CHAPITRE HUIT

61 6 0
                                    







VIII-Léonie

TW : violence psychologique


- Merde, souffla à son tour Matt.

Malgré les applaudissements et les félicitations, je le sentais se tendre dans mon dos. Il confirma ce que je supposais déjà : Moros père venait de voler et de s'attribuer le travail de Simon. Je le cherchais du regard mais celui-ci semblait toujours à l'étage.

Monsieur Moros continua son monologue, il correspondait en tout point avec celui que Matt m'avait récité plus tôt dans la journée.

- Quel enculé.

- Tu penses qu'il faut aller voir Simon ?

- Il était de quel humeur quand tu l'a laissé ?

- Hum. Il était plutôt en colère. En colère et saoul...

- Ah.

- Ah ? Du coup on fait quoi ?

- Tu sais ce qui est pire qu'un Simon en colère ? Un Simon saoul. Il vaut mieux qu'on le trouve avant son connard de père. Il était où ?

- En haut, la pièce avec la bibliothèque.

- Forcément.. dit-il dans un souffle avant de me passer devant.

J'ignorai en quoi cette pièce était spéciale mais je le suivis. Dans la petite pièce, Simon avait disparu et la carafe au liquide ambré également.

- Putain.. Sim tu fais chier. Tu l'as vu descendre ?

- Non, mais j'ai pas regardé tout le temps...

- Prends l'étage, je vais voir en bas, et s'il te plaît, évite de l'énerver ce soir.

Il quitta la pièce en soufflant, visiblement agacé par cette soirée, cette annonce et ce cache-cache.

Je retournai dans le couloir et décidai de commencer par la pièce en face de la bibliothèque. J'allumai et découvris une salle de bain avec une baignoire pattes de lion, la salle était comme le reste de la maison, d'une autre époque. Je me demandais si Simon avait vécu ici, si c'était le genre de domaine qui était dans la famille depuis des générations, le genre de demeure dont on ne change pas le style et où l'on garde les souvenirs de celles et ceux qui nous ont quitté. Petite, je rêvais de ces grandes maisons, ces maisons où l'on retrouve la famille, où l'on se forge des souvenirs. Avec le temps je m'étais rendu compte que tout cela était très surfait et que passer du temps en famille n'était pas toujours positif.

J'entrai dans une autre pièce sombre, le froid de la pièce me mit la chair de poule. La lune éclairait l'endroit par la fenêtre ouverte.

- Simon ? Murmurais-je.

Seul le frottement du vent dans les rideaux me répondit. Je tentai d'allumer la lumière mais celle-ci ne fonctionnait plus .Les yeux plissés, j'inspectai la pièce. Près de la fenêtre, sur la gauche se tenait un petit bureau avec un globe terrestre et sur la droite des étagères remplies de livres et de bibelots. Je m'avançai, piquée par la curiosité, se pouvait-il que ce soit l'ancienne chambre de Simon ? Je passai en revue les différents livres, Frankenstein, La ferme des animaux, 1984, certains étaient cornés, d'autres remplis de post-it. L'un d'eux attisa ma curiosité, la reliure épaisse était dorée, je le tirai de l'étagère et lu« ALBUM PHOTO ». Les photos étaient anciennes, sur l'une d'elles Simon souriait avec les dents de devant en moins, il devait avoir 4 ou 5 ans, sur d'autres il jouait avec un adorable petit garçon qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, un cousin peut-être. Pas une seule ne contenait son père. Je reposais l'album et me retournais. Mes yeux s'habituaient à la pénombre et je voyais désormais le lit. Je sursautai dans un petit cri en apercevant Simon assit sur celui-ci, son bras reposant nonchalamment sur son genou relevé et sa tête en arrière posée contre le mur. Il souffla longuement.

ILLUSOIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant