⠀| 28 juin 2005
☆
— T'es sûre que ça va marcher, au moins ?
Le souffle court, Asuga autorisa son corps à se détendre le temps d'une seconde. Ses yeux bleus fixèrent un instant le ciel malgré sa vue brouillée et sa tête qui tournait, puis elle laissa retomber son menton jusqu'à sentir ses cheveux dégringoler de chaque côté de son visage. Un crachat rougeâtre quitta sa bouche pour aller s'étaler sur le bitume, et ses lèvres abîmées s'étirèrent jusqu'à dévoiler un sourire ensanglanté. Le ricanement saccadé qui lui échappa alors fit reculer les délinquants qui l'entouraient.
Non pas parce qu'ils la craignaient, elle, mais par crainte de se trouver trop près du jeune homme qui s'occupait toujours de lui faire payer son insolence.
— Tu t'inquiètes pour moi, frangin ?
Asuga remarqua les gouttes écarlates qui tâchaient désormais sa chevelure rose lorsque sa tête tourna violemment sur le côté une énième fois. Le poing de Tadashi atteignit son œil droit qui gonflait pourtant déjà de manière anormale à force d'être martyrisé, mais elle ne sentit presque rien. Au fil des minutes que son frère avait passées à la rouer de coups, son visage et son corps semblaient s'être adaptés à la douleur jusqu'à en être pratiquement anesthésiés. Elle ne remarquait même plus le sang qui coulait à flot de son menton fendu pour aller s'écraser sur le sol en laissant parfois quelques traînées sur ses vêtements.
— C'était ton idée, souffla la jeune femme. Si ça marche pas... et que tu te fais laminer... ce sera pas de ma faute.
Les grandes mains de Tadashi vinrent fermement attraper les épaules d'Asuga. Il la secoua comme s'il craignait qu'elle ne s'endorme, puis il sourit, visiblement ravi qu'elle eût atteint un tel niveau de dégâts physiques.
— Ça marchera grâce à toi, affirma-t-il. Parce que tu souhaites le meilleur pour ta famille et pour le Shirohebi, pas vrai petite sœur ?
— Pff, fit-elle avec ironie. Si tu le dis.
Le visage du brun retrouva sa naturelle froideur tandis qu'il s'empressait de faire disparaître son cynisme d'un genou enfoncé dans l'abdomen. Asuga se félicita de ne rien avoir mangé depuis un moment, rassurée de ne pas avoir à rendre son repas devant l'intégralité du gang dirigé par son aîné. Les regards étaient toujours braqués sur elle lorsque Tadashi mit fin à sa torture pour la relâcher avec dédain. Asuga manqua de s'étaler par-terre mais se rattrapa de justesse, la vue si floue qu'elle ne distinguait plus nettement les traits de son bourreau.
— Pour le Shirohebi, prononça Tadashi.
Sans quitter sa sœur des yeux, le leader releva sa manche sur son poignet gauche jusqu'à dévoiler le dessin qui s'y trouvait tatoué à l'encre blanche pour l'éternité. Les acclamations qui suivirent le lever de son poing vers le ciel résonnèrent avec tant d'intensité dans le crâne d'Asuga qu'ils faillirent causer sa perte. Pour le Shirohebi, scandaient-ils sans vouloir comprendre qu'aucune de leurs vies n'avait d'importance pour Tadashi Yano. Elle se redressa avec difficulté, toute trace d'humour ayant quitté son visage pâle, et s'efforça de ne pas avoir l'air trop haineuse par peur d'être retenue ici plus longtemps.
— Tu connais le plan, dit-il avant de lui indiquer de partir d'un seul signe de tête. Trouve-les et fais ton boulot.
Asuga ne prit pas la peine d'acquiescer, s'éloignant déjà à reculons de celui qui, d'une certaine manière, l'avait élevée. Quand elle fut assez loin pour être certaine qu'il ne chargerait personne de s'élancer à sa suite, elle tourna les talons et courut vers une destination dont elle ne savait encore rien. Elle était si abîmée et sonnée qu'elle aurait probablement dû s'écrouler après une ou deux minute de course, mais il n'en fut rien. Son corps ne fonctionnait que grâce à l'adrénaline créée par l'appréhension de son propre futur. Asuga était foutue, elle le savait. Elle avançait sur une corde instable située entre un point de départ désastreux et une ligne d'arrivée apocalyptique, mais elle était au moins heureuse de quitter ce qu'elle avait toujours connu. Peut-être resterait-elle donc à jouer les funambules un moment, au risque de perdre l'équilibre et de s'effondrer, seule, un jour prochain.
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𝗕𝗘𝗗 𝗢𝗙 𝗥𝗢𝗦𝗘𝗦 ; tokyo revengers
FanfictionAsuga Yano ne souhaite pas grand chose, si ce n'est acquérir le pouvoir nécessaire pour se frotter au Tokyo Manjikai qui paraît dominer tous les autres gangs de la ville, et n'a pas peur de se salir les mains et la conscience pour parvenir à ses fin...
