La meute de l'Est - [BL]

prologue

Nous n'avons pas les réponses, mais tu es là et vivant. C'est tout ce qui compte finalement !

Je relis la dernière phrase, écrite par mon père, dans son carnet d'enquête en conclusion de ses recherches infructueuses. Il m'a conseillé de me résigner, mais je ne désespère pas encore et le cahier va me suivre dans mes bagages à Nice, là où vais étudier la médecine.

Les questions, auxquelles je veux répondre, sont les suivantes :

Qu'est-ce que je suis ?

Je suis un ulfarks, un changeant-loup, mais pas que... j'ai pas mal d'anomalies me concernant à comprendre.

Qui a mordu ma mère ?

Pourquoi a-t-elle agi dans le secret ? En trahissant mon père ?

Les ulfarks ne naissent que de deux parents ulfarks, une évidence. A contrario une humaine, même en couple avec un changeant-loup, ne donnera pas naissance à un enfant du monde magique. La seule solution est la transformation de la femme, par morsure. Ma mère était humaine et contre la volonté de mon père, a donc choisi de se faire mordre par un inconnu, afin que je naisse ulfarks. Elle en est morte !

Accessoirement, qui sont ces mystérieux loups qui ont gravité dans notre village de Val Saint Marcel à ce moment-là ? Ce sont les trois suspects que mon père Frédéric n'a jamais retrouvés.

Il a tout sacrifié pour moi et renoncé à sa vie en meute pour devenir l'assistant de notre scientifique Liam. Avec lui, il a trouvé un allié de poids pour me protéger. Ils n'ont qu'un seul but : que je vive. J'ai eu de la chance jusqu'à maintenant, parfois, et particulièrement des journées sombres comme aujourd'hui, où l'angoisse m'étouffes, je pense qu'on aurait dû m'achever à la naissance, me libérer de cette misère.

Liam aussi est un loup, asocial, perclus de rhumatismes et qui ne peut plus changer. C'est surtout un médecin et un savant surdoué qui m'a fait des certificats médicaux, indiquant que je suis un asthmatique sévère qui ne peut se transformer. Tout est bidon comme l'inhalateur qu'il a conçu, un camouflage qui envoie des odeurs de jusquiame et de menthe poivrée, des fragrances que les loups détestent. Depuis quelques jours, je ne lâche pas cet appareil, comme une bouée à la mer.