Le lendemain matin, à sept heures précises, le docteur Lisa Milton se présenta à l'entrée de la base. On la fit conduire directement dans le bureau du général Bellhaie. Ce dernier, ayant oublié le rendez-vous matinal, était encore en train de se préparer à la hâte dans sa chambre. Seule dans la pièce, Lisa se sentit immédiatement chez elle. Elle effleura du bout des doigts le dossier d'un fauteuil placé à l'angle de deux murs puis s'y installa, jambes croisées, mains jointes. Elle voyait et contrôlait tout d'ici.
Interrompant les réflexions de la jeune femme, quelqu'un frappa à la porte puis, sans attendre de réponse, entra. Il s'agissait, pour le plus grand bonheur de Lisa, du colonel Filips. Elle se leva, rajusta sa jupe et son chemisier d'un bouton trop grand ouvert, puis s'avança vers l'homme en affichant un sourire épanoui :
— Bonjour Jonathan. Ça me fait plaisir de vous revoir.
— Moi aussi, répondit-il un tantinet gêné.
Il lui tendit la main mais elle préféra déposer deux bises délicates sur ses joues.
— Le général n'est pas là ? J'ai besoin d'un dossier, s'expliqua l'homme confus.
— Lequel ? Je vais vous aider à le chercher.
— Le 317 section chimie.
Lisa se dirigea vers le bureau puis, dos au colonel, elle se pencha en avant pour fouiller parmi les nombreuses feuilles en désordre. Très vite, elle trouva ce qu'elle cherchait et brandit le document au-dessus de sa tête pour le montrer à Jonathan. Elle reposa ensuite les feuilles sur la pile de dossiers où elle les avait trouvées puis fit face à l'homme, malicieuse. Elle posa les mains sur le bureau derrière elle en s'asseyant à demi dessus :
— Viens chercher ton dossier Jonathan, si tu l'oses. Je ne vais pas faire tout le travail.
Relevant le défi, le colonel ravala sa salive et fit quelques pas. Lisa et lui étaient face à face. A peine quelques centimètres les séparaient. Il tendit le bras en direction du dossier mais ne parvint pas à l'atteindre. Retenant son souffle, il se pencha davantage encore. Sa joue effleura l'épaule de la belle, toujours immobile. Il sentit son parfum enivrant lui monter à la tête. Il était comme paralysé. Elle tourna alors le visage vers lui. Moins d'un centimètre les séparait.
Perdant tout contrôle de lui, Jonathan laissa tomber son dossier par terre et s'approcha encore. Lisa entrouvrit les lèvres et franchit les derniers millimètres qui les séparaient. Leurs souffles se mêlèrent pendant quelques instants et ils oublièrent tout, les problèmes, la peur, la méfiance. La main hésitante du colonel se posa délicatement sur la hanche de la jeune femme. Quelle délicieuse sensation à laquelle il n'avait plus goûté depuis si longtemps, depuis...
Le souvenir d'Amanda traversa soudain son esprit et tout fut fini. Il tourna la tête de côté, gêné, plein de remords. Lisa n'avait pas cillé, ses douces paupières demeuraient closes, savourant encore ces instants. Enfin, elle remarqua la réaction de Jonathan.
— Ça va ? demanda-t-elle chaudement en posant la main sur la joue de l'homme.
— Nous sommes dans le bureau du général, inventa-t-il en guise d'excuse.
— Je croyais t'avoir dit que j'aimais prendre des risques. Ça rend les choses plus excitantes, tu ne trouves pas ?
Jonathan recula jusqu'à la porte sans oser regarder Lisa dans les yeux. Comprenant qu'elle ne parviendrait pas à le retenir plus longtemps, elle ramassa le dossier tombé par terre puis le lui rapporta. Il la remercia brièvement, soulagé qu'elle n'insiste pas comme à son habitude, et s'éclipsa en vitesse. Lisa était très satisfaite de son charme envoûtant, elle était sur le point de décoincer Jonathan et de lui faire oublier Amanda. Elle savait bien qu'elle était irrésistible, et ce même si elle avait passé les deux dernières nuits seule dans son grand lit vide. Ce soir en tout cas, Jonathan serait à ses côtés, elle ne lui laisserait aucune chance de s'enfuir cette fois.
Le général arriva peu de temps après et informa Lisa des derniers détails concernant son poste à la base. Elle alla ensuite dans la chambre qui lui avait été assignée pour y ranger ses affaires. La pièce était petite mais suffisante. Il y avait un grand placard, un bureau et une télévision. En revanche, il n'y avait qu'un lit à une place, ce qui allait poser un problème. Voilà qui était relativement limité pour ses occupations nocturnes. De surcroît, les gardes refuseraient de laisser passer ses conquêtes extérieures à la base. De toute évidence, il allait falloir qu'elle se trouve un logement en ville.
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A Double Tranchant (Terminé)
Misterio / SuspensoSéductrice accomplie, le docteur Lisa Milton pense laisser son passé trouble derrière elle en acceptant un nouveau poste dans une base militaire souterraine. Avant même son premier jour, elle a déjà jeté son dévolu sur un charmant colonel. Pourtant...