CHAPITRE CINQ

80 6 0
                                    

V- Léonie

J'étais dans la cuisine pour servir des croquettes à Harry, quand Simon me tendit une robe fourreau noire.

– J'ai faim et j'ai donné sa soirée au Chef Étienne, allons au restaurant.

– Je pourrais aussi faire à manger.

– Tu n'aimes pas ça.

– Comment tu sais ça toi ?

– Tu me l'as dit, la première semaine de cours.

– Ah oui, quand je n'avais pas encore compris que t'étais un blaireau tu veux dire ?

C'était il y a des milliards d'années, j'étais étonnée qu'il s'en souvienne. Effectivement, à
cette époque je ne mangeais que des pâtes lyophilisées pour ne pas avoir à cuisiner. Je plissai les yeux et ajoutai :

– J'ai des vêtements tu sais ?

– Pas pour ce genre de restaurant.

Connard.

– Bien, capitulai-je.

Je mourrais de faim et j'avais hâte de manger.

Comment peux-tu être aussi grosse en mangeant si peu ?

Harry était monté sur le plan de travail pour renifler chaque recoin de la cuisine,
certainement à la recherche de nourriture, ce chat était un estomac sur pattes.

- Il semble être à son aise.

- Ce n'est pas un grand stressé.

Je rigolai en voyant mon chat allongé sur le dos, les quatre pattes en l'air, quémandant des caresses. Ca non, il n'était pas perturbé. Simon semblait étonné de me voir rire, ça n'arrivait pas souvent en sa présence, ça n'arrivait même pas tout court ces derniers temps. Je montai me changer dans ma chambre et remarquai que mes sacs avait été montés et qu'un arbre à chat ainsi qu'un panier avaient été installés. Je trouvai ça gentil comme attention, trop gentil pour lui, ce devait être une initiative de l'un.e de ses domestiques.

La robe était douce. Malgré sa mince épaisseur, je n'allais pas avoir froid avec ses manches longues et moulantes. La robe m'arrivait au dessus du genoux et laissait apparaître un joli décolleté. Le tout était classe et sexy sans être vulgaire, elle mettait parfaitement mes courbes en valeur.

Une femme comme toi ne devrais pas porter une telle robe.

Je chassai cette pensée et me demandai quel genre de psychopathe pouvait bien garder chez lui des robes aussi habillées, puis je me souvins que c'était de Simon dont il s'agissait, et qu'en termes de femmes, mieux valait ne pas trop creuser. J'enfilai ma paire de talons hauts et quelques bijoux, je ne voulais pas lui donner la moindre occasion de me faire une réflexion. Surtout, j'avais enfin eu l'idée de ma vengeance. J'allais le faire devenir dingue de moi, le rendre dépendant, puis, une fois qu'il ne pourrait plus se passer de moi, je le repousserai, je lui expliquerai que tout ceci n'avait été qu'un jeu. Devant le miroir j'arrangeai mes cheveux en une queue de cheval haute. Il voulait jouer ? Parfait, alors je gagnerai.

Je sentais son regard alors que je descendais les escaliers. J'avais volontairement laissé ouverte la fermeture dans mon dos, arrivée à sa hauteur je minaudai :

– Je n'arrive pas à la fermer.

Un classique, mais il fallait bien commencer quelque part. Je me tournai, lui dévoilant mon dos nu. J'observai son reflet dans les grandes baies vitrées. Il s'était changé et portait désormais un costume d'un gris sombre, presque noir. Il portait sous sa veste un col roulé noir qui épousait parfaitement les traits de son torse ferme, ses cheveux étaient, comme d'habitude, coiffés en arrière.

ILLUSOIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant