Le lendemain matin, Arthur ordonne à ses chevaliers de commencer par s'armer et de se ranger en bataillons, mais de ne franchir le gué que quand l'adversaire arriverait au loin.
Pendant la nuit, tous les gens du pays, des gens de Malehaut et même du Nord vinrent de loin pour grossir les rangs de Camelot.
Alors qu'ils attendaient l'adversaire de pied ferme, Gauvain à leur tête, le souverain demeurait terré dans sa tente, faisant les cents pas. De son côté, Lancelot qui manquait à l'appel, se tenait à côté de la tente pour en assurer la sécurité jusqu'à la sortie du roi. Et d'une oreille distraite et trop avide il entendait chaque mot prononcé à l'intérieur de cette dernière, bien qu'il n'en fit rien pour s'en détourner.
–Mon roi...- C'était certainement la voix de l'écuyer.
Le pauvre fut coupé par l'arrivée soudaine d'une silhouette qui écartait les pans de la tente. Alors, lentement, un grand homme pénétrait l'endroit. Lancelot l'avait vu arriver. C'était une grande figure tortueuse et fine, vêtue d'une soutane de jais bordé d'un col blanc, un long chapelet à la croix disproportionnée reposant sur son torse. Un prêtre.–Mon Père. Arthur semblait à bout de souffle lorsqu'il parlait, haletant.
D'un œil trop audacieux, Lancelot avisa l'intérieur de la tente par une petite ouverture. Il savait qu'il ne devait pas, mais la souffrance intérieure auquelle son souverain semblait être en proie lui déchirait le cœur.
L'homme d'église prit alors place sur le lit, installa la Bible qu'il portait avec lui sur ses genoux. Ajouta à cela une coupe sur la table de chevet. Silencieusement, le jeune écuyer se leva, salua son souverain d'un signe de tête et sortit. S' il aperçut Lancelot en sortant, il n'a rien dit ni ne l'a regardé.Revenant à son poste, Lancelot vit Arthur se jeter aux pieds du prêtre, les mains liées, les doigts entrelacés ainsi agenouillé devant ce saint homme, plein de savoir et de sagesse. Comme un signe que Dieu venait à son secours. Il le salua d'une courbe gracieuse de la nuque, honorable salut de la part d'un Haut-Roi. Cependant l'homme ne lui rendit aucunement la salutation qui lui été adressée. A la place il s'exclama d'un air indigné ;
–Qu'aurais-je à faire de ce salut ? Comment pourrais-je le recevoir avec amitié, venant d'un pécheur invétéré comme vous,
Arthur releva la tête, un air ahuri sur le visage,"oui ! le plus invétéré de tous, comme on ne tardera pas à le voir ; déjà vous êtes près de perdre toute la puissance et tout l'honneur que vous avez eus en ce monde.
Lancelot eut un mouvement de recul, hésitant à faire interruption pour trancher la gorge de ce vieux fou. Comment osait-il manquer de respect ainsi au Haut-Roi ? Lui parler ainsi ?
Arthur avait pâli considérablement tout le long de sa tirade. Ainsi, le Seigneur lui-même quittait son côté ?
–Ah ! Mon père, vous me faites si peur ! Au nom de Dieu, dites-moi ce que je dois faire.
Il implorait, la mort dans l'âme et le champion se sentit nauséeux de voir la figure impériale ainsi voûtée et réduite. Il se sentait coupable et honteux de l'observer ainsi en secret, mais il ne pouvait détacher ses yeux d'Arthur.–C'est à n'y pas croire : tu demandes conseil, mais tu te refuses à écouter ce qu'on te dit.
–Je vous assure que je m'en remets entièrement à vous. Expliquez-moi pourquoi vous prenez mon salut en si mauvaise part et en quoi je suis un pécheur invétéré.
Le roi suppliait, abandonnait la couronne aussitôt pour la poser aux pieds de l'homme d'église, se délestant du poids de la monarchie pour le troquer contre celui de sa foi.Alors le prêtre posa une main sur la tête du souverain, le prenant en grâce. Lancelot s'avança un peu plus, ouvrait le trou par lequel il était autorisé à les regarder.
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Requiem Aeternam
FantasyFix-it des légendes Arthuriennes :) Pas encore de titre / résumé fixe pour l'instant