Prologue

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Six mois plus tôt

La journée avait pourtant bien commencé ! J'étais sortie du lit avant sept heures et j'avais même fait une petite séance de yoga.

Pourquoi tu m'infliges ça ? Tu détestes le yoga !

À peine mon petit-déjeuner engloutit, j'avais déjà le pied dans le métro, en route vers la galerie d'art pour laquelle j'étais community manager.

Un matin comme les autres pensais-je, jusqu'à ce que je rentre chez moi à la pause déj'.

-   La meilleure des Best Friend, j'écoute ! Se vantait Rita à l'autre bout du fil.

-   Je pense qu'il m'a quitté.

-   Tu me diras, je me plaignais tout le temps de ne pas avoir de place dans l'appartement, maintenant c'est réglé ! Ironisais-je puisqu'elle n'avait rien répondu.

Le sarcasme plutôt que de te laisser bouffer par une crise d'angoisse ! T'as raison.

-   T'as toujours eu un humour de merde ! Comment tu te sens ?

-   Mal... je pense. Je ne peux pas dire que je ne l'ai pas vu venir. Ça fait des mois qu'on se prend la tête à longueur de journée.

-   On sort boire un verre ce soir pour te changer les idées !

Je ne pouvais pas lui en vouloir d'essayer de m'éviter de sombrer en fin de journée.

-   Non, je peux pas ! Il y a une expo à la galerie.

-   C'était pas une question ! Mais tu me connais, mon petit cœur ne dit jamais non à une soirée champagne à volonté !

Qui se ressemble s'assemble, c'est pas ça le dicton ?

Ta gueule !

-   On est mercredi Riri ! Essayais-je de calmer ma meilleure amie. En plus, tu sais bien que c'est toujours pourri à la galerie.

-   Promis maman, je serai sage ! Je passe te prendre à 19h, ça te va ?

-   Nickel ! Soufflais-je par dépit.

Impossible pour moi de rester une minute de plus dans l'appartement à moitié vide, je quittais cet endroit maudit après avoir jeté un rapide coup d'œil aux affaires qu'il avait emporté avec lui.

Putain il s'est barré avec la Nespresso ! L'enfoiré.

***

-   C'est la livreuse de bonne humeur ! Chantonna ma meilleure amie à travers l'interphone.

-   C'est bon ! Je descends.

-   Dios míos ! T'es d'une humeur massacrante ! Tu vas faire fuir les beaux gosses de la soirée. Allez descends j'ai soif !

Pour changer !

-   Si tu arrêtais de parler, je serais déjà en bas !

En sortant de l'ascenseur, je la voyais se recoiffer à travers la porte vitrée. Elle était sublime.

Putain, elle s'est encore mis en bombe et toi tu ressembles à un sac à patate !

Mais ferme-la bordel !

-   Tu comptes pécho qui pimpée comme ça jeune fille ? La questionnais-je avec un sourire en coin.

-   Tu m'emmènes voir une expo, il doit bien avec des sugar daddy là-bas non ?

-   Si c'est un vieux qui ne sait plus quoi faire de son argent que tu recherches, on va au bon endroit ! Je peux dormir chez toi ce soir ?

Le regard vers le sol, je jouais avec mes doigts pour essayer de calmer mon stress, en attendant sa réponse.

-   T'as pas besoin de demander bébé, sourit-elle en mettant son bras autour de mes épaules, Mi casa es tu casa.

***

-   Hola, mi corazón ! S'égosilla Rita en ouvrant les rideaux de la chambre.

-   Putain Riri !

-   J'avais oublié que tu n'étais pas du matin, gloussa la belle espagnole à travers la pièce. J'ai fait du café, lève-toi !

-   Pourquoi on est allées au Georgina après l'expo déjà ?

Je sortais difficilement du lit et la rejoignais dans la cuisine afin de déguster ma boisson de prédilection qui fumait encore.

-   T'as du paracétamol ?

-   Il n'y avait pas de sugar daddy à l'expo, fallait bien compenser avec une caïpi !

Elle partit dans la salle de bain à la recherche du doliprane et revint quelques secondes plus tard avec le fameux médicament. Je l'avalais sans perdre de temps en priant pour qu'il fasse effet rapidement.

-   Il faut vraiment que j'arrête de te suivre, je dois être au bureau dans une heure et je suis encore bourrée.

-   Bois ton café et va prendre une douche, ça ira mieux après !

Mais comment elle fait pour être de bonne humeur tout le temps ?

Elle baise ! Faudrait peut-être y penser, ça fait combien de temps déjà ?

En route vers la galerie, mon cerveau menaçait de se faire la malle à chaque son qu'émettait ce taudis ambulant et l'odeur du métro me donnait la nausée.

Putain il faut que je sorte de là ! Respire Azel, respire, plus que trois arrêts.

Avant de m'installer devant l'ordinateur, je me servis un autre café en espérant qu'il m'aide à tenir jusqu'à midi. Je n'avais pas grand chose à faire d'important ce matin mais gueule de bois ne rimait pas vraiment avec productivité.

-   Les avis sont plutôt positifs pour l'expo de Gaspard ! M'apostrapha mon collègue. Tu nous rejoins en réunion pour le débrief d'hier ?

-   Oui, j'arrive dans cinq minutes.

En fin de matinée ma tête allait mieux mais je sentais une angoisse arriver à l'idée de me rendre à mon appartement. Je devais l'appeler, on ne pouvait pas se quitter sans un mot.

Toi qui voulait un mot, t'en as eu un !

-   Mais quel enfoiré ! M'esclaffais-je en le lisant.

"J'ai appelé la propriétaire pour lui dire que je quittais le bail. Elle m'a dit que si tu n'avais pas de garant pour l'appartement, elle serait obligée de te demander de partir. Elle t'appelle dans la semaine"

Elle va te foutre à la porte ! T'es. Dans. La. Merde.

Non ? Sans blague !

J'imaginais déjà ma mère me faire la morale et me rabâcher qu'il ne fallait pas faire confiance aux hommes. J'appelais Rita complètement paniquée par la situation en quête de réconfort.

-   Riri, je... Je suis dans la merde ! Bredouillais-je en faisant les cent pas. Il a quitté le bail et ma... Ma proprio veut un garant sinon elle me fout dehors !

J'essayais de contenir les larmes qui menaçaient de dévaler mes joues.

-   Je vais lui couper les cojones à ce connard ! Appelle ta proprio, dis-lui que tu quittes l'appartement toi aussi et viens vivre avec moi ! On videra mon dressing pour t'en faire une petite chambre.

-   T'es ma sauveuse !

-   Appelle-moi Wonder Woman !

CHAOS MAKES THE MUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant