La meute de l'Est - [BL]

44-Le domaine des Ours

TW : violence

Résumé des chapitres précédents :

Ira est rentré et n'arrive pas à parler à Martial des enfants qu'ils vont avoir.

L'alpha est à Nice furieux de l'attentat contre Paul et le sorcier Melchior leur a indiqué que la solution était de gêner les trafics.

Force-leur est de constater qu'à chaque fois leurs ennemis semblent avoir un coup d'avance.

Ira et Irène décident d'aller visiter le site d'Uvernet en espérant y trouver des réponses. Ils n'en parlent à personne.

***

Ira

─ Domaine des ours, nous y sommes d'après le GPS ! s'exclame Irène.

Honnêtement, j'ai cru qu'on allait mourir plusieurs fois. On ne devrait pas donner le permis de conduire à des fées ailées. Je souffle de soulagement, tandis qu'elle rigole.

Nous regardons tous les deux le plateau dévasté, au sommet d'une montagne désertique. C'est un bastion imprenable, entouré par le vide, avec un seul accès par la route à lacet que nous venons d'emprunter au milieu des bois.

Irène gare sa vieille coccinelle décapotable le long des conifères qui entourent les lieux.

Pas de doute, nous sommes bien sur les lieux d'un ancien massacre. Je me sens oppressé et Irène a cessé de siffloter. Elle vérifié son arme dans son étui. Nous parlons peu tous les deux, écrasés par la majesté des lieux. Curieusement, une pensée m'assaille : cela ferait un bon site de décollage de parapente si la plaine en contrebas est dégagée. Quelle drôle d'idée !

Je joue machinalement avec mon bracelet d'évasion à mon poignet, le faisant rouler sous mes doigts.

Contre toute attente, il y a une maison récente, des humains, pas très loin du précipice. Je ne sais pas ce que je m'attendais à trouver, peut-être un cimetière ou une plaque commémorative, après tout il y a eu de nombreux ours morts ici.

Irène grimace tout comme moi.

─ Tu sais, avant les ours c'était un ancien site des fées.

─ Ah bon ?

─ Oui, je ressens les vibrations de mes sœurs et frères du passé. Allons-y ! décide-t-elle en me désignant la maison.

L'ambiance triste de l'endroit va à merveille avec mon humeur morose. Je me sens coupable vis à vis de Martial, ce qui est injuste, après tout, je ne suis pas plus responsable que lui !

Irène est déjà à la porte de la maison et elle sonne. Une jeune sorcière, très mignonne nous ouvre, elle a l'air sympa, cependant son aura est si sombre que je rêve de partir en courant. Je voudrais avertir Irène, mais je n'ai pas le temps elle est déjà rentrée. La jeune femme n'a pas remarqué ma méfiance, elle explique joyeuse qu'elle s'appelle Denia et est ravie d'avoir des visiteurs, l'endroit est bien trop désert.

Malgré ma réticence j'emboite le pas à Irène ...puis, c'est le trou noir.

Je me réveille écœuré par des odeurs épouvantables, allongé dans une cage. Bordel, nous sommes dans un abattoir. C'est mauvais ! Ça pue le sang, la peur, l'urine. Des morceaux de viandes sont pendues et deux femmes mortes, les regards voilés vides, sont allongées au sol. J'ai un haut-le-cœur et je vomis lamentablement sur mon bermuda et mes chaussures.

J'appelle aussitôt mentalement Martial, sans succès, je recommence plusieurs fois avant de m'écrouler sans réussir à le joindre. Un horrible mal de crâne m'assomme. Malgré tout je retente encore, mais les échecs successifs me confirment que notre lien est rompu. J'en tremble et le chagrin submerge la peur et la douleur. Je réalise stupéfait combien j'y tenais finalement à ce lien.