Quelques jours plus tard,
- Arrête tes bêtises Azel s'il-te-plait ! Râla mon amie. Joder ! Mais tu te rends compte de la connerie que tu me sors là ?
Attablée dans un tea room parisien, je supportais pour la quatrième fois, depuis que j'étais rentrée de mon week-end en Sicile, la crise de Rita concernant la proposition d'Ezio. Elle me rabâchait combien j'étais complètement inconsciente, bien que je n'avais encore pris aucune décision, que je ne savais rien de cet homme et de sa vie. En bref, elle se prenait pour ma mère.
- C'est bon Riri, je te l'ai déjà répété une centaine de fois. Je trouve ça trop rapide, donc arrête de t'inquiéter.
J'espérais que cette fois-ci elle comprenait. J'adorais passer du temps avec ce bel italien mais cette proposition m'avait tout autant surprise qu'elle. Même si, l'idée de commencer une nouvelle vie, loin de Paris, me tentait bien, je n'avais pas prévu de quitter la ville lumière si rapidement.
- Azel, je te connais ! Tu as déjà planifié tout ton avenir là-bas.
- Allez stop ! J'en ai marre, grognais-je. Laisse-moi manger mon cheesecake tranquille.
- Va en Sicile tous les week-ends si ça te chante ! Continua-t-elle malgré mes protestations. De toute manière, on a bien vu qu'il était blindé, il peut te payer tes allers-retours sans problème.
Je soufflais face à son récit qui ne changeait en rien avec celui que j'avais eu la veille et celui de la journée d'avant.
- Mais ne part pas vivre là-bas. Ce n'est pas une bonne idée.
Elle s'obstinait à me faire comprendre que je ferai la plus grosse erreur de ma vie en partant, alors que moi, je voulais simplement manger cette magnifique part de gâteau au citron et boire mon café latté en paix.
- Écoute Rita, je t'aime de tout mon coeur, mais si j'ai envie de quitter mon travail pour aller vivre à Palerme, je le ferai. Je n'en pouvais plus de ses remarques, il fallait qu'elle cesse. Et ça, quoi que tu puisses en penser.
De son point de vue, c'était la goutte de trop, elle se leva et partit du salon de thé. Elle surréagissait, je n'avais plus dix-huit ans, je ne comprenais pas pourquoi elle se mettait dans un état pareil d'autant plus que je n'avais même pas envisagé de quitter la France. Mais, telle une enfant, à force de me répéter de ne pas le faire, j'en avais envie.
C'était donc seule à cette table que je faisais la liste des pour et des contre afin de prendre la meilleure décision de ma vie. Devais-je risquer le tout pour le tout et partir vivre d'amour et d'eau fraîche aux côtés de ce grand brun tatoué à la peau dorée par le soleil.
D'amour et d'eau fraîche laisse-moi rire...
Ou plutôt garder les pieds sur terre car cette relation était vouée à l'échec. J'avais vingt-cinq ans, lui dix de plus. Je n'étais que la community manager d'une toute petite galerie d'art parisienne alors qu'il était le PDG d'une société d'événementiel reconnue dans son pays. Il était beau et riche alors que de mon côté, j'avais des kilos en trop et je vivais dans l'ancien dressing de ma meilleure amie puisque je n'étais pas capable de louer un appartement par mes propres moyens.
Plus j'y pensais et plus je me rendais compte que cette liaison était ridicule, mais qu'est-ce qu'il pouvait bien me trouver ? Et c'est ainsi qu'en l'espace d'un quart d'heure j'avais réussi à me miner le moral pour le reste de la journée en remettant toute ma vie en question.
- Je suis désolée Riri, t'as raison c'est la pire idée d'aller vivre en Sicile. Cette relation ne mènera nul part de toute manière répondis-je avec mélancolie à mon amie qui venait de m'appeler.
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CHAOS MAKES THE MUSE
RomansaUne mère impulsive et un père aux abonnés absents c'est ce cocktail molotov qui a poussé Azel dans les bras d'un ami à l'aube de sa quinzième année. Seulement voilà, dix ans plus tard le conte de fée est vite rattrapé par la dure réalité de la vie...