Les sirènes auraient dû se mettre à sonner dès le premier instant, dès quand nos deux âmes perdues se sont croisées pour la première fois. Désormais, il est trop tard.
Toi et moi, ça ne devait jamais arriver.
On dit pourtant que le destin fait bie...
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<<On va vite le savoir.>>
***
Comment je suis arrivée au point où un mec que je connais depuis peu de temps squatte mon canapé pour me remonter le moral ? Je ne sais pas, mais c'est ce qui se passe actuellement. Après que le polonais m'ait dit qu'il ne pouvait pas réparer ma caisse car il lui fallait des nouvelles pièces sur commande, il s'est incrusté chez moi.
En réalité, il m'a demandé si ça ne me dérangeais pas, et j'ai répondu sans réfléchir. Donc on a finit par manger des frites devant un vieux film, dans le silence complet. Seuls nos respirations faisaient de l'animation dans mon petit salon.
Les lumières sont toutes éteintes et je suis en boule dans un coin, enroulée d'un plaid.
Quant à lui, ses jambes sont étirées sur la table basse et il passe sa main sur mon mollet de bas en hait, par-dessus le plaid. En temps normal, ça m'aurait énervée, mais là il n'y a même pas un peu de place dans mon cerveau pour que je pense à la chaleur de ses doigts sur ma jambe.
- Tu t'attendais à quoi en allant chez les hnouchs aussi ? me demande Mathieu.
Je lui lance un regard mauvais et blasé.
- Scuse.
- J'ai jamais raté une affaire, et là, on me retire la plus importante que j'ai eu et je ne peux rien dire. Je peux pas ouvrir ma gueule, je peux pas négocier, et on me refile un truc qui a tourné dans tout le 92. On dirait que j'étais, genre, Messi et qu'on me descend à un jouer de Poitiers.
Il souffle du nez face à ma comparaison, mais reprend son sérieux quand je me lève pour mettre ma tête juste à côté de sa cuisse, sans pour autant la toucher.
- Tu vois quand je vous aie interrogés ?
- Ouais, comment oublier...dit-il étouffé dans un rire discret.
- Tu m'as trouvé nulle ?
- Comment ça ?
- Est-ce que j'ai bien fait mon boulot ou pas ?
Je parais pathétique à lui demander ça, vraiment pathétique. Comme si j'avais besoin de son avis pour évaluer ma qualité de travail.
- Avec toutes les gardes à vus que j'ai eu, t'as été la meilleure de tous. Et j'en ai eu vraiment beaucoup beaucoup, et pas que dans Clamart.
Je me sens rassurée, alors que je ne devrais pas, mais c'est plus fort que moi. Ses mots me réconfortent.
- C'est pas parce qu'ils t'ont retiré une enquête que t'es nulle t'sais, joue pas à la conne.
