CHAPITRE TROIS

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TW- violence psychologique et physique
III- Léonie

- Vous avez vu la grosse ? Elle a trouvé un mec.

J'entendais parler un groupe de fille de l'autre côté de la porte des toilettes du vestiaire. Je savais qu'elles parlaient de moi. Je n'étais pas grosse, j'avais des formes, trop, selon ma mère, mais dans la moyenne selon les centaines de nutritionnistes qu'elle m'obligeait à voir.
- Mais non ? La grosse sorcière a trouvé un mec ?
- Ouais, plutôt pas mal en plus.
- Tu sais qui c'est ?
- Un gars en art, Paul.
- La garce. Cette pute mérite même pas de respirer le même air que nous et elle est en couple avant moi ?
Je me gardais bien d'intervenir et de préciser qu'être en couple n'étais pas une fin en soit.
J'avais de la chance que Paul me regarde, que je ne le dégoûte pas avec mes yeux, mes cheveux, mes tâches, mes cuisses, mon ventre. Il avait l'air de ne rien voir de négatif à tout ça. Il semblait même ne rien remarquer d'étrange.
J'attendais qu'elles sortent du vestiaire, je ne voulais pas qu'elles me frappent à nouveau. Mon œil au beurre noir commençait enfin à dégonfler et mes poumons ne me brûlaient plus quand je respirais.
J'avais de la chance que Paul apprécie mon physique. Je devrais tout faire pour le garder, je n'aurai peut-être plus cette chance.


Quand mon réveil sonna il me fallu un moment pour me rappeler où j'étais et surtout chez qui. Je me sentais nauséeuse, encore groggy par le sommeil et retournée par les bribes de passé qui avaient surgit dans la nuit. Je me levai, il me fallait des vêtements propres et une bonne douche, la séparation avait fait resurgir mes vieux démons et je sentais le besoin de me laver pour anéantir toute trace de ces souvenirs humiliants. Hier, sur la tablette de la salle de bain j'avais vu qu'il y avait un dressing, je décidai donc de partir à sa recherche.

La porte de Simon était ouverte mais il faisait trop sombre pour que je puisse voir s'il dormait encore. En regardant dans le couloir je vis une troisième porte mais un verrou à code bloquait l'accès, ce devait être son bureau.

En me dirigeant vers l'autre escalier je croisai le regard du chef qui préparait déjà le petit déjeuner, je lui fis un signe de la main et il me répondit d'un signe de tête. Je le préférais largement à Maéva, au moins pour lui j'existais. En face de la  salle de bain où je m'étais lavée la veille, se trouvait donc le dressing. C'était une pièce toute en longueur et digne d'un film. Au centre, des meubles avec des montres, des chaussures, des baskets, et des sacs de voyages, sur les cotés des vestes, des cabans, des pantalons de costumes, des tiroirs à cravates et enfin, ce que je recherchais, des chemises. J'essayai la plus courte d'entre toutes mais elle restait toujours trop longue, tant pis, une fois dans mon pantalon cela ne se verrait plus. Je retirai le short, le t-shirt et les posai sur un banc.

7h, j'étais coiffée, habillée et mon lit était fait, j'entrepris donc de proposer mon aide au cuisinier.

- Vous êtes aimable mademoiselle mais je suis payé pour faire le travail seul. Asseyez-vous en attendant Monsieur Moros.

- Simon doit encore dormir, il ne remarquera rien, dis-je gênée de le regarder sans rien faire.

- Monsieur Moros est levé depuis 5h30 mademoiselle.

- Si tôt ? Appeler moi Léo... S'il vous plaît.

- Oui, Monsieur Moros se lève tout les matins à la même heure du lundi au dimanche, même en vacances. Il fait son sport puis il part dans son bureau jusque 7h15 où je lui sers son repas.

Je me tus, un peu surprise. Je pensais que Simon était plutôt du genre à se lever à midi, on le voyait si peu (ce qui était loin de me décevoir). Je regardai l'homme s'affairer aux fourneaux, cuire les œufs, faire les pancakes, laver les fruits, avoir un chef c'était vraiment classe ! Il me servait une tasse de café quand Simon apparut dans un costume noir, la cravate nouée, et les cheveux coiffés en arrière, il était décidément mieux les cheveux mouillés et décoiffé. Il me regarda, un sourcil haussé, comme s'il se demandait ce que je faisais là, chez lui, à cette heure, et pour être honnête,  je me le demandais aussi. Le chef déposa des pancakes sur le comptoir, ce qui sorti Simon de ses pensées.

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