Le Temps d'un Souhait - Première Partie

Chapitre 2 : Un nouveau départ

Et puis un jour, je dus partir faire mes études à Paris. Bien entendu, Annie les paya ainsi que tous les frais de ma scolarité. Elle me donna, en gage d'affection, un magnifique coffret orné de pierres précieuses. Sur le couvercle avaient été gravés deux noms que je reconnus immédiatement : Rosélia, qui est mon prénom, et Carélo, le nom de famille d'Annie.

Je fus si touchée par cette attention que des larmes, que je ne pus refouler, coulèrent le long de mes joues jusqu'à mon menton. D'un geste tendre et maternel, ma merveilleuse bienfaitrice essuya mes pauvres larmes à l'aide d'un mouchoir à la dentelle délicate et minutieusement brodé de fleurs. Ce même mouchoir qui m'avait tant de fois réconfortée et dont elle ne se séparait jamais (à part pour le laver !). A mon grand étonnement, elle me le confia en me disant :

« Prends ma douce enfant, que ce petit présent, qui t'a si longtemps effacé ces vilaines gouttes de chagrin, te rappelle que je t'ai toujours aimée comme une mère aime ses enfants et promets-moi une chose avant de partir : ne m'oublie jamais ! » Je le lui promis et après une multitude d'embrassades et de larmes, je partis vers la ville des Lumières laissant derrière moi, une femme que j'appellerai désormais « Maman » (car il faut bien l'avouer ce surnom lui va terriblement bien), qui m'a aimée et protégée, mais aussi un passé, mystérieux sur mes origines et douloureux, fait de jalousie, de haine et de désespoir. J'allais enfin vivre une vie paisible et surtout réaliser un rêve, une passion : celle d'étudier l'Histoire !

Pendant le voyage, je pris le temps de contempler mon magnifique cadeau à l'abri des regards.

Ses rubis et ses saphirs étaient tous alignés de la même façon autour du couvercle. Une seule magnifique pierre, de forme biscornue et bien plus grosse et luisante que les autres, portait, quant à elle, les premières lettres de mes deux noms. Je voulus la toucher pour en ressentir les détails. Seulement, à peine l'avais-je effleurée que le bruit d'un mécanisme se fit entendre. Aussitôt, la mystérieuse pierre se mit à tourner dans une sorte de danse folle. Au bout de quelques secondes, elle s'arrêta enfin, mais un autre processus se mit en route et, devant mon incrédulité, le couvercle s'ouvrit et je pus en admirer son contenu...

A l'intérieur se trouvait un véritable butin de pirates qui me laissa perplexe : comment un si petit coffret pouvait renfermer de telles merveilles ?

Des pièces d'or s'y trouvaient par milliers, des pierres précieuses identiques à celles du couvercle, et même de magnifiques bijoux reflétant la lumière du Soleil. Cela ne pouvait être pour moi. Était-ce possible d'avoir été si précieuse aux yeux d'Annie à tel point qu'elle m'offrit des ornements royaux accompagnés d'un trésor inestimable ? Je n'y croyais pas, cela ne pouvait être réel et, pourtant, toutes ces choses étaient bien là, sur mes genoux, à attendre une réaction de bonheur ou de surprise. Mais non, je restais presque inerte, incapable de prononcer un seul murmure...

Lorsque mon train pour Paris s'arrêta, je repris mes esprits et refermai le coffret en y lançant un regard méfiant et, quelque peu, craintif...

A peine sortie du train, je voulus aller récupérer mon studio dont Annie avait gardé le secret et ne m'avait laissé qu'un seul indice : l'adresse. Il se trouvait avenue Montaigne mais je n'avais pas plus d'informations. Aussi étais-je perdue dans cette gare où tant de personnes hâtaient le pas tout en se bousculant pour se frayer un chemin. Un homme d'âge mûr m'interpella alors que je m'apprêtais à sortir.

—Excusez-moi, mademoiselle, êtes-vous bien Rosélia Carélo? me demanda-t-il en me tendant une photo récente de moi.

—Oui, lui répondis-je avec méfiance, et vous êtes ?

—Pardonnez-moi, dit-il en rougissant légèrement, je ne me suis pas présenté...Je me nomme Pierre Dupontchartier, je suis chargé de vous emmener à votre hôtel.