Chapitre 37.

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<<La douleur de la perdre

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<<La douleur de la perdre.>>

***

- Je te jure Zafia, je suis désolé. Je suis désolé, c'est à cause de moi. C'est ma faute. Je fais des efforts mais j'enchaine les échecs, je suis désolé. Tu mérites mieux que moi. 

- Tais toi, dis pas ça, disait-elle entre deux sanglots.

- Non, je dois dire la vérité pour une fois. J'ai été le pire des cons et-

- Mathieu, tu es la meilleure chose qui me soit arrivé dans la vie. Tu...tu m'as fait comprendre le sens de la vie, de ma vie. Par tes mots, par tes actions, par tes baisers. Je n'ai jamais été autant heureuse qu'avec toi. 

Je ne voulais pas détourner le regard de la route, mais l'eau salé continuait à embuer abondamment mes pupilles. Ce n'était pas à elle de se sacrifier pour moi. Ce n'était pas à elle de perdre son job pour que je puisse garder le mien. 

Ce n'était pas juste.

- Arrête toi à la prochaine air d'autoroute et je me rendrais. 

- C'est injuste. 

- Ce serait encore plus injuste d'impliquer ta famille alors qu'elle n'a rien à voir dans cette affaire. 

- Zafia...je peux pas te laisser. C'est pas à toi de payer, c'est pas à toi de faire ça. 

- Je suis née avec la faiblesse de tomber, mais aussi avec la force de me relever. Arrête-toi, c'est moi qui te le demande.

Les pneus freinèrent brusquement, mon corps bascula vers l'avant mais je ne comprenais plus rien. Mon cerveau de voulait plus traiter les informations dans l'ordre, il s'était éteint pour laisser place à mes pires ennemies, mes sentiments.

Je détacha ma ceinture pour pouvoir prendre possession de ses lèvres, tristement salées. Les gyrophares bleutés nous éclairaient durant ce baiser. 

Un baiser chaleureux, précipité et follement passionné à la fois. 

Un diamant me glissait des doigts, uniquement par ma faute. Elle a su faire ressembler l'amour à une sécurité, et plus à un danger. Peut-être que si j'avais été moins "moi", on ne serait pas à ce stade. On ne serait pas là, à s'échanger nos sentiments dans un baiser d'aurevoir, entourés de policiers. 

Sa vitre éclata sous le coup de la matraque d'un des bleus et celui-ci l'extirpa violemment du véhicule, la trainant au sol comme une pauvre bête. Ma tristesse s'estompait pour laisser s'intensifier ma haine, ma rage. Je sortis de l'habitacle pour m'avancer vers ce tyran, mais son collègue me retenait comme il le pouvait. 

Je criais, j'hurlais mon naufrage jusqu'à m'en enflammer les cordes vocales. 

Sans elle, j'allais redevenir un pirate sans boussole. 

Un roman sans récit. 

Une chanson sans paroles.

Un corps sans âme.

- Laissez là putain ! C'est moi ! C'est moi ! Lâchez là ! 

- Monsieur-

- Zafia ! 

Le moustachu la plaqua sur le capot de la voiture, ce qui accentua ma frustration. Je poussais les officiers, mais ils étaient bien trop nombreux pour que je puisse faire quelque chose. Elle me souriait, un sourire pur. Si pur qu'il cassa mon cœur une bonne fois pour toutes.

Je la voyais s'éloigner de moi au ralenti, c'était une torture. Un supplice de voir son visage rayonnant, alors qu'elle s'échappait de mon quotidien, de notre histoire à peine débutée.

Avant de monter dans la camionnette, Zafia plongea une dernière fois ses iris dans les miennes.

- Je t'aime, Mathieu.

Une goutte perla sur ma joue, roula lentement et se logea dans mon cou. Les miettes de mon organe vital s'envolèrent et le vide s'installa. Un vide opaque, épais, lourd.

Je pouvais le sentir s'immiscer dans ma cage thoracique, si facilement que s'en était odieusement insolent. 

- Je t'aime, dis-je en regardant la voiture partir en sens inverse, impuissant devant cette scène.

Les sirènes des trois voitures de police tournaient en boucle dans ma tête, elles bouchaient mes oreilles, me rendant fou à lier. Il ne restait plus que ce bruit aussi assourdissant qu'infernal. Tournoyant, s'agitant, virevoltant dans mon esprit. Les agents me poussaient à terre pour me menotter, mais je ne sentais plus qu'une chose.

La douleur de la perdre. 

Et c'est ce son, le son des sirènes, qui scella nos âmes à tout jamais. 


F I N

Sirènes // PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant