A Double Tranchant (Terminé)

Chapitre 49 - Le jugement

Le général Bellhaie se trouvait dans l'une des caves lorsque les larges doubles portes s'ouvrirent. Un grand homme barbu s'avança vers son confrère en arborant un sourire amical.

— Sethesh, fidèle frère, pourquoi n'es-tu pas au banquet avec les autres ? s'enquit ce dernier avec un fort accent allemand.

Le général ne daigna pas répondre, il resta immobile, les mains dans le dos, face à un objet haut de deux mètres dissimulé sous une couverture. Curieux, l'intrus tendit la main et dévoila lentement quelques centimètres carrés du fuselage de Judas-316 :

— Mais, qu'est-ce que c'est ?

Le général eut un bref rire moqueur. Son regard froid – qui jetait néanmoins des éclairs de feu – croisa celui, inquiet, du second disciple de Seth. Il saisit fermement la couverture, laissa le suspense s'installer, puis tira d'un coup sec. La lumière du couloir se réfléchit sur le métal, l'épaisse croix de vie rouge se détachait du fuselage gris, barrant le nom de Judas-316. Un sourire mesquin se dessina sur le visage du général lorsqu'il fixa son visiteur du regard.

— Sethesh, je... Que se passe-t-il ici ? Tu... paniqua l'homme.

— Mon ami, mon cher ami Sekenrâ. Ne t'a-t-on jamais appris à frapper avant d'entrer dans une pièce ? Surtout lorsqu'un petit papier indiquant « ne pas déranger » est accroché à la porte.

— Pardon. Pardon, je suis désolé. Je ne recommencerai plus. Je, je vais retourner chez les autres et te laisser.

— Attends, ne sois pas aussi pressé, mon ami. Tu dois te poser un tas de questions. Je suis disposé à y répondre.

Face au sourire hypocrite et au ton mielleux du général, Sekenrâ se sentit bêtement rassuré. Après une brève hésitation, il demanda, confiant :

— Qu'est-ce que c'est que cet engin ?

— Une bombe, révéla Bellhaie sans détour. Elle s'appelle Judas-316, il s'agit là du prototype que j'ai volé à la base militaire dans laquelle je travaillais. Je compte la faire exploser après la cérémonie de ce soir. Tous les infidèles mourront.

Effaré, Sekenrâ recula en tremblant sur ses jambes, les mains à la hauteur du visage comme pour se protéger :

— Tu es fou. Tu n'es pas des nôtres, le démon te possède. Seth t'a séduit par la richesse et la luxure.

Cette fois, l'air pacifique disparut du visage du général. Il gronda en montrant les crocs, les yeux exorbités, les doigts crispés, prêt à se jeter sur sa victime. Sekenrâ recula encore puis se heurta à un soldat derrière lui. Deux autres hommes entrèrent dans la pièce en refermant les lourdes portes. L'obscurité emplit les lieux, laissant juste assez de lumière pour voir le visage de Sethesh, serviteur du mal, déformé par la colère :

— Vous et vos stupides rituels ! Chaque année vous vous opposez au pouvoir de Seth en endormant sa fureur avec quelques sacrifices ridicules. Mais cette fois je vous en empêcherai. Je ne ferai pas un sacrifice à Seth, mais un cadeau ! Je répandrai la grande nouvelle par l'intermédiaire de Judas, puis je trouverai une épouse mortelle pour le seul Dieu. Ensuite, plus rien ne s'opposera à sa toute puissance. Plus rien ! Vous entendez ?!

— Je dois prévenir les autres prêtres, laissez-moi partir !

— Non, tu n'iras nulle part, misérable.

— Laisse-moi au moins rentrer chez moi, dans mon pays. Je garderai le silence. Au nom de notre amitié, je t'en prie Sethesh.

— Nous n'avons jamais été amis. Je me suis servi de toi pour infiltrer votre secte et la retourner à l'avantage de Seth. Et je n'aurai aucun remords une fois que ton cadavre pourrira au fond du vieux puits asséché qui se trouve à quelques mètres de la bâtisse.