| 17 et 18 juillet 2005
☆
— Tu fais quoi ?
Concentrée sur le contenu de la poêle devant elle, Asuga ne put retenir un discret sursaut et jura sans pouvoir s'en empêcher. Le mouvement de recul qu'elle eut ne fit pourtant que la rapprocher de celui qu'elle cherchait à fuir et qui semblait prendre plaisir à la surprendre ainsi, les lèvres bien trop proches de son oreille, dès qu'il en avait l'occasion.
— Je déteste quand tu fais ça !
— Menteuse, ricana Ran. Alors ?
— Tu verras quand ce sera dans ton assiette, me fais pas chier. Je devrais même pas faire à manger, c'est quand même moi l'invitée.
— C'est toi qui as dit que t'aimais cuisiner, intervint Rindo depuis l'autre côté du comptoir, allongé sur les tabourets alignés et plongé dans un magazine aléatoire.
— Oui, quand on me fait pas chier, répéta Asuga tout en contournant son premier interlocuteur pour récupérer sa bière posée sur le plan de travail. Bref. Quelque chose de prévu ce soir ?
Tandis qu'elle avalait une longue gorgée d'alcool, Ran secoua la tête et l'imita sans un mot. Curieuse, elle continua de le dévisager jusqu'à lui faire comprendre qu'elle doutait de cette réponse, ce qui eut au moins le mérite de l'amuser.
— Personne à voir ?
— Nope, sourit-il. Pourquoi je voudrais aller voir quelqu'un ? J'ai tout ce qu'il me faut ici.
— J'vais vomir, marmonna Rindo.
Malheureusement pour lui, son aîné ne portait que très peu d'intérêt pour sa présence et ses états d'âmes, plutôt concentré sur le regard éloquent que lui adressa Asuga. Ce n'était pas la satisfaction qui l'animait mais bien un lueur malicieuse qui lui fit comprendre qu'il avait eu intérêt à répondre ainsi et pas autrement. Elle avait beau ne pas avoir l'air très jalouse, il était évident qu'elle savait ce qu'elle voulait et que, lorsqu'elle décidait que quelque chose lui appartenait, elle ne le lâchait plus. Étonnamment, Ran apprécia ce constat autant qu'il apprécia le reste de cet échange silencieux, le léger trouble qui anima les traits confiants de la jeune femme tandis qu'il la détaillait du regard et la manière dont elle se racla la gorge pour le cacher.
— Dis, qu'est-ce qui se passera quand tu dirigeras le Shirohebi ? questionna-t-il après un moment. T'as des plans pour la suite ?
— Faire le tri dans les rangs, déjà, plaisanta Asuga. Je compte ouvrir le gang aux délinquantes en priorité, donc les délinquants pas contents pourront aller voir ailleurs.
— Fais gaffe, tu tombes dans le cliché de la sukeban.
Cette remarque la surprit autant qu'elle lui plut. Le concept de sukeban n'était plus au centre de l'attention depuis quelques années déjà. Les adolescents s'étaient à nouveau appropriés le monde de la délinquance et les filles n'y avaient plus une place attribuée. Asuga voulait changer cela. Elle voulait voir à nouveau des groupes entiers de jeunes femmes en colère défiler et imposer leurs lois, parées de leurs uniformes colorés et éclaboussés du sang de ceux qui les sous-estimaient. En tant que leader, elle irait jusqu'à accepter toutes les personnes anti-conformistes dans son gang si c'était ce qu'il fallait pour faire taire tous ces hommes imbus d'eux-mêmes.
— C'est très bien comme ça, sourit-elle alors. Je veux que le Shirohebi ait une vraie raison d'exister, quitte à former une grande famille dysfonctionnelle de rejetés. Ce sera toujours mieux que la manipulation et l'avarice de Tadashi.
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𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengers
FanfictionAsuga Yano ne souhaite pas grand chose, si ce n'est acquérir le pouvoir nécessaire pour se frotter au Tokyo Manjikai qui paraît dominer tous les autres gangs de la ville, et n'a pas peur de se salir les mains et la conscience pour parvenir à ses fin...
