"–Un message pour vous, messire. L'avait informé Aloïs lorsqu'il était venu lui apporter une petite enveloppe. Il la déposa sur la table, et se saisit des coupes de fruits qui commençaient à pourrir. Lancelot n'avait jamais été friand des poires.
–Merci, Aloïs. Dis-moi, as-tu tout ce qu'il te faut pour lundi prochain ?
–Oh oui, messire. L'armure me va parfaitement. Merci encore. Répondit l'écuyer, gardant soigneusement son regard au sol, les mains liées dans le dos.
Lancelot attendit le départ de son écuyer, puis se précipita sur le mot laissé par ce dernier. Scellée d'un sceau de cire vermillon, elle tenait dans la paume de sa main. Lorsqu'il en brisa le sceau, il prit grande attention à ne pas échapper la cire. Pour cause, il la recueillit soigneusement au creux de sa main, et la versa dans un de ces petits paniers d'osier tressés qui servent normalement au transport des épices pour les repas. Lancelot glissa ce dernier dans un tiroir, puis déplia la lettre.
C'était un mot de Guenièvre ! La reine l'attendrait le soir même, dès le coucher du soleil, dans ses jardins privés. Incapable de retenir un sourire, il caressa du doigts le papier, traça du bout de son index les courbes de l'écriture de sa reine.
–De qui est-ce ?
Des bras suivirent bientôt l'interrogation, et étreignirent délicatement la taille du Champion. Prit de panique, Lancelot replia le mot en deux, et referma la main. Ainsi, il fit mine de glisser ses doigts sur ceux du roi, et se pencha dans l'étreinte offerte.
–D'Arthur. Il souhaite me voir.
–Le fait-il ?
–Crois-tu que je te mentirais, Gale ?
Il sentit Galehaut sourire contre sa nuque.
–Jamais.
De ses doigts, Lancelot réduit en une boule le mot de la reine. Enfin, il pivota sur lui-même. Attrapant de ses lèvres celles du roi, il l'attira dans un long baiser, et de sa main libre, se saisit de sa mâchoire pour le garder en place. En couvrant son amant de baisers, Il pensait toujours à cette maudite lettre, quelques grammes de papier à peine et quelques mots d'encre à cause desquels il détournait le vert de ses yeux. Il ne savait que faire si ce n'est risquer de tout perdre et un geste audacieux. Lestement, il glissa une main dans son dos, cette même main qui contenait le mot froissé. Et, lentement, il entreprit d'ouvrir le tiroir dans lequel auparavant, il avait glissé le cachet de cire.
Dans ce tiroir là, il y déposa la lettre, menant sa langue à danser avec celle de Galehaut. La distraction, pensa-t-il, sa meilleure arme à cet instant. Son pouls battait dans sa gorge, témoin de la traîtrise méditée de ses gestes. Seulement ce battement-ci pouvait facilement être interprété autrement... Il frissonnait, tremblait et bénissait l'instant, la méprise de l'amant quant aux sensations de l'amour. Lancelot soupira entre les lèvres du roi, assez fort pour camoufler le bruit du verrou lorsqu'il tourna la clef dans la serrure du tiroir, glissant ensuite cette dernière dans sa manche.
* * *
La salle du trône s'ouvrit devant lui, dévoilant une scène majestueuse. Les murs étaient ornés de riches tapisseries, racontant les exploits passés de la Table Ronde. A chaque fois qu'il y entrait, Lancelot ne pouvait s'empêcher de contempler les richesses et les détails de la pièce, en redécouvrant les moindres dorures à chaque nouvelle visite. Sur son chemin, Bedivère le salua. Le sénéchal à ses cotés fit de même, cependant avec un entrain bien moins présent. Au bout de la pièce, sur son trône d'or, se tenait Arthur. Son regard sagace scrutait l'horizon, tandis que ses conseillers s'agitaient autour de lui. Lorsqu'il aperçut Lancelot cependant, son visage sembla s'illuminer.

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Requiem Aeternam
FantasíaFix-it des légendes Arthuriennes :) Pas encore de titre / résumé fixe pour l'instant