Chef ! Oui chef !

Chapitre 27

Li Ming-Hwa

-Par téléphone ? Tu romps par téléphone ??? J'espère que tu es conscient que si tu ne me le dis pas en face c'est parce que tu as peur de changer d'avis.

-...

Ma voix se brise dans un murmure :

-Si-Jin

-J'ai toujours été sincère avec toi Mina, mais aujourd'hui je me rends compte que notre histoire ne nous donnera pas plus que ce qu'on a là.

-Mais ce qu'on vit me convient très bien.

-Et quand tu voudras des enfants, tu auras perdu tout ce temps avec moi alors que tu aurais pu déjà rencontrer une personne stable. Quelqu'un qui pourra te donner tout ce que je ne peux t'offrir.

-Pourquoi tu dis ça ? comment tu peux dire qu'on perd notre temps ensemble !

-Je ne veux pas te blesser.

- « Ah bon ! Et tu penses sincèrement que ce que tu fais ne peux pas me blesser ! » Je m'énerve contre lui et continue : « et bien c'est raté !!! Je suis blessée et je vais souffrir un long moment avant d'aller mieux. Si tu penses que je vais pouvoir nous oublier en claquant des doigts c'est que tu ne dois pas m'aimer autant que je t'aime. Alors merci bien pour ces deux dernières années... Mais si tu savais que tu finirais par me quitter alors tu aurais mieux fait de t'abstenir de me faire croire que nous deux on peut tout affronter... Ce ne sont pas tes propres mots ?? »

-J'y ai cru, je voulais tellement y croire.

-On ne dirais pas !

-Je n'essayerai pas de te convaincre de mes sentiments pour toi, ça ne sert à rien et quand la colère sera retombée tu t'en rendras compte toi aussi.

-Tu peux attendre avant que ma colère retombe, je crois que je t'en voudrais jusqu'à la fin de mes jours. Tu es un lâche, et un égoïste ! Tu décides pour nous deux, alors très bien : c'est fini ! Mais je te jure que si nos chemins se recroisent tu le regretteras amèrement !

-Je te fais confiance pour ça.

-Alors adieu, et je te souhaite bien du bonheur pour ta « nouvelle » vie ! Je lui crachai cette dernière phrase alors que les larmes roulaient déjà sur mes joues, puis raccrochait.

Les jours qui suivirent je consultai désespérément mon téléphone dans l'espoir qu'il me rappelle. Je me retenais de lui écrire. Et pour lui dire quoi ? M'excuser ? L'insulter ? Lui dire que je l'aime ? Ça il le sait déjà et je sais bien que l'amour n'est pas le cœur du problème et que c'est bien ce qui rend la situation encore plus intolérable.

Quelque part je comprends ce qu'il peut ressentir. Et plus d'une fois je me suis aussi demandé où cette histoire nous mènerait, ce qu'on pourrait construire ensemble. Mais jamais je ne l'aurai quitté, pas tant que mon envie d'être auprès de lui était réelle.

Il doit se dire qu'il agit au mieux pour moi... Quelle noblesse ! Ça me rend encore plus furieuse, qui mieux que moi peut savoir ce qui sera dans mon intérêt !!

Alors je me jette à corps perdu dans mes études et le temps passe sans qu'il ne me donne de nouvelles. Six mois après cette conversation j'ai rassemblé toutes les lettres qu'il m'avait envoyé, les photos de nous, nos souvenirs, ses cadeaux, et j'ai tout mis dans une boîte. Boîte que j'ai précieusement conservée mais hors de portée pour ne pas succomber à l'envie de me perdre dans ses souvenirs.