chapitre 21

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| 31 octobre 2005

Jamais Noa ne s'était sentie si peu dans son élément. Le cimetière de voitures où le combat débuterait très bientôt semblait avoir été conçu spécifiquement à cet effet, entouré de quatre hauts murs qui empêcheraient quiconque de s'enfuir et dégagé dans le centre pour laisser place à l'action. Ni le Toman ni le Valhalla n'avait encore fait son entrée par les deux portes opposées de chaque côté de la cour, mais elle les imaginait déjà à l'œuvre et détestait l'idée qu'elle se faisait de cet affrontement.

Elle était pourtant bien la seule à s'inquiéter. De part et d'autre du lieu, des délinquants originaires des quatre coins de la capitale nippone s'étaient installés et attendaient patiemment, avec enthousiasme, de voir le sol de poussière se tâcher de sang. Même un meurtre ne les choquerait pas, elle le savait, ils se contenteraient de fuir pour ne pas être interrogés - et Asuga la première.

— Tu te demandes pas qui sont tous ces gens ? questionna cette dernière en balayant le public improvisé du regard.

— Je le sais déjà pour la plupart, répondit Noa. Et c'est pas vraiment ma priorité de connaître tous les criminels de la ville, je crois.

— Mhm, je vois.

Cette réponse bien trop évasive pour correspondre à Asuga attira l'attention de la plus jeune. Un sourcil haussé dans une expression suspicieuse, elle se tourna vers la voiture dont la jeune leader occupait le toit comme pour dominer l'assemblée de toute sa hauteur. Malgré les lunettes de soleil qui dissimulaient partiellement ses yeux, Noa y devina un brin de méfiance qu'elle n'avait encore jamais perçue chez Asuga. Elle suivit son regard dans l'espoir de comprendre ce changement d'attitude mais ne vit qu'un jeune homme qu'elle ne connaissait pas, posté un peu plus loin et entouré de quelques subordonnés. Si elle avait eu connaissance de son identité, elle se serait fait la réflexion que certains de ses traits lui rappelaient ceux d'Asuga.

— J'y crois pas ! railla un nouveau venu qui, lui, serait chargé de tenir le rôle de commissaire pour le combat. Les deux Yano au même endroit ! Essayez de pas vous mettre sur la gueule aujourd'hui, on n'est pas là pour vous.

Si cette remarque fit naître un sourire narquois sur le visage de la jeune femme, elle ne cessa pas pour autant de dévisager son frère comme lui le faisait.

— T'en fais pas, Hansen, affirma-t-elle avec ironie. Tant qu'on est sûrs que mon frangin poignarde personne dans le dos dans un moment d'inattention, tout ira bien.

Quelques rires et sifflements montèrent chez les témoins. À quelques mètres de là, plus proche de Tadashi qu'elle ne l'était, Ran fit tourner son téléphone dans sa main sous les yeux de tous. Un coup de fil et une centaine de subordonnés arrivaient à la rescousse ; tous le savaient comme tous savaient qu'il ne serait pas victime d'un deuxième coup bas. Le regard sombre de l'aîné Yano glissa sur lui avec autant de mépris que de défiance avant de revenir à la tête rose qui détonnait dans la monotonie du décor.

— Se mettre sur la gueule ? On parle d'une fille qui a trahi le seul gang qui voulait bien d'elle pour devenir une sukeban comme une lycéenne en manque d'attention.

— Le seul gang qui voulait d'elle ? releva Hansen avec désapprobation après avoir jeté un coup d'œil loin d'être approprié en direction d'Asuga. T'es pas bien malin de dire ça devant nous tous, mec.

— Tu recrutes, Hansen ?

Malgré le calme inébranlable dont il faisait preuve et qui contrastait avec l'agitation des uns et des autres, cette simple réplique suffit à attirer l'attention générale sur Ran.

𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant