chapitre 4

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⠀| 3 juillet 2005

Cohabiter avec Ran et Rindo n'était pas bien difficile, bien que, pour Asuga, cette cohabitation relevait en vérité plus d'une prise d'otage que d'un choix. Elle avait bien gagné la confiance de la part de leurs subordonnés en rendant au Shirohebi l'homme qu'elle avait passé à tabac dans un bien sale état, mais ils n'étaient tous qu'une foule facile à amadouer. Eux deux avaient compris que cela ne représentait pas grand chose, si ce n'était la violence dont Asuga pouvait faire preuve et l'amusement qu'elle en tirait. C'est pourquoi ils la gardaient sous leur propre toit, comme une barrière dressée entre le Shirohebi et elle afin que les deux ne se retrouvent plus sans passer par eux d'abord. Et cette manière de fonctionner ne déplaisait pas à la jeune femme qui n'aurait jamais eu de quoi se loger toute seule dans ce quartier qu'elle connaissait à peine.

Personne ne venait jamais jusqu'à leur résidence personnelle. Ce qui était plutôt intelligent, puisqu'ils régnaient par la crainte et non pas parce qu'ils avaient été choisis par la délinquance locale - bien qu'aujourd'hui, personne dans Roppongi n'aurait osé demander à ce qu'on les remplace - et que beaucoup de gangs alentours enviaient cette montée au pouvoir si rapide. Tadashi Yano n'était pas le premier à chercher à se l'approprier. Cette sécurité optimale les forçait donc à se déplacer pour régler chaque problème que leurs gars ne parvenaient pas à régler eux-mêmes, et cela ne semblait pas les déranger. Tout comme traîner Asuga derrière eux ne les dérangeait pas. Peut-être était-ce même un bon exemple ; si vous changiez de camp pour les rejoindre, ils vous avaient personnellement à l'œil pendant un long, long moment.

Pourtant, quelques jours après son arrivée dans Roppongi, Asuga fut surprise de se réveiller en la présence d'un seul des deux frères, qu'elle aperçut installé au comptoir de la cuisine, depuis le canapé où elle passait ses nuits. Comme tous les soirs, ils étaient tous les trois sortis la veille et étaient rentrés tard, mais elle ne se rappelait pas avoir vu Ran ressortir seul. De ce qu'elle avait observé, il était pourtant du genre très attaché à ses heures de sommeil.

— Il est où ton frangin ?

— Aucune idée, répondit passivement Rindo sans relever les yeux de la console de jeux sur laquelle il était concentré. Et si c'est ce qu'il fait que tu te demandes, compte pas sur moi pour te faire un dessin.

À vrai dire, Asuga se fichait pas mal de ce qu'il faisait ou de l'endroit où il se trouvait. Tout ce qu'elle remarquait, c'était qu'il l'avait laissée seule avec son cadet alors qu'ils n'étaient pas censés lui faire confiance. Dans le dos de Rindo, faisant mine de se préparer un café comme tous les matins, Asuga posa les yeux sur un couteau posé là seulement pour sécher, et laissa quelques secondes s'écouler. Ç'aurait été simple. Rindo ne faisait pas attention à elle, et elle n'avait pas à se demander où était dirigé le regard du deuxième puisqu'il n'était pas là. Elle l'aurait fait seulement pour lui reprocher de l'avoir sous-estimée ainsi si elle avait été plus téméraire. Mais Asuga était réfléchie et n'avait aucune raison de tuer Rindo, alors elle ne fit rien, mis à part son café du matin.

— Il a quelqu'un ? fit-elle mine de s'étonner tout en venant s'asseoir face au blond qui ne montra aucun réel intérêt pour sa présence.

— Pas que je sache.

— Et toi ?

— Non plus.

— Pourquoi ? Tu vas pas me faire croire que personne s'intéresse à vous.

Sans relever les yeux de son jeu - elle ne lui avait d'ailleurs jamais imaginé un intérêt pour ce genre de divertissement - Rindo haussa les épaules.

𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant