Chapitre 31 - Chaos et Destruction

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Cinq heures. C'est ce qu'indiquait la montre de Jonathan. Il faisait encore nuit mais quelques rayons de lune perçaient le toit formé par les arbres. Lisa avait conduit ses deux acolytes jusqu'au repère de l'OESA et ils étaient à présent dissimulés derrière un rocher. La petite reine se cramponnait à la lettre du Maître de toutes ses forces et ne lâchait pas le colonel d'une semelle. Oui, elle avait peur. Cela faisait des années qu'elle avait dompté et banni ce sentiment, pourtant son cœur battait plus fort que les tambours du défilé militaire et sa respiration saccadée devenait difficile. Le colonel remarqua alors qu'elle avait pâli à en effrayer un fantôme.

— Lisa, murmura-t-il. Tu ne te sens pas bien ?

Il la saisit par les épaules et prit son corps passif dans ses bras.

— Amanda ! Amanda ! Elle a perdu connaissance, viens vite !

La panique lui avait fait baisser sa garde et il avait haussé le ton pour appeler le lieutenant. Aussitôt, quatre gardes surgirent de derrière les buissons et les menacèrent de leurs armes. Sans prêter aucune attention aux explications des intrus, ils les conduisirent à l'intérieur de la base. Personne ne remarqua l'enveloppe qui s'échappa des doigts inertes de Lisa.


* * * * * *


Annette avait été enfermée dans une cellule avec Daniel. Il reposait sur ses genoux, inconscient. Son dos n'était plus qu'une immense étendue de sang mêlée aux lambeaux de peau, lorsqu'il en restait. Il n'avait rien divulgué et avait résisté jusqu'au bout. Elle ignorait combien de fois le fouet s'était abattu sur le dos du jeune homme, trente ou quarante, peut-être plus. En tout cas ça avait été long, très long. Et elle avait certainement souffert plus que lui, qui avait fini par perdre connaissance, en assistant à cette scène en pleine possession de ses capacités mentales mais néanmoins impuissante.

Quelques minutes plus tard, la jeune stagiaire de l'infirmerie se présenta devant les barreaux. Elle fit glisser une petite trousse de soin à l'intérieur avec un sourire timide puis tourna le dos aux deux captifs.

— Attendez ! s'exclama Annette.

La demoiselle s'arrêta. Elle eut quelques secondes d'hésitation puis se rapprocha à nouveau de la cellule. Les gardes étaient derrière la porte blindée et ne percevaient aucun son provenant de l'intérieur. Sans cela, la stagiaire n'aurait pas osé faire demi-tour.

— Mélanie, c'est bien ça ?

— Oui, confirma-t-elle d'une voix tremblante et presque inaudible.

— Je suis sûre que vous êtes au courant de ce qui se passe ici.

— Ils ne font rien de mal, je vous l'assure.

— Rien de mal ? Vous avez vu dans quel état se retrouve le docteur Siler ? s'offusqua Annette.

— Il fallait qu'ils protègent leur secret.

La stagiaire voulut à nouveau s'en aller, gênée par les questions embarrassantes et le mutisme qui s'était installé.

— Non, ne partez pas encore. S'il vous plaît... Pourquoi est-ce que vous ne vous incluez pas dans le groupe ? Vous dites tout le temps « ils ». Quel est donc « leur » secret ?

Mélanie ravala sa salive, hésitante. Elle jouait nerveusement avec ses doigts en jetant des coups d'œil inquiets aux alentours :

— Je ne suis pas des leurs, je n'ai pas les mêmes convictions.

A Double Tranchant (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant