Un autre fanart d'un très grand ami qui me fait l'honneur de ce chapitre alternatif ^^
Cette fois-ci, c'est @Kealcym qui nous régale de sa vision de Jason, l'un des quatre amis de fac de Didier. Alors : y aura-t-il de l'andouillette et une pêche Melba au menu du Buffalo Grill ? Chico et Roberta feront-ils une balade à cheval sur la plage ? Y aura-t-il plus de bières ou plus de meufs dans ce chapitre ? Autant de mystères qui vont être dévoilés tout de suite !
Nous étions le dernier vendredi du mois. Il s'agissait d'une journée importante : la sortie mensuelle au Buffalo Grill avec les vieux copains de la fac. Il y a des routines qui font figure de tâches abrutissantes dont on se passerait volontiers et il y a celles que l'on attend avec une impatience croissante.
Dans le cadre de mon travail de contrôleur aérien, je subis une pression psychologique énorme. J'ai beau rester assis sur une chaise des heures durant à fixer des écrans, la moindre erreur de ma part occasionnerait des centaines de pertes humaines – et des centaines de millions d'euros de pertes pour l'entreprise rappelait discrètement mon directeur de service. À l'approche des fêtes ou des vacances d'été, le trafic aérien gonflait au point que nous devions atteindre des niveaux de vigilances épuisants.
Mes cinq enfants et ma femme sont ma source principale de réconfort, et Dieu sait que sans eux j'aurais craqué depuis longtemps ; mais je devais reconnaître que le quintette que nous formions avec Jean-Manu, François-Xavier, David et Didier me permettait de décompresser. Le lundi qui suivait notre repas hiératique, je retournais dans la tour de contrôle empli d'énergie et ressourcé.
David, malgré un manque flagrant d'ambition – sûrement dû au fait qu'il eut assez peu confiance en lui –, avait le don de nous faire rire par ses histoires rocambolesques que nous savions fausses. Le préparateur en pharmacie mythomane aimait réécrire son passé et même s'inventer un futur. S'il avait fallu le croire, l'ami David serait sorti avec autant de femmes qu'il y a d'habitants à Angevillers.
Si David s'inventait une vie, c'était peut-être pour rivaliser avec le vrai séducteur de la bande : François-Xavier. Avec son physique de chargé de travaux dirigés avenant il « serrait toutes les bonasses attirées par des hommes plus expérimentés », pour reprendre ses mots. De loin le plus vieil étudiant de l'UFR, il fallait reconnaître que la différence d'âge était flagrante quand il se pavanait en compagnie d'une nouvelle première année. Lorsque François-Xavier se vantait d'un plan à trois fomenté par des jumelles au dernier étage en travaux pendant la pause déjeuner, personne ne doutait de la véracité de l'acte.
La vie sexuelle de François-Xavier était celle que nous rêvions d'avoir. Néanmoins, compte tenu qu'aucun de nous n'était assez bon menteur ou filou – pour reprendre l'épithète de ma mère à propos de ce genre de mauvais garçons – nous ne parvenions pas à de telles fins. Moi, on m'avait toujours appris à respecter les femmes et à ne pas les regarder comme étant des objets de convoitise. Elles ne devaient pas être des conquêtes à enchaîner. J'étais du genre romantique à l'époque, je cherchai « la bonne ». Il est vrai que je l'ai trouvée. Mais alors pourquoi dans un des sombres recoins de mon esprit un regret se fait sentir ? Pourquoi m'arrive-t-il d'être faible au point de désirer la femme d'un autre ?
J'envie Didier, et la main-mise qu'il a continuellement apporté à sa vie. Je pensais la mienne complètement maîtrisée puisque je faisais mon job de rêve, que je gagnais bien ma vie, que j'avais construit ma famille. Toutefois, je ressassai mes souvenirs et tentai de les voir sous un autre angle. Aucun de mes cinq enfants n'était désiré. Ils sont là et je les aime profondément, cependant, cinq c'est trop.
Pour le premier, le préservatif avait craqué. Les deux suivants, Marie-Christine – ma femme –, avait arrêté de prendre la pilule. Au moment du quatrième je m'étais remis à la capote ce qui n'empêcha pas un nouveau craquage – David, malgré sa qualité de préparateur en pharmacie, était un piètre conseiller ; François-Xavier me dégota une marque adaptée à ma physionomie. Pour le cinquième je me réveillai en pleine nuit réveillé par l'orgasme de Marie-Christine – ainsi que le mien –, à califourchon sur moi. À la vue de son regard brûlant de satisfaction et son sourire en coin, je sus qu'elle ne s'arrêterait pas là.
Ma trop grande fertilité me jouant des tours ingrats, je me mis à la contraception masculine thermique. Le port d'un sous-vêtement particulier me remontait les testicules et les réchauffait de 2°C afin de baisser la production de spermatozoïdes. L'inconvénient de devoir porter le boxer pendant au moins quinze heures par jour valait le service que je me rendais. D'autant que ma descendance était déjà assurée.
Si Didier se faisait discret, cela ne signifiait pas que sa vie était monotone. À titre personnel, je ne me vante pas quand je sauve la vie de deux-cent-trente-trois passagers grâce à mon calme rassurant et ma connaissance pointue en aéronautique. Tout le monde ne ressent pas le besoin d'étaler ses prouesses de gymnaste de la bite ou sa prodigieuse mutation sur la formidable ligne 23 – qui est, je dois le reconnaître, la meilleure ligne bus avec la 2 et la 15. Par comparaison, Marie-Christine faisait très sage aussi. Je fus surpris lorsque je découvris que son appétit sexuel battait le mien à plate couture. Le monde patriarcal dans lequel nous vivons cache un certain nombre de choses aux jeunes hommes, des choses évidentes. Par exemple que les femmes ne sont pas différentes. Eh oui.
Didier donc, sous ses airs d'ami loyal qui ne perd jamais son sang froid et qui ne hausse pas le ton, doit cacher des compétences insoupçonnées. Soi un talent d'artiste, peintre ou écrivain, soi de larges réserves empathiques. Peut-être faisait-il de l'humanitaire, ce qui expliquerait ses absences régulières, de même que ses indisponibilités. Ou alors il faisait de la pétanque. Souvent, j'essayais de l'apercevoir lorsque les compétitions de boules étaient retransmises à la télévision, sans succès. Didier évitait toute sorte de projecteur, que ce soit les « gamelles » ou qu'on lui accorde une trop grande attention.
À la fac, j'avais voulu faire de Didier mon meilleur ami. Il nous arrivait de discuter météorologie, force des vents, aérodynamisme ; des sujets qui me passionnaient. Certes son intérêt n'était pas porté sur les appareils eux-mêmes, plutôt sur les mécanismes de portance et des effets de l'accélération sur le corps, ce qui ne m'empêcha pas de m'emballer rapidement et de l'inviter chez moi pour jouer à Flight Simulator ou écouter la tour de contrôle grâce à mon émetteur-récepteur CB obtenu à Noël cinq ans auparavant.
Didier déclina l'offre, puis repoussa l'essentiel de mes approches – amicales – suivantes. Petit à petit je me fis une raison et compris qu'il resterait inaccessible. Dans le groupe, malgré les qualités secrètes que je lui soupçonnais et son charisme enfoui, il ne prenait pas d'initiative. Lui et Jean-Manu étaient des suiveurs, tandis que F.-X et David jouaient à celui qui avait l'idée la plus stupide.
Didier observait. Didier obtempérait.
Mes neurones firent des connexion à toutes vitesses quand le point indiquant un vol de la Malaysia Airlines disparut.
Pourquoi ce dernier vendredi du mois au Buffalo Grill, après une tradition bien ancrée, Didier avait commandé un hachis parmentier ? Sa dent seule n'expliquait pas ce revirement brutal du choix du menu. À bien y réfléchir, la scène paraissait grotesque, or Didier employait son smartphone davantage que d'ordinaire, lui qui évitait les dernières technologies.
Didier voyait-il quelqu'un ?
Didier avait-il un autre groupe d'amis ?
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Super Vilain ~ version WP
ParanormalneJe m'appelle Didier. Je suis un surhomme. Dans la vraie vie d'un super-vilain, le plus difficile n'est pas d'échapper aux héros ou aux flics. Mais plutôt de faire face au quotidien. Didier a des pouvoirs d'une puissance terrifiante. Hélas pour lui...