Moi et les fêtes de Noël

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Bon Dieu ce que je déteste ma famille.

Je les hais tous !

Tous autant qu'ils sont !

Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, c'est pitoyable. Leur comportement est intolérable, leurs remarques sont insoutenables, leurs propos soit incohérents soit dénués de tout sens critique, ce qui veut dire pratiquement la même chose ! Dès que je pense à eux, ça me rend dingue, j'en fais des répétitions, des complexions, des périssologies... ah ! Je les déteste !

Je crois bien que je les tuerai tous un jour. Quand le moment sera venu pour moi de fuir, de quitter ma vie pour partir loin et me cacher, je pense que je prendrai tout de même le temps de les massacrer un par un avant. Juste par principe.

Déjà mon père et ma mère sont des gros cons. Mais ça c'est pas nouveau. À la limite j'arrive à peu près à gérer le stress qu'ils font naître en moi à chaque fois que je dois leur rendre visite.

Ma frangine, c'est à peine mieux. Pendant très longtemps elle était mourante du cancer de la chatte et en vérité, j'étais persuadé qu'elle allait mourir ou qu'elle était dans le coma. C'était très bien. Je ne la voyais jamais et c'était un peu comme si elle n'existait déjà plus. Mais il a fallu qu'elle guérisse et qu'elle trouve l'illumination. Depuis qu'elle est tirée d'affaire, elle est persuadée qu'un lien fraternel lie nos deux destinées et qu'on va devenir les meilleurs amis du monde. Pauvre cruche !

Les oncles et tantes : ils sont en dessous de tout. Je ne comprends pas. Je ne comprends sincèrement pas comment on peut être idiots à ce point. À leurs places, des gens normaux se seraient déjà étripés mutuellement depuis longtemps.

Mes cousins et cousines : c'est pas mieux.

Mais les pires de tous, ceux qui surpassent de loin toute cette engeance de dégénérés, ce sont les grands-parents maternels.

Quand je parle de ma famille, je veux parler en réalité de la famille de ma mère. Du côté de mon père, tout est à son image : nul et inexistant. Mon père est le dernier représentant d'une lignée d'enfants uniques. Ses parents sont morts. Il n'a ni oncle, ni tante, ni frère, ni soeur, ni cousins-cousines. Je lui en veux énormément d'avoir mis un terme à cette tradition ancestrale. C'est à cause de lui si j'ai une frangine. Je sais que c'est lui qui a voulu un deuxième enfant. Soit disant parce qu'il a grandi seul et qu'il aurait voulu avoir des petits frères et des petites soeurs. Gros naze !

Du côté de ma mère, il y a par contre une toute autre tradition. Dans les gènes de cette dynastie de charognards, il y a plusieurs trucs qui ne tournent pas ronds. Ils croissent et ils se multiplient depuis la Nuit des Temps. Le clan remonte aux premiers chevaliers des Rois de Navarre – je ne sais foutrement pas ce que ça veut dire, mais ils se gargarisent tout le temps avec cette référence moisie. Depuis plus d'un millénaire ils sont fervents catholiques, se multiplient comme des lapins – avec parfois des portées de trois ou quatre d'un coup – et se battent à chaque génération pour l'héritage à la mort de chaque couple dominant de patriarches.

Depuis plus de quarante ans désormais, le couple de dominants actuellement au pouvoir, ce sont mes grands parents. Ils sont increvables. Ils ont quatre-vingt-neuf ans tous les deux, toute leur tête, une santé de fer et se sont de véritables pourritures.

Déjà tout petit j'avais compris qu'ils n'étaient pas normaux. D'habitude les grands-parents ça sert à offrir des cadeaux à Noël, des gourmettes aux baptêmes et des montres aux communions. Mais ces deux là, c'est insensé comme ils sont pervers.

Pour Noël, quand toute la famille se retrouve au Chastel pour célébrer la naissance du petit Jésus – et jamais, ô grand jamais, l'avènement du Père Noël – la première étape consiste pour tous les gosses en âge d'être scolarisés – de la maternelle au doctorat – à présenter leur bulletin de notes. Je ne connais rien de plus humiliant, surtout lorsqu'on est majeur et étudiant à la fac. C'est insoutenable et ça dure des plombes.

Super Vilain ~ version WPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant