| 22 février 2006
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De tous les affrontements auxquels Asuga avait pu assister et participer, celui-ci fut de loin le plus chaotique.
Depuis la joute préliminaire remportée par un gamin du Toman contre Madarame, les centaines de voyous du Tenjiku fondaient en masse sur leurs adversaires en sous-effectif jusqu'à les engloutir complètement. Les filles du Shirohebi se défendaient dans la déloyauté, à coups de tout ce qu'elles pouvaient trouver et avaient caché sous leurs uniformes, parce qu'Asuga leur avait bien appris que le code d'honneur que s'imposaient les hommes de ce milieu en cas de combat ne s'appliquait pas à elles. Qu'il leur faille mordre, assommer ou poignarder pour se sortir d'une situation périlleuse, Asuga en assumerait les conséquences tant qu'elles lui revenaient saines et sauves - ç'avait toujours été l'accord tacite unissant le nouveau Shirohebi post-Tadashi à sa leader.
Dans toute cette agitation, même le Tenjiku n'était plus stable sur ses appuis. Les types de Roppongi recrutés pour l'occasion par les frères Haitani n'avaient pas eu besoin d'ordres pour les imiter et se retourner contre les hommes d'Izana ; leur loyauté ne lui revenant pas à lui mais à Ran et Rindo, il avait suffit d'une rébellion du premier et de l'absence du second pour entraîner une mutinerie. Beaucoup allèrent jusqu'à retirer le manteau de leur uniforme pour ne pas être confondus avec les ennemis du Tenjiku, mais Asuga n'y vit pas plus clair depuis le coin du port où elle s'était retrouvée, seule avec Ran, acculée par un groupe d'hommes menés par Madarame.
Elle n'eut qu'une seconde de répit, quand le Shirohebi vint à leur rescousse, pour se tourner vers Ran et enfin poser la question qui la dérangeait depuis qu'elle avait posé pied à terre moins d'une heure plus tôt :
— Tu savais ?
Il eut d'abord l'air de ne pas l'avoir entendue. En vérité, il avait beau être ici avec elle, son attention se portait vers la montagne de containers au centre du port à la moindre occasion qu'il avait de reprendre son souffle, et Asuga aurait eu du mal à le lui reprocher en sachant que Noa et Rindo se trouvaient quelque part là-haut sans aucun moyen de recevoir de l'aide s'ils tombaient dans un guet-apens. Mais il savait aussi bien qu'elle que la seule manière de s'assurer de leur sécurité était de se débarrasser de la menace ici, alors Ran se ressaisit vite et lança dans sa direction un regard déconcerté.
— Quoi ?
Asuga n'avait pas décoléré depuis le début de cette longue soirée. Pas depuis qu'elle avait trouvé Daitan à moitié morte au fond de cette ruelle, en fait. Son sang alourdissait encore le tissu de sa veste là où elle avait tenu sa main droite contre elle pour évaluer les dégâts. Elle n'avait pas traîné après l'arrivée de l'ambulance mais n'oublierait jamais la vue des secouristes ramassant délicatement les doigts de l'adolescente abandonnés sur le sol pour les préserver dans le froid, et ce fut le souvenir de cette vision cauchemardesque combinée à la réponse trop détendue de Ran qui la poussèrent à attraper ce dernier par le devant son uniforme pour réitérer avec une hargne qu'il ne méritait peut-être pas de recevoir :
— Izana a fait tuer la sœur de Mikey en pleine rue et il aurait fait tuer sa copine aussi si je l'avais pas trouvée à temps, articula Asuga. Mais je l'ai même pas trouvée par moi-même, non... Ton gourou a tout organisé, il savait que je serais contre ses méthodes, alors il s'est arrangé pour que l'info arrive jusqu'à moi. Il voulait que je perde du temps là-dessus et que mon retard ce soir justifie ce qu'il aurait pu faire à Noa si j'avais mis une minute de plus à arriver, comme il justifie maintenant que le Tenjiku se retourne contre le Shirohebi, alors je vais te poser la question encore une fois : est-ce que tu savais ?
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𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengers
FanfictionAsuga Yano ne souhaite pas grand chose, si ce n'est acquérir le pouvoir nécessaire pour se frotter au Tokyo Manjikai qui paraît dominer tous les autres gangs de la ville, et n'a pas peur de se salir les mains et la conscience pour parvenir à ses fin...
