Moi et les trucs pas nets

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Bon.
On va pas se mentir, j'ai tendance à être méfiant. Surtout quand des trucs chelous et inexplicables se passent dans mon quartier, pour ne pas ainsi dire en bas de chez moi. C'est pas que je tienne à être absolument la seule source de trucs chelous et inexplicables en ville, mais il y a quand même des "trucs" qui me rendent nerveux.


Déjà, je les avais repérées depuis quelques jours, ces affichettes minables collées avec du scotch pérave un peu partout. Forcément au début j'ai cru que c'était encore une connerie d'artistes engagés qui voulaient faire passer un message comme quoi le consumérisme, c'est mal ou la pollution, c'est nul ou le capitalisme, c'est caca.


Moi les connards qui veulent éveiller les consciences, dans l'absolu, j'ai rien contre. Au contraire, même. S'il y avait plus de gens éveillés et un peu moins stupides, je n'aurai pas tant de boulot à liquider les abrutis et faire de cette planète un endroit un peu mieux vivable pour moi. Mais là n'est pas la question.


Donc.Il y avait ces affiches un peu crades avec un message cryptique à souhait et cette drôle de tête de tronc imprimés dessus. Non pas que ça foutait les jetons en soi (c'était vraiment trop moche pour être flippant), mais au bout d'un moment, j'ai remarqué qu'elles étaient toutes placardées à proximité d'endroits bizarre. Vous savez : le genre d'endroit auxquels on prêtent pas vraiment attention jusqu'au jour où on s'aperçoit qu'ils sont pas nets. Genre les ruines de la brasserie désaffectée, l'entrée des backrooms du coin, les vieilles cabines de pissotières aux murs condamnés, les abribus cramés depuis 1989 (et qui n'ont jamais été abattus), le terrain vague avec les carcasses de Peugeot 405, le vieux tunnel sous la voie ferrée qui pue la pisse, les bendo, squats et autres shootrooms notoires.


C'est plus la récurrence de l'image qui a commencé à me filer une drôle de sensation. Un peu comme si un truc pourri grossissait et finissait par grouiller un peu partout dans le patelin. Jusqu'à chez moi.


Quand j'ai vu ce matin, genre très tôt, quand je suis allé relever le courrier de la semaine, une de ses affiches agrafée sur le poteau électrique entre la clôture de chez moi et la clôtures de mes enfoirés de voisins, j'ai littéralement pété un câble. J'ai arraché l'affiche, déchiré et roulé en boule et l'ai fourré dans la boîte à lettre de mon voisin. Si ça se trouve c'est un truc de sataniste ou de secte ou de psychopathe ou de chauffeur de bus nazi. Je veux pas en savoir plus.


Mais

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Mais. Mais l'histoire ne s'arrête pas là.


Le type au masque ringard dessiné sur l'affiche. Je crois que je l'ai vu traîner dans le parc en bas de la rue, juste après avoir mis mes déchets dans la boîte aux lettres du voisin.Je n'étais pas sûr de moi. Dans le sens où je n'étais pas sûr d'en avoir le coeur net. Et puis je me suis dit que j'étais quand même un putain de super-héros avec des pouvoirs et tout. Que si quelqu'un devait avoir peur, ce ne devait sûrement pas être moi. Si le mec avec sa dégaine de malsain cherchait à s'en prendre à moi, il irait retrouver Pierre, Paul, Jacques en orbite bien au frais avec les trouducs de son espèce. J'étais un peu rassuré.


Je me suis donc mis à le suivre entre les buissons dans le parc. Des fois il se retournait dans ma direction quand je marchais sur une brindille cassante ou quand je me prenais les pieds dans une canette ou une seringue de drogué. Je me planquai alors derrière l'arbre le plus proche. Bon. J'ai vite été grillé parce que le mec chelou est resté un bon moment à regarder l'arbre avec moi mal planqué derrière. Je le sais : je voyais ses yeux qui regardaient dans les miens. S'il y a un truc que j'ai appris des documentaires animaliers, c'est que si la proie voit les yeux du prédateur, c'est que l'autre en face la voit aussi.


En l'occurrence, j'ai décidé que ça serait moi le prédateur de cette affaire. Ca tombait bien, j'avais envie de me battre (ou en tout cas de dérouiller un glandu). Je suis donc sorti de derrière mon arbre et j'ai avancé vers lui. C'est à ce moment là que je me suis rendu compte que j'étais encore en pyjama et en peignoir et en chaussons. D'un autre côté, samedi matin, sept heures du mat' : tout le quartier sort comme ça pour aller faire pisser le chien ou relever le courrier de la semaine.


Le gars a. Bordel. Il n'y avait pas de gars. J'ai dû détourner le regard à un moment pour refaire le noeud de mon peignoir ou je sais pas quoi. Le type avait disparu. Je me suis approché de l'endroit où il se tenait deux secondes avant. Et sur le tronc d'arbre le plus proche, j'ai vu ça.Je ne sais putain de pas quoi penser de tout ce bordel.


C'est juste. Pas net.   


DXB1Y08 - Old One Omen

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DXB1Y08 - Old One Omen



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