Chapitre 14

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 Et pour cause, le matin de Beltane, quand Lancelot s'était levé, des bouquets de fleurs avaient été disposés à la place des torches sur leurs attaches aux murs, des couronnes de fleurs remplaçaient les broches dans les cheveux des servantes et les domestiques portaient tous une branche de muguet.

Lancelot s'était vu se faire offrir une délicate jacinthe lila, dont l'odeur était aussi douce que la couleur. Lui-même avait endossé un gilet vert foncé par-dessus une chemise écrue, sa taille étreinte par une ceinture de cuir. Fidèle à ses traditions et à son peuple, il avait attaché autour de ses poignets des rubans de voeux sans même savoir si le solstice était célébré ou non : un rose pour l'amitié et l'harmonie, un carmin pour le désir et la passion, un orange pour le courage et la chance, et un couleur d'azur pour la guérison et la santé.

Dans les coiffures des servantes étaient joliment noués des rubans de couleurs différentes, certaines les portaient autour du cou. Les servantes, eux, les portaient au poignet ou en guise d'attache à cheveux pour ceux qui les possédaient longs.

Tout au long de la journée, les différents rituels avaient défilé sans cesse devant les yeux de Lancelot. Au déjeuner, on avait servi de nombreux mets à base de miel, beaucoup de légumes pour peu de viande.
Après le déjeuner, avant qu'il ne quitte la table, une jeune servante de son âge lui avait offert une couronne de fleurs plutôt majestueuse, composée entre autres d'aubépine, de marguerites, de roses et de muguet, et au milieu de ce bouquet des brindilles étaient tressées pour renforcer le corps de la coiffe, et à tout cela s'ajoutaient des branches de romarin et de thym laissant de douces effluves sur son passage.

Pendant la journée, il n'avait pas hésité à se joindre aux jeunes filles pour confectionner le grand mât de Beltane. Personne ne lui avait lancé de regard désapprobateur ou de remarques désobligeante pour se livrer à de telles activités, et il était reconnaissant d'avoir ici, au fil du temps à Soreloise, trouvé un véritable hâvre de paix au sein du château, où il était aimé de tous et accepté malgré sa réputation en dehors du fort. Il soupçonnait bien le roi d'avoir dressé un portrait bien trop élogieux à ses sujets mais il s'en enorgueillissait avec avidité.

Ensuite, il a aidé à la fabrication des couronnes de fleurs. Ces mêmes couronnes de fleurs ont été menées aux jeunes filles déjà présentes sur les lieux des feux de joie qui étaient déjà allumés. A côté du plus majestueux, on a installé le grand mât dont les rubans volaient déjà au vent.
La Reine de Mai était dès lors occupée, elle aussi, à confectionner les tiares fleuries en compagnie de charmantes demoiselles qui semblaient toutes n'avoir d'yeux que pour le jeune chevalier. Elles gravitaient autour de lui dès son arrivée, volaient des touches légères et futiles à ses mains, ses bras, son torse parfois, si bien que Lancelot se pensait entouré de nymphes comme les fées de sa terre natale.

Le roi n'avait pas fait d'apparition depuis le début des festivités. Le champion n'avait vu ni les flammes de ses cheveux de feu ou l'éclair de ses sombres pupilles. Même au détour des couloirs ou au repas, il ne l'avait pas aperçu et cela commençait à le peiner.
Ce n'était que quand il avait pénétré dans les cuisines au sous-sol qu'il l'a vu. Une bonne odeur de pain chaud et d'encens emplirent les narines de Lancelot dès son arrivée. Dans la chaleur étouffante des fourneaux, le seigneur était attablé. Absorbé dans ce qu'il confectionnait, il semblait ne pas avoir entendu l'entrée du chevalier. Alors Lancelot s'approchait à pas de loup, droit. Plongé dans ses confections, le seigneur fut prit d'un sursaut quand il le vit et de ses mains tombèrent ses œuvres.

"–Sire !

–-Pardonnez-moi mon roi, je ne voulais pas vous effrayer.

Penaud, Lancelot passa une main dans ses cheveux, un sourire gentil sur le visage.

Requiem AeternamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant