La meute de l'Est - [BL]

5- Sortie nocturne

Résumé des chapitres précédents :

Martial découvre la résidence de la meute et il rencontre Ira sans comprendre son attirance immédiate pour le garçon. Ils seront douze loups qui vont étudier à Nice dans différents cursus, certains étudiants plus âgés sont absents car en stage. Martial qui a déjà les pouvoirs d'alpha de sa famille, a l'impression qu'Ira n'y semble pas sensible, ce qui devrait être impossible. On en apprend un peu plus sur les pouvoirs des loups et de l'alpha.

***

Ira

Ils m'ont installé dans un grenier poussiéreux sous les toits, si j'étais vraiment asthmatique, ils m'auraient tué.

La grande pièce, remplie de bazars divers accumulés, que personne n'a pris la peine de vider, fait la longueur de la bâtisse. Les murs sont clairs, jaune pâle, il y a des velux avec des volets, au moins, je peux aérer. Un des ulfarks m'a monté un matelas qu'il a jeté au sol, soulevant une montagne de poussière.

─ Et pour les draps, les couvertures ? ai-je demandé.

Il a grogné que les loups n'en ont pas besoin.

Je commençais sérieusement à m'inquiéter, parce que je suis un douillet qui aime son confort, heureusement Milo est monté avec tout le nécessaire. J'ai accès à une salle de bain, tout au bout du bâtiment, pour moi seul et qui me permettra de quitter discrètement la maison, c'est parfait.

En corvée, ils m'ont donné les chiottes à laver, au motif que je pue.

J'aimerais pouvoir baisser un peu la dose de répulsif, même moi je me fais mal au nez. Cependant, il vaut mieux jouer la prudence.

J'appelle mon père et Liam, pour leur dire que je suis bien arrivé. J'entends sans mal qu'ils sont inquiets, je devine qu'ils se tiennent par la main.

Ils ont songé à réclamer la protection de l'alpha. Je n'ai pas voulu ! Cela revient à me mettre à sa merci ! Il aurait pu décider de mon sort, me marier à un inconnu pour mon bien.

Je leur ai raconté mon accueil au dortoir, j'ai pu leur parler de Laura - ce qui a l'air de leur faire plaisir. Je leur ai caché que l'alpha m'a fait une forte impression et enfin j'ai raccroché, en leur promettant de m'asperger de repousse-loup encore plusieurs semaines.

Ma vie ici va être compliquée, car en plus des études et de mes recherches, je vais devoir me dissimuler constamment. J'ai été affirmatif pour rassurer mes pères, mais je ne suis pas sûr d'y arriver.

Affalé sur mon matelas, je tente de me remettre de cette journée éprouvante, admirant les grains de poussière qui volent partout.

Je ne suis pas descendu manger avec eux, l'appétit coupé par la fatigue. Soudain ce soir j'ai mieux à faire, j'ai une fenêtre de tir pour sortir car ils viennent de décider qu'ils ne sortiront pas, parfait !

Autant prendre l'air quand je peux. La pleine lune est dans trois semaines et j'ai donc ce délai pour trouver où changer en sécurité. Si je n'y arrive pas, je serai bon pour rentrer en catastrophe chez mes pères. Ce sera louche quand même auprès des autres !

Je sors par l'escalier extérieur qui mène à ma salle de bain, sur le côté du bâtiment. La demeure n'est pas clôturée du côté des bois, tant pis pour les cambrioleurs inconscients qui tenteraient de pénétrer dans ses lieux. Les loups dévorent leurs victimes pour effacer les traces.

Je grimace de dégoût, rien que d'y penser, car je suis super difficile dans ce que je mange et Louve est comme moi. Je m'avance un peu plus dans les pins, ma transformation est instantanée : un pas c'est Ira, le pas suivant la louve Mira a pris sa place.

Louve est prudente et rusée, consciente de notre obligation au secret, cependant, elle est moins stressée que moi et contente de découvrir les lieux en inspirant l'air doux de la nuit.

Les louves doivent se marier obligatoirement avec un loup-garou, mais le mariage se fait aussi humainement et doit être consommé sous les deux formes : cherchez l'erreur !

Si mon mec est gay, il m'épouse humainement, mais n'aimera pas mon animal, ce qui me rendra malheureux. S'il aime ma louve, il ne pourra pas m'apprécier, moi, l'homme.

Mira me dit : relax !

Elle et moi nous avons commencé à communiquer un peu tardivement, uniquement pour mes six ans. Avant, il y avait un petit garçon et une petite louve. J'ai commencé à lui expliquer le problème, elle ne comprenait pas, puis elle a pleuré, un peu, et s'est consolée en jouant.

Nous sommes un tout, complémentaire, à la fois différent et similaire. J'ai un côté féminin et l'autre masculin, sans savoir si je suis plus l'un que l'autre. Je suis les deux ! la représentation du gender fluid. J'adore leur drapeau !

Mira repère les sentiers du massif sans chasser, à la recherche des planques, des astuces pour s'échapper en cas de besoin. Des lapins passent devant son museau, sans qu'elle songe à les poursuivre. J'ai déjà étudié la topographie du massif avec Liam. Je repère in situ les grottes et autres cours d'eau ou passage qui semblent infranchissables, mais que je devrais franchir pour me sauver et échapper à des poursuivants déterminés.

En galopant, louve pense à Martial, elle l'aime beaucoup, j'ai du mal à la convaincre que cela n'est pas possible, qu'il ne sera jamais notre âme sœur. Elle cède à regret, gémissante et ridicule quand je lui réexplique que ce gars ne peut pas nous aimer, nous deux.

C'est bizarre de se dire que l'on n'est pas d'accord avec soi-même, c'est le lot des changeants.

Nos plus proches voisins dans les montagnes sont un couple d'aigles-changeants. Rafaelo a quand même la particularité d'avoir le vertige en tant qu'humain, alors que son aigle vole dans les cieux. Son épouse Sondra est une femme bordélique et une aigle soignée.

La louve, c'est moi aussi, mais une personnalité terre à terre, plus cool et indolente. Je suis un garçon, mais j'ai une part féminine que je ne nie pas, qui est moi aussi. Ensuite je suis gay, enfin il me semble. Louve pense que c'est normal, que cela nous permettra de partager le même : Elle m'énerve quand elle est optimiste et rêveuse comme cela !

Les cours commencent à neuf heures demain, il va être temps de rentrer, quand j'entends un craquement au loin, du bruit, je comprends bien trop tard que je suis pris en chasse. J'accélère le pas, mais j'ai un énorme souci : je ne connais pas assez le terrain. Je ne me rappelle plus par où je suis venu et stressé, je panique complètement avant de détaler.