Chapitre 33

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Capitaine Yo Si-Jin

Mais quel idiot je suis. J'aurais dû me douter que c'était le cabinet de Mina. Je pensais qu'il avait un contact qui lui avait été donné à titre personnel.

Quand je l'ai plaqué contre le mur, une certaine partie de mon anatomie l'a reconnue avant moi, puis son odeur et la chaleur de son corps, toutes ces sensations m'ont explosé au visage : c'était Mina.

Plus de trois années que je ne l'avais pas vu. Trois années et mon corps n'a rien oublié. Trois années et mon cœur bat toujours plus vite pour elle. Trois années et je ne peux pas m'empêcher de chercher son contact. J'aurais pu tout simplement lui dire de me suivre, plutôt que de lui attraper le bras. Comme si j'avais peur qu'elle disparaisse tout un coup.

Elle est concentrée, et fait preuve d'un sang froid impressionnant alors qu'elle recoud son frère après s'être assuré qu'aucun organe vital n'a été touché.

-Il faudra qu'il aille consulter. Et vite !

J'hoche la tête. Ma gorge est sèche. Elle n'a pas changé et en même temps elle est différente. Elle a plus d'assurance. Elle est toujours si belle. Je suis fier qu'elle se soit si bien défendue tout à l'heure.

Elle coupe le fil. Nettoie la plaie et pose un large pansement dessus.

Puis sa main et ses yeux parcourent le torse de son frère. Elle passe sur chacune de ses cicatrices. Et sa main tremble. Je me doute que sous son regard, ces marques sur le corps Gae-Beom racontent une histoire : une plaie au couteau : profonde et soignée dans des conditions précaires. Un éclat d'obus, non recousu qui laisse une boursouflure au niveau de son triceps. Un impact de balle et tellement d'autres plaies.

Je la laisse seule, j'ai vu une cafetière de l'autre côté. Je reviens lui déposer un café.

-Tu devrais aller te reposer, je vais rester près de lui.

-Je reste jusqu'à son réveil.

-On ne peut pas se permettre de rester là. S'il n'est pas réveillé à six heures je demanderai une extraction d'urgence.

Elle me lance un regard noir. Puis plonge le nez dans sa tasse de café brûlant.

Je prends un tabouret et m'assieds en face d'elle, de l'autre côté de Gae-Beom. Je ne sais pas quoi dire, je veux lui parler mais pour dire quoi ? C'était ma décision, je ne peux pas lui dire qu'elle m'a manqué. Je sens bien qu'elle est sur les nerfs et qu'un seul mot pourrais la faire exploser.

Elle m'en veut. Et d'un côté j'en suis heureux, si elle m'en veut c'est qu'elle regrette toujours, si elle regrette alors elle doit toujours m'aimer, ... non ?

Et ? Et si elle t'aime toujours tu fais quoi ?? On reprend notre histoire où elle s'est arrêtée quatre ans plus tôt ? Les choses n'ont pas changé, ce soir en est la meilleure preuve, je ne lui apporterai pas tout ce qu'elle mérite. Un soupir m'échappe malgré moi.

Elle relève la tête, me jette un regard indéchiffrable, elle qui n'avait pas de secrets pour moi, ça me met une claque. Elle quitte brusquement la pièce.

Je sais que je ne devrais pas mais je la suis.

Chef ! Oui chef !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant