n'es pas sérieux, c'est de la folie je ne vais pas rester cloîtrée dans un placard de ton régiment jusqu'à la rentrée.

Le calme Sergent-chef Si-Jin intervient alors :

-Non tu ne seras pas cloîtrée, Gae-Beom m'a dit par le passé, qu'il aimerait te donner tous les outils pour t'en sortir toute seule dans ce monde. C'est le moment où jamais.

-Quoi ?

-Tu dormiras ici, je dormirais par terre, rassure-toi, quand nous aurons des moments de libre, que ce soit le jour où la nuit on t'entraîneras à la self-défense ainsi qu'à des bases d'arts martiaux. Dans la journée tu étudieras, tes droits en tant que citoyenne, femme. On te fournira ce dont tu auras besoin pour te distraire. Si on en a la possibilité on te fera sortir du camp une fois de temps en temps.

-Et vous dans tout ça, quand est-ce que vous vous reposez ?? Comment vous me trouverez de quoi manger ? Comment je me laverai ? C'est de la folie !...

-Ne t'inquiète pas de ça, occupe-toi seulement de mémoriser quelques règles simples : tu ne sors jamais seule, tu ne parles qu'à nous et personne d'autre, tu fais le moins de bruit possible et tu étudies sérieusement.

-Gae-Beom, dis-lui toi que c'est insensé ! Tu ne vas pas me laisser dormir seule avec un homme que je ne connais pas !

-Moi je le connais suffisamment pour ça, et puis tu l'as entendu, à ses yeux tu es une enfant !

-On verra s'il me considère toujours comme une enfant quand il devra aller m'acheter des tampons, grogna Min-Min.

Son frère s'étouffa tandis que Si-Jin éclata de rire. A ce moment le signal appelant les soldats au rassemblement se fit entendre. Les deux hommes se levèrent et Gae-Beom l'invita à patienter jusqu'à ce qu'ils reviennent avec de quoi manger. Puis il sortit de la pièce, Si-Jin lui emboîta le pas mais avant de refermer la porte il lança :

-Avant les tampons c'est un pyjama que je vais aller t'acheter, et il lui fit un clin d'œil qui la fit rougir jusqu'à la racine des cheveux.

Elle ne savait même pas si elle était énervée ouembarrassée, sûrement un peu des deux.