Chapitre 22

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"–Sire Lancelot, c'est avec un immense plaisir que tout Camelot vous accueille à nouveau ici. L'honneur est tout bonnement votre retour.

Tous les doutes cultivés durant son trajet s'envolèrent à ces mots, et Lancelot serra son roi contre lui de plus belle. Au début, il fut surpris de l'étreinte que lui donna Arthur. C'était une étreinte chaleureuse, serrée, une étreinte engendrée par l'amour et l'honnêteté. Oublié toute la peur et le doute, oublié Soreloise et son seigneur doré. Derrière lui, on l'acclamait, on scandait son prénom, Camelot retrouvait son Champion. Il était à nouveau empli de fierté et de joie.

Les boucles blondes du roi chatouillaient ses joues, gentilles excuses pour l'acier qui s'enfonçait dans sa chair par la puissance de l'étreinte. Mais à ce moment précis, peu importe la dureté de son armure ou la douceur de la peau d'Arthur, peu importe le calme de son esprit et le vacarme du peuple, tout semblait parfait.

Derrière le souverain, Lancelot posa enfin ses yeux sur la reine. La reine, Genièvre. Guenièvre toujours drapée de son absolue douceur malgré son impassibilité. Mais malgré la réserve qu'elle semblait se faire violence pour garder, Lancelot pouvait tout lire de ses yeux bleus, de la subtile courbe de ses sourcils. Et bientôt la reine s'approcha, lentement, fière et bienveillante, elle leva la main. Dissimulée par la carrure imposante d'Arthur, elle vint accrocher ses doigts à ceux de Lancelot. Le coeur du chevalier explosa, il ferma les yeux, incapable de mordre son sourire cette fois. Il serra les doigts de sa reine, trop peu préoccupé par les regards indiscrets derrière eux, par les rumeurs et les paroles.

Quand il rouvrit les yeux il fut reçu par une Guenièvre souriante. Pas un grand sourire teinté de joie tel que celui du roi, un sourire réservé et presque timide, cependant témoignant d'un bonheur égal. Les longs cheveux de la reine volaient à la brise du matin, elle le regardait avec une dévotion à faire ses entrailles se nouer, et ses doigts dans les siens n'avaient jamais été aussi doux.

C'était comme si le temps venait brutalement de s'arrêter, en cet instant sublime il oublié tous ses doutes et ses souffrances. Enfin, le roi le lâcha, ce qui permit à Lancelot de le contempler entièrement. Et comme par refus de se quitter, lui et Arthur continuèrent à se tenir par les bras, s'éloignant en une longue et étrange caresse qui envoya des frissons dans sa colonne vertébrale.

–Vos Majestés, Lancelot s'inclina. Il venait de le faire peut-être mais dans l'euphorie du moment, il n'arrivait même pas à s'en souvenir. "J'espère que le royaume se porte bien et qu'il n'est plus la proie d'aucun danger. Sa voix tremblait malgré l'assurance qu'il aurait voulu lui donner.

A ces mots, le regard d'Arthur se teint d'une tendresse encore plus grande, et c'est à ce moment là que Lancelot remarqua que la reine avait avancé aux cotés du souverain, et se tenait maintenant aussi grande et digne. Ils formaient à eux deux le couple des contes, les grands seigneurs bons et généreux.

–Sire, commençait le roi en inclinant doucement la tête dans une salutation plus officielle, mais qui servait bien plus de décorum maintenant qu'il l'avait étreint devant toute la cour. "Les dires de mes correspondances sont toujours d'actualité, le royaume se porte beaucoup mieux qu'il ne l'a été. Il a cependant souffert de l'ambiance de son Champion. Le roi marqua une pause "Nous sommes tous heureux de vous compter parmis nous à nouveau, Lancelot.

Lancelot remercia son roi d'une ultime révérence avant de se tourner vers la cour, et il se laissa arroser des louanges et des cris de son prénom avec avidité. Comme c'était bon d'être de nouveau chez lui, comme c'était bon de revoir tous ces visages familiers. Comme ce jour-là où il avait remporté ses premières joutes, il se sentait enfin accueilli à bras ouverts dans son royaume, contrairement à l'accueil qui lui avait été réservé aux Iles Lointaines. Lancelot aurait tout voulu leur dire. Tout, de son arrivée à Soreloise à Beltane, jusqu'au message de sa mère puis son départ forcé. De la mélancolie qui l'étreignait, jusqu'aux sentiments les plus exquis qu'il avait connus au côté de Galehaut. Comme il aurait voulu tout leur partager, leur faire connaître les chagrins et les amours de son cœur.

Requiem AeternamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant