CHAOS MAKES THE MUSE

Last day in paradise

Jour du départ

"Into it" de Chase Atlantic résonnait à fond depuis la cuisine alors que j'étais en train de faire ma valise à l'étage. Je me déhanchais entre deux pliages sur la voix enivrante de Mitchel Cave. Il était onze heures et demi, nous devions rendre le logement au plus tard à quatorze heures et notre vol était à vingt heures trente ce soir. Le programme de la journée était tout trouvé ! Faire nos bagages, ranger et nettoyer l'appartement et enfin chiller le reste de l'après-midi à la plage avec les garçons. Et puisqu'on ne se voyait pas passer la journée avec nos valises, on avait réussi à négocier avec le gérant du beach club pour qu'il garde nos affaires le temps de se rendre à l'aéroport.

Mon bel italien nous avait invité à bruncher tous les quatre pour clôturer les vacances en beauté. Le rendez-vous était donné à treize heures, j'avais donc une heure et demi devant moi pour terminer tout ce que j'avais à faire.

-   On n'aura même pas tester le jacuzzi ! Disais-je à Rita en passant devant le bain à remous pour rejoindre nos amants.

-   Parle pour toi ! Me répondit-elle en jouant des sourcils.

Finalement, j'étais contente de ne pas l'avoir utilisé. Je n'avais aucun souci avec le sexe mais penser au fait que j'aurai pu me baigner dans la même eau que celle où ils avait baisé, très peu pour moi.

Habitués à notre quart d'heure de retard, les deux hommes avaient déjà commandé les boissons. Sans plus attendre, nous trinquions aux vacances passées en leur compagnie. J'avais un petit pincement au cœur, comment était-il possible de s'attacher à des personnes si vite ?

Alors que nous dégustions les mets du brunch, Livio enchaînait blagues sur blagues, plus drôles les unes que les autres, nos rires étaient francs et sincères. Si vous nous regardiez de plus loin, on pourrait presque croire que nous étions des amis de longue date. La chaleur de la main d'Ezio sur ma cuisse m'arrachait quelques frissons discrets, j'étais à deux doigts d'appeler mon boss pour gratter une semaine de vacances supplémentaire. L'expression "toutes les bonnes choses ont une fin" n'avait jamais eu un aussi mauvais goût, je ne voulais pas que ça se termine. Je m'en voulais de ne pas avoir accepté ses avances dès notre rencontre, on aurait eu la chance de plus en profiter. Si j'avais eu confiance en moi comme Rita avait confiance en elle, je lui aurais sauté dessus dès le premier soir. Mais j'avais besoin de le connaître un minimum avant de coucher avec lui.

Arrête de te comparer et profites des dernières heures !

Pour une fois que j'étais d'accord avec ma conscience, je l'écoutais et proposais à Ezio d'aller passer les quelques heures qu'il nous restait sur un des doubles transats de la plage. Comme à son habitude, le beau brun prit les devants, il attrapa ma main pour m'emmener au bord de l'eau. Installé sur le dos, je m'allongeais à ses côtés, la tête sur son torse. Ses gestes étaient si doux, il me caressait le dos et m'embrassait tendrement le haut de la tête. J'étais au paradis pour les trois prochaines heures encore, alors je priais intérieurement pour que celles-ci passent le plus lentement possible. Nous étions silencieux, enlacés dans les bras l'un de l'autre. Les battements de son cœur et le bruit des vagues me mettaient dans un état second. J'aimais où je me trouvais mais je me détestais d'éprouver des sentiments intenses si rapidement.

-   Je t'entends penser d'ici, murmura-t-il contre mon crâne en resserrant sa prise autour de ma taille.

-   C'est plus fort que moi, lui avouais-je en relevant la tête pour le regarder. Je suis bien ici, avec toi, je ne veux plus partir.

-   Tu pourras revenir me voir quand tu veux Love.

Ses mots arrivaient toujours à me rassurer, peut-être que c'était des paroles en l'air pour ne pas gâcher les derniers moments ensemble, mais je voulais y croire. Il me repoussa légèrement pour se mettre au-dessus de moi et m'embrassa avec tendresse, une main contre ma carotide il devait sans doute ressentir la vitesse à laquelle battait mon cœur en ce moment.