chapitre 22

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| 31 octobre 2005

Loin d'être aussi performante qu'au début du combat, Daitan se battait toujours dans l'optique d'empêcher d'autres ennemis d'atteindre Mikey mais devait désormais essuyer leurs coups à eux aussi sous le regard anxieux de Noa. Elle dut recracher le sang qui avait envahi sa bouche après un énième coup dans la mâchoire au moment précis où, là-haut, Mikey se redressa sans se soucier du filet écarlate glissant depuis son front, entre ses yeux et jusqu'au bout de son nez. Il était toujours à genoux, et Noa doutait fortement de la capacité du Toman à tenir debout si le leader lui-même était si vulnérable. Ses échanges avec Kazutora ne lui parvenaient pas clairement d'ici mais elle savait aussi bien que le reste de ses amis d'enfance que le seul sujet capable d'occuper l'esprit de Mikey assez longtemps pour permettre à ses adversaires de l'atteindre physiquement était celui de la mort de Shinichiro.

Daitan perdit l'avantage pour de bon lorsque Kazutora ordonna à ses deux sous-fifres de relever leur ennemi et de bien le tenir. Elle eut tout juste le temps de se retourner pour apercevoir cette scène d'horreur avant d'être à son tour maintenue par la taille, sans doute par un adversaire persuadé - à juste titre - qu'elle s'apprêtait à quitter son poste pour escalader ce maudit amas de vieilles voitures et régler son compte à Kazutora. Mais elle était bloquée ici, et ce dernier garda le sourire aux lèvres tandis qu'il usait de la barre de fer qui lui servait d'arme, encore et encore, contre celui qui lui avait un jour tendu la main et juré amitié et protection. Daitan aurait pu jurer qu'elle vit aussi rouge que les gouttes de sang que chaque coup envoyait valser sur les carrosseries alentours. Elle serra les dents si fort qu'elle crut se les briser au passage et, dans toute sa rage, oublia de ressentir la douleur de ceux qui lui étaient portés à elle.

— Mikey, bouge ! Tu fous quoi, putain ?!

Le groupe d'adversaires qui l'avait prise pour cible profitèrent de ce moment de vulnérabilité pour lui faire perdre l'équilibre jusqu'à la contraindre à poser les genoux à terre. Un bras enserra sa gorge et son propriétaire refusa de relâcher sa prise sur elle même en recevant son coude dans l'estomac à plusieurs reprises. De l'autre côté de la cour, Draken venait de perdre l'avantage face à Hanma.

— C'est fini, abandonne !

— Fini ? releva Daitan sans même jeter un coup d'œil au reste du gang. On respire encore... de quoi tu parles ?

— Tu veux que je change ça ? se moqua son assaillant, serrant jusqu'à ce qu'elle ne se débatte plus de son plan gré mais seulement mûe par son instinct de survie.

Curieuse de voir jusqu'où pouvait bien aller cet instinct, Asuga ne quitta pas Daitan des yeux. Son visage déjà bien abîmé commençait à virer au rouge et elle avait beau battre des jambes et des bras pour s'en sortir, remuer la poussière à s'en abîmer la gorge, ça ne changeait rien. Elle continuait, pourtant. Elle ne lâcha rien, pas même lorsqu'on la laissa retomber seulement afin de profiter de sa position pour la rouer d'un tas de coups injustes. C'était la numéro trois du Toman, la Tornade ; ces imbéciles devaient jubiler à l'idée de l'avoir à leur merci. Asuga entendit bien Rindo décréter que le Toman avait perdu mais elle ne put s'empêcher de continuer à observer cette fille qui refusait d'abandonner, cette fille qui gagnait, quelque part. De la même manière qu'Asuga avait déjà gagné contre son frère, en décrétant simplement qu'il lui était impossible de perdre.

Tout s'accéléra lorsque Mikey cessa d'encaisser les offensives de son rival et les chassa, lui et ses deux chiens de garde, dans un élan de colère qui le poussa à user de ses dernières forces. Dans la même minute, Noa parvint enfin à capter le regard de sa meilleure amie et lui désigna silencieusement un morceau de pare-choc abandonné près d'elle. Cet échange silencieux n'échappa pas à Asuga mais elle n'en fit aucune remarque, seulement étonnée par toute la détermination dont Daitan pouvait faire preuve en n'étant motivée que par le bien-être de ses amis. Elle rampa, agrippa la terre de ses mains éraflées sans se soucier du sang qui coulait à flot depuis son menton fendu et quand enfin, ses doigts trouvèrent cette arme improvisée, elle put se redresser et retrouver la force de se défendre. Cette force, elle en usa pour le reste du gang lorsque Mikey retomba sur ses deux genoux, inconscient ou bien trop épuisé pour ne serait-ce qu'adresser un regard aux siens.

𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant