𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengers

chapitre 44

| 22 février 2006

☆

— Je devrais déjà être partie alors allons droit au but, s'il-te-plaît.

Toshiko parla avant même qu'elles s'installent dans un coin du café, sa capuche encore rabattue sur la tête.

— Tu m'as parlé, il y a plusieurs semaines, commença Yuzuha. Tu voulais que je rejoigne le Shirohebi. C'est toujours le cas ?

La grande blonde se brûla la langue avec la première gorgée de sa boisson mais n'eut aucune réaction visible. Elle détailla son interlocutrice d'un nouvel œil, mi-ravie, mi-soucieuse. Le moment était définitivement mal choisi pour s'intéresser au Shirohebi, et Yuzuha avait changé depuis leur dernière conversation. Ses traits étaient moins durs, moins fatigués, comme si on avait fini par retirer de ses épaules un poids qu'elle avait porté toute sa vie. Toshiko, en parfaite informatrice, savait que cette mince lueur d'espoir inédite dans son regard était liée au départ de Taiju, son frère aîné. Ce qui rendait d'autant plus incohérente cette soudaine rencontre.

— Tu es... toujours la bienvenue, oui, hésita Toshiko.

— Je veux vous rejoindre, déclara fermement Yuzuha comme si elle s'était entraînée à prononcer ces mots. Je veux en être dès aujourd'hui.

— Aujourd'hui ? C'est compliqué, on a...

— Je sais ce qu'il se passe. Mon petit frère est avec le Toman, je te rappelle. Je sais aussi que Mitsuya est à l'hôpital et qu'il est pas le seul, ce qui veut dire que le Toman n'a aucune chance de l'emporter contre vous tous.

— Et ta manière de contrer ça... est de rejoindre l'ennemi ? résuma Toshiko avec une moue perplexe. Tu pouvais dire dès le départ que tu voulais juste une raison d'être sur place. Tu ne veux pas vraiment être des nôtres, tu veux juste être là où est ton frère.

— Vous vous êtes rangées du côté du Tenjiku ! s'indigna Yuzuha avant de balayer la salle d'un regard nerveux et de reprendre plus calmement. J'en avais vraiment envie, tu sais ? On parle tellement d'Asuga partout, je voulais l'admirer comme tout le monde. Mais ce qu'il se passe actuellement, c'est mal.

— Tu crois que je ne m'en rends pas compte ?

Toshiko répliqua plus froidement qu'elle l'avait voulu mais fut satisfaite de la surprise qu'elle lut dans les yeux de la cadette Shiba. Celle-ci se redressa et attendit plus d'explications, qu'on la rassure quant à l'implication d'Asuga dans les histoires du Tenjiku et que Toshiko promette que toucher au moindre des cheveux de son petit frère n'avait jamais été le plan. Toshiko se mordilla la joue, partagée entre l'envie personnelle d'accéder à ce souhait et le devoir de protéger l'honneur du Shirohebi.

— Si tu comptais vraiment être des nôtres, tu saurais qu'Asuga ne travaillerait jamais volontairement avec une organisation comme le Tenjiku.

— On la force ? s'étonna Yuzuha.

— Je ne peux rien dire à quelqu'un qui ne fait pas partie du Shirohebi. Et peu importe qu'on la force ou non. Si tu nous rejoins, ça ne doit pas être pour ton frère ou pour n'importe quelle autre raison que la confiance que tu places en Asuga. Dans ce milieu, il faut être sûr de croire en la personne qu'on décide de suivre.

— Et si c'est toi que je suis ?

Toshiko ouvrit la bouche et la referma aussitôt, le visage soudainement aussi chaud que si elle y avait collé sa tasse de café brûlante. Quand Yuzuha se rendit compte de ce qu'elle venait de dire, elle baissa les yeux sur sa propre boisson.

— J'ai jamais parlé à Asuga mais je sais que je peux te faire confiance, ajouta-t-elle un peu plus doucement. Si tu dis qu'elle vaut le coup d'être suivie, je te crois. Mais honnêtement, j'ai pas envie de parler pendant des heures des tenants et des aboutissants de cette décision. Je veux juste éviter à mon petit frère de se faire tuer comme un animal par des gars plus vieux et plus commodes que lui. Tu ne me dois rien mais je devais te demander ce service. Je sais me battre, je serai utile même si vous devez vous rebeller contre le Tenjiku. Ça me fait pas peur, crois-moi.