⠀| 13 juillet 2005
☆
Asuga voyait rouge.
Littéralement, parce que le flot vermillon qui s'échappait de la plaie formée à sa tête lui coulait dans les yeux.
Ce détail ne l'empêcha pas de se retourner vers le coupable avec une colère telle qu'il en recula instinctivement d'un pas. Sonnée et maintenue sur ses deux pieds uniquement grâce à l'adrénaline qui semblait avoir remplacé le sang dans ses veines, la jeune femme baissa les yeux vers la barre de fer que cet inconnu tenait dans ses mains et avec laquelle il venait de la frapper. Lui non plus n'était pas dans son état normal et ne comprenait sûrement même pas ce qu'il se passait devant lui. Elle eut presque pitié de lui.
— Pourquoi t'as fait ça ? lança-t-elle néanmoins, et de son ton le plus froid. Tu veux mourir ?
L'homme - plus âgé que celui à qui elle était venue réclamer ses dettes - secoua énergiquement la tête. Asuga eut un air mauvais. Cet imbécile ne revenait sur son geste que parce qu'il avait retenu l'élément principal de sa conversation avec l'autre : les frères Haitani, qu'elle avait dit être capable d'amener sur place si besoin était. Et elle refusait qu'on ne craigne l'idée de l'attaquer que parce qu'elle était suivi d'hommes influents. Si ces gars voulaient s'en prendre à elle, c'était à elle qu'ils auraient affaire et à personne d'autre.
Pour la première fois depuis son arrivée dans le quartier de Roppongi, Asuga en eut assez d'être la fille mystérieuse que les frères Haitani avaient à l'œil, de jouer la délinquante amatrice qui n'en savait pas plus que cela sur la gestion d'un gang et qui savait tout juste se défendre. Ce monde - celui de la délinquance - était le sien. Et quand on la verrait traverser les rues couverte de sang et tachée de bleus, ils le comprendraient ; elle n'existait que pour détruire et être détruite, encaisser les coups et les redistribuer plus violents encore.
Le responsable de toute cette hargne ne parvint même pas à garder son arme entre les mains lorsqu'elle l'envoya valser plus loin, le regard plus noir que jamais.
— Prouve au moins que tu sais te servir de tes poings avant de passer aux armes, t'auras l'air moins lâche.
Mais, bien sûr, trop décontenancé par l'hostilité qui émanait de cette jeune femme à première vue inoffensive, il ne put rien non plus contre le coup de pied qu'elle lui asséna en plein dans l'abdomen. Les dents serrées, Asuga baissa les yeux vers sa victime étalée au sol et n'hésita pas une seule seconde à cogner son poing étroitement fermé contre son visage. Elle se fichait bien de savoir qu'il était sous l'influence d'une quelconque drogue, qu'il était malheureux au quotidien et cherchait à fuir ses problèmes. Quelqu'un qui choisissait cette voie sombre était forcément prêt à se faire casser la figure dans un sous-sol sombre de Roppongi à un moment ou un autre, non ? Ce fut ce qu'elle se dit tandis qu'elle frappait, encore et encore, cet homme qui avait cru pouvoir s'en prendre à elle sans en payer les conséquences. Parce qu'elle voulait être juste, mais que jamais dans la vie d'Asuga la justice n'avait été dissociée de la violence.
Ce passage à tabac improvisé avait plongé le reste de la salle dans un silence de mort, bien qu'Asuga n'aurait pu s'en rendre compte puisque son cœur battait trop fort dans ses propres oreilles pour qu'elle n'entende quoique ce soit d'extérieur. C'est peut-être pour cette raison qu'elle ne se rappela la présence du premier jeune homme que lorsqu'il enroula ses doigts autour de son cou avec la ferme intention de ne pas le lâcher tant qu'un pouls y serait perceptible. Par instinct de survie, Asuga porta ses mains pleines de sang jusqu'à celles de son bourreau comme pour tirer dessus, en vain. Il cogna encore sa tête contre le sol et, très vite, aucun air ne passa plus dans sa gorge. Au-dessus d'elle, les lèvres de l'inconnu bougeaient alors elle devina qu'il lui criait des insultes. Elle voulut lui dire qu'il était très ridicule de son point de vue puisqu'elle ne l'entendait pas, mais comme elle n'était pas en position de parler, elle se contenta d'esquisser un sourire crispé qui, sur le moment, se maria bien avec son teint violacé.
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𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengers
FanfictionAsuga Yano ne souhaite pas grand chose, si ce n'est acquérir le pouvoir nécessaire pour se frotter au Tokyo Manjikai qui paraît dominer tous les autres gangs de la ville, et n'a pas peur de se salir les mains et la conscience pour parvenir à ses fin...
