IV-Simon
TW- automutilation
Léonie ne parla pas de tout le trajet, elle avait l'air épuisée. Mon petit jeu marchait à la perfection. Ceci dit je l'étais aussi, j'avais passé une bonne partie de la journée à m'occuper d'un nouveau projet afin de le soumettre à mon patron de père. J'avais passé l'autre moitié à écouter Père me rappeler à quel point j'étais sa plus grosse déception ; ce n'était pas une nouveauté, il me le répétait tout les jours depuis la mort de maman, soit plus de 15 ans de pourquoi faut-il que tu sois mon unique héritier ? et autres qu'ai-je fait pour être maudit et avoir un gamin pareil ?
En public, Christian Moros était un saint, un patron modèle et un journaliste de renommée mondiale. Selon la presse, il était même la personnalité préférée de cette ville. Pas besoin de dire que je n'étais pas de cet avis. Tu me dégoûtes fils, tu es une honte pour cette famille et pour cet héritage.
Je la regardais du coin de l'œil, elle avait le visage triste et semblait perdue dans ses pensées. A quoi pouvait-elle bien penser ? Je n'avais pas l'habitude de la voir triste ; en colère et furieuse oui, mais jamais triste. J'avais l'impression de la voir sans masque, mise à nue, elle n'essayait pas d'être forte.
Je n'avais pas besoin de GPS pour me rendre chez elle, j'étais déjà venu la déposer après une soirée où elle avait trop bu. Elle était vraiment dans un état pitoyable, elle vomissait et tenait des propos incohérents. Plutôt manger mon vomi que de devoir monter dans ta voiture, connard. J'avais profité du moment pour la torturer, en jouant un peu avec elle, en la portant par exemple. Elle avait détesté mais elle était dans un tel état qu'elle s'était laissé faire. Elle avait encore du s'engueuler avec ce naze pour boire autant. Elle était bien mieux sans lui, il lui retirait cet ardeur que je m'amusais à combattre. Il l'a rendait plate et insipide, elle agissait avec lui comme si elle lui devait tout, comme s'il était exceptionnel, comme si à côté de lui, elle ne valait rien.A la fac tout le monde le voyait mais personne ne lui disait. Il y avait « elle » et il y avait « elle et lui » ou plutôt « lui » tout seul, ce connard ne lui laissait pas un instant pour parler. Sa haine envers moi avait commencé au moment où je lui avais dit devant tout le monde qu'ils n'allaient pas ensemble. C'était sorti de ma bouche sans le vouloir, en réalité, je voulais dire qu'elle valait mieux, mais elle et les autres avaient compris l'inverse. La colère dans ses yeux m'avait dissuadé de m'expliquer, je préférais jouer, la voir se battre. Avec le temps la voir me détester était devenu agréable. Peu de gens étaient sincères avec moi, ils se pliaient à ma volonté, cherchaient à ne jamais me froisser, à ne pas me contrarier, c'était différent avec elle et c'était vivifiant.
Je me garai devant l'immeuble, Léonie serra les poings et souffla longuement.
- Tu vas t'en remettre.
- Je retire mes affaires de chez mon ex pour les emmener chez mon faux petit copain, alors fous moi la paix et ferme la.
- Faux petit ami et futur patron. Ajoutais-je pour la faire enrager.
- Je t'ai demandé de fermer ta gueule.
Que j'aimais ce jeu putain. La mettre en colère était si facile, je mettai donc le coup de grâce :
- Vous n'alliez même pas ensemble.
- Ouais... J'ai pas oublié ton avis là dessus, merci.
Elle me fusilla de son regard dépareillé, avant de regarder l'immeuble par la vitre.
- Bon, je vais prendre deux sacs et Harry, je pendrai le reste plus tard. Toi, tu restes là.
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ILLUSOIRE
Romance« Le pire ennemie d'un menteur, c'est quelqu'un qui a une bonne mémoire. » - le danger avec les mensonges, c'est de les préférer à la réalité. Léonie le sait car sa vie en est l'exemple même. - MESSAGE IMPORTANT/ « Les personnages et les situations...