Chapitre 43 - Pas d'issue

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Une clef tourna dans la serrure. Assise au fond d'une petite pièce sombre, Amanda se serra contre l'épaule de son époux. Lorsque la porte s'ouvrit, un rai de lumière éblouit la jeune femme, puis deux ombres mouvantes furent précipitées à l'intérieur. L'une d'elle s'affala sur le sol tandis que l'autre heurta quelques balais rangés là. La porte se referma et la voix du sergent Davis retentit, rauque et moqueuse :

— Amusez-vous bien !

— Laissez-nous sortir de là ! s'écria Annette sans s'attendre le moins du monde à ce qu'on lui obéisse.

— Désolé, gente demoiselle. Mais mon pote Rick vous tiendra compagnie, c'est son placard que vous partagez, et si vous cherchez bien vous finirez par le trouver. Seulement je vous préviens, il a tendance à se... disperser. A la prochaine !

L'infâme militaire s'éloigna avec un rire gras.

— Aïe ! s'écria Jonathan en trébuchant sur ce qui semblait être des boîtes en carton. Mais on n'y voit strictement rien dans ce trou à rat !

A quatre pattes sur le sol, la main de l'homme écrasa quelque chose.

— Daniel, c'est vous ?

— Non.

— Annette ? Amanda ?

Les deux femmes répondirent par la négative. Inquiet, Jonathan tâta l'objet. Il était froid et raide... Une main ! Une main ! C'était une main ! Le colonel jeta aussitôt la chose très loin de lui. Un cri retentit. Il s'agissait d'Amanda.

— Quoi ? s'inquiéta Daniel en remarquant l'agitation de sa bien-aimée.

— Quelque chose. Là. C'est tombé. Là, c'est... Ah ! Une main ! J'en suis sûre, c'est une main complètement gelée !

— Désolé, murmura Jonathan, embarrassé.

— C'est toi qui m'as balancé ça à la figure ?!

— Elle doit appartenir à ce dénommé Rick dont Davis a parlé, intervint Annette, tentant de calmer les deux militaires.

— Ce type a dû en voir des vertes et des pas mûres dans ce placard, ajouta Daniel. Ça me donne mal au ventre.

Brusquement, Amanda se jeta sur son supérieur hiérarchique, sans connaître avec précision sa position. L'objet macabre qu'il lui avait jeté au visage l'avait mise dans tous ses états. Ils roulèrent à l'aveugle dans les cartons, s'étranglant l'un l'autre, jusqu'à ce que la jeune femme gémisse de douleur et abandonne la lutte. Son assaillant l'avait agrippée par le poignet, celui qu'elle s'était foulée en tombant du haut du phare. Ayant perdu connaissance au moment de l'atterrissage, elle ne se souvenait de rien, hormis qu'elle s'était réveillée dans ce placard noir protégée par les bras de son tendre époux.

— Qu'est-ce que vous faites ? paniqua Daniel.

Il ne voyait rien dans cette obscurité, d'autant plus qu'il avait perdu sa nouvelle paire de lunettes dans la tentative de fuite. La jeune femme s'apprêtait à le rejoindre pour le rassurer lorsqu'un objet se brisa tout à coup sous son pied. Elle n'osa pas vérifier de quoi il s'agissait et s'en éloigna rapidement. Accroupi par terre, Daniel s'approcha de l'endroit en tâtonnant le sol. Il sut qu'il était arrivé au bon endroit lorsqu'il se coupa la paume de la main avec un débris de poterie.

— Il y a quelque chose de, de mou et... Ah oui, on dirait un intestin, un poumon, un cerveau peut-être. Je ne sais pas trop... Et ça devait être gardé dans une sorte de vase.

A Double Tranchant (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant