| 1er décembre 2005
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Noa devait avoir l'air bien pathétique, assise dans la pénombre sur le sol de cette cuisine qui n'était pas la sienne, les jambes étendues devant elle. Elle aurait voulu les replier contre elle et rester en boule un moment mais même un geste aussi simple lui donnait l'impression de demander bien plus d'énergie qu'elle n'en avait en stock. D'ici, elle avait vu le ciel changer de couleur au fil des heures à travers les fenêtres du salon. Il était déjà presque entièrement noir quand le bruit d'une clé dans la serrure de la porte d'entrée se fit entendre dans l'appartement et que la lumière s'alluma sur sa figure immobile.
Surprise de trouver sa protégée étalée à même son carrelage, Asuga afficha une expression perplexe tandis qu'elle retirait ses lourdes chaussures et déposait ses clés sur le comptoir.
— Tu veux que j'éteigne ? tenta-t-elle.
La plus jeune ne fit que hausser les épaules mais, certaine qu'elle aurait préféré rester dans le confort de l'obscurité si elle avait été à sa place, Asuga pressa à nouveau l'interrupteur. Noa la suivit d'un regard curieux malgré sa fatigue, plus qu'étonnée de la voir s'approcher jusqu'à pouvoir s'asseoir face à elle, juste derrière le comptoir de sa cuisine. Malgré la pénombre, elles se dévisagèrent un moment dans une semi-méfiance qui n'aurait pas dû exister ; Asuga l'avait déjà vue sous son pire jour, avait séché ses larmes du bout de sa propre manche lorsqu'elle avait perdu le garçon qu'elle aimait. Qu'était une dispute avec Daitan à côté de cela ? Mais c'était Daitan. Le pilier le plus solide de sa vie, celle qu'elle avait cru pouvoir garder pour toujours. Elle n'aurait pas supporté que l'on se moque de sa situation.
— Toshiko m'a dit que la Tornade s'était autorisée un petit voyage jusqu'ici pour te parler, déclara la leader sans préambule. C'est pour ça que t'as l'air au bord du gouffre ?
— Et moi on m'a dit que tu délaissais parfois tes responsabilités pour des rendez-vous avec Ran Haitani. C'est pour ça que t'es de bonne humeur depuis deux jours ?
— T'essaies de picorer des infos sur ma vie perso, là.
— Toi aussi.
Sincèrement amusée par la répartie de Noa, la jeune femme laissa un rire lui échapper. Elle était plus calme lorsqu'elles n'étaient que deux, l'adolescente l'avait vite remarqué ; toujours imprévisible mais elle n'avait pas à se préparer à recevoir une gifle inattendue, au moins. Elle riait sincèrement et parlait avec un peu plus de cette liberté qu'elle ne pouvait pas se permettre d'avoir en présence de ses subordonnées. Alors Noa se sentait aussi plus légère, presque aussi détendue qu'elle avait pu l'être auprès de Daitan en grandissant.
— Techniquement, c'est ton devoir de me donner toutes les infos bonnes à savoir pour l'équilibre du Shirohebi même si ça touche ta vie privée, fit remarquer Asuga. Mais on est entre nous et je te posais pas la question en tant que leader mais en tant que... ton amie ?
La teinte azurée de ses yeux se fit plus curieuse que malicieuse, détentrice de cette question franche qu'elle lui posait : étaient-elles amies ? Noa aimait cette idée, comme une célébration du contraste qui les opposait toujours. Asuga voyait sa jeunesse à travers elle mais jamais elle ne serait Noa à nouveau, et jamais Noa ne serait Asuga. Ce devait être la dynamique de leur duo improbable, cette limite bien définie et ces différences qui demeureraient sauves même dans la compréhension qu'elles avaient l'une de l'autre.
— Daitan voulait juste me dire d'oublier le Toman, avoua-t-elle avec un léger rictus amer qu'elle ne put contrôler. De me venger contre Kisaki si je le voulais mais pas pour eux, juste pour moi, parce qu'ils se... fichent complètement de moi.
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𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengers
FanfictionAsuga Yano ne souhaite pas grand chose, si ce n'est acquérir le pouvoir nécessaire pour se frotter au Tokyo Manjikai qui paraît dominer tous les autres gangs de la ville, et n'a pas peur de se salir les mains et la conscience pour parvenir à ses fin...
