— Elle est bien bonne celle-là ! éclata de rire Marchello en réponse à une blague de mauvais goût racontée par Adam. A demain, mec !
— Passe une bonne nuit Macho, répondit ce dernier en utilisant le diminutif favori de son acolyte.
— T'inquiète pas pour ça, avec un canon pareil y'a aucun risque que je m'ennuie.
Adam s'éloigna en riant tandis que Marchello poussait la porte de la cellule de Lisa. Il prit une grande bouffée d'air puis entra d'un bond. Quelle ne fut pas sa surprise, et avant tout sa déception, lorsqu'il découvrit la petite reine inconsciente, allongée sur le sol, la tête reposée sur le bras inerte de Marc. Elle était presque aussi pâle que lui, mais même ce teint cadavérique n'ôtait rien à sa beauté à la fois pure et démoniaque. Elle reposait dans un curieux liquide rouge sombre.
Marchello s'approcha, le bout de ses baskets usées trempait dans le sang qui coulait depuis les fins poignets de Lisa. Lorsqu'il identifia son propre couteau à quelques centimètres de la jeune femme, il comprit qu'elle avait tenté de se suicider. Le sourire qui illuminait son charmant visage blanc témoignait de la fierté qu'elle avait éprouvée au moment de passer à l'acte.
Pas question que cette petite peste s'en tire à si bon compte, il n'avait pas eu ce qu'il voulait et ce qui, selon lui, lui revenait de droit. L'Italien se baissa, les genoux sur le sol ensanglanté, et prit Lisa dans ses bras. Sans perdre une minute, il se rua jusqu'à l'infirmerie en semant de sombres gouttes rouges derrière lui.
Les deux médecins de garde conduisirent la jeune femme dans ce qu'ils appelaient une salle opératoire. En réalité, un vieux garde-manger dans lequel on avait installé l'air conditionné. Marchello n'eut pas la permission de les suivre. Il resta donc dans la pièce voisine et s'énerva en brisant les flacons de médicaments qui pullulaient sur les étagères. Quelle petite garce ! Si seulement elle avait attendu le jour suivant pour mourir. Elle avait bien mené son jeu. Une heure de répit, adieu la vie.
* * * * * *
Lorsque Lisa rouvrit les yeux, la première chose qu'elle vit fut le visage rébarbatif de Marchello penché sur elle. Il était mal rasé, comme toujours, et ses yeux de fou étaient injectés de sang. Quant à elle, si faible et si fatiguée, elle ne put que réprimer un sanglot de déception.
— Je suis en enfer, balbutia-t-elle en ravalant sa salive pâteuse.
— Non bébé, je suis là.
Elle détourna la tête :
— C'est bien ce que je disais, je suis en enfer.
— Je vais te faire passer l'envie de me fausser compagnie, menaça l'Italien d'une voix emprunte d'une colère sourde, bouillonnant de haine. Je repasserai dans une heure, quand tu auras recouvré des forces.
Il contempla une dernière fois le visage pâle de la petite reine, ses lèvres d'un rose si effacé que les contours se distinguaient à peine, ses yeux froids mais qui reflétaient cependant une douleur immense. Marchello baissa le regard sur les bandages enroulés autour des petits poignets de la belle. Comme il aurait aimé les prendre dans ses grandes mains et serrer, serrer jusqu'à ce qu'elle hurle et qu'elle implore son pardon à genoux. Non, il attendrait qu'elle soit remise, ensuite il lui donnerait une réelle raison de vouloir mourir.
La frêle jeune femme suivit l'homme du regard pour s'assurer qu'elle était bien seule dans la chambre. C'était le cas. Ni présence humaine, ni caméra visible. Encore faible, elle s'appuya sur ses coudes pour s'asseoir. Elle était reliée par de petits câbles à des goutte-à-goutte et des sachets de plastique contenant différents liquides indéterminés. Elle arracha les fils avec le peu de force qui lui restait puis se leva.
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A Double Tranchant (Terminé)
Mistério / SuspenseSéductrice accomplie, le docteur Lisa Milton pense laisser son passé trouble derrière elle en acceptant un nouveau poste dans une base militaire souterraine. Avant même son premier jour, elle a déjà jeté son dévolu sur un charmant colonel. Pourtant...