Chapitre 4 - La fin justifie les moyens

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Dans les toilettes de la base, le sergent Malone ferma le robinet avant d'aller s'essuyer les mains. Il s'assura que personne ne l'épiait, jeta un coup d'œil furtif en direction d'une petite porte blanche puis regagna le couloir. De l'autre côté de la fameuse porte, avachi sur la cuvette, se trouvait le major Johnson. Mort. Etranglé. L'assassin avait caché le corps ici afin d'avoir un laps de temps supplémentaire avant que l'alerte ne soit donnée et que toutes les issues ne soient bloquées.

Le sergent Malone se dirigea d'un pas nerveux vers le bureau de sa victime, les doigts crispés sur le laissez-passer qu'il avait dérobé au major. Il n'avait au départ pas eu l'intention de tuer qui que ce soit, mais les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu. Son arme, même si la victime ignorait que le revolver n'était pas réellement chargé, n'avait pas impressionné le major et Malone avait été contraint d'agir dans l'urgence pour éviter que toute la base ne soit mise au courant de sa trahison.

Le sergent regrettait son geste, en commettant ce meurtre il avait l'impression d'avoir cédé à une forme de barbarie. Une larme de désarroi roula sur sa joue et il l'essuya vigoureusement du revers de la manche. Non, il ne devait pas se laisser abattre. Un violent sentiment de haine le submergea et il pressa le pas en omettant de saluer le général Bellhaie qu'il croisa sans même le remarquer. Vexé, le général le poursuivit. Il l'interpella mais les mots n'avaient plus aucune signification pour le sergent.

Sa seule obsession était de pénétrer dans le bureau du major Johnson et de s'emparer au plus vite d'un maximum de renseignements concernant les recherches scientifiques confidentielles effectuées dans la base. On lui avait promis une forte somme d'argent ainsi qu'une nouvelle identité en Suisse. C'était une occasion unique de pouvoir concrétiser enfin ses rêves de richesse et de liberté. Il introduisit le laissez-passer dans le boîtier prévu à cet effet et entra le code qu'il avait retenu en observant clandestinement le major Johnson à l'œuvre. La porte s'ouvrit dans un petit bruit grinçant mais le sergent n'eut pas le temps d'avancer plus loin car le général le rattrapa :

— Sergent Malone, que faites-vous ici ?

L'intéressé posa les yeux sur la petite personne grassouillette mais ne sut que répondre. Son cerveau fonctionnait au ralenti. Le temps semblait aboli. Il éprouvait une immense sensation de vide, le sol se dérobait sous ses pieds et diverses émotions de regret et d'impuissance s'emparèrent simultanément de lui. Un soldat intervint alors, la mine déconfite :

— Mon général, le major Johnson a été retrouvé mort dans les toilettes. Quelqu'un l'a étranglé...

Le général remarqua alors que Malone avait laissé tomber quelque chose par terre : le laissez-passer de Johnson. Il claqua aussitôt des doigts et marmonna quelques ordres. Trois soldats s'emparèrent avec rudesse du meurtrier et le conduisirent en cellule sur-le-champ.



A Double Tranchant (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant