Chapitre 27 : Le plan

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Après une nuit agitée, hantée par tous les scénarios catastrophiques qu'annonçaient la journée à venir, je me levai engourdie. Lorsque j'atteignis le pont, nous avions abordé une côte déserte.

—Il nous faudra marcher quelques heures avant d'atteindre la capitale, m'informa James, derrière moi. Accoster directement à Québec aurait été plus risqué. Les brigands auraient pu reconnaître le bâtiment ou bien notre statut de pirates nous aurait causé des ennuis pour accéder au port.

—Ne vous inquiétez pas James, le rassurai-je en lui posant une main sur l'épaule, geste qui me semblait à présent familier.

—Je sais, mais vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez...

—Bien que si ! Et vous n'allez pas recommencer. Suivez le plan et faites-moi confiance, bon sang !

Il se gratta la nuque et soupira :

—Oui, pardonnez-moi...Je suis juste inquiet.

—Vous n'avez pas à l'être. Si j'ai un problème, je ferai le signal convenu et vous n'aurez qu'à venir à mon secours, chevalier, plaisantai-je voulant le voir sourire.

Mais son front ne se dérida pas et il poursuivit :

—Vous me promettez de la faire si quelque chose ne se passe pas comme prévu ?

—Oui, soupirai-je. Et vous, de m'attendre à la sortie de la ville avant le signal ?

James acquiesça légèrement la tête et pensant qu'il avait compris que j'étais assez grande pour gérer la situation, je changeai de sujet :

—Au fait, comment allons-nous faire pour transporter les marchandises jusqu'ici ?

—Nous ne sommes pas très loin, une bonne heure en calèche.

—Oh je vois...Et les brigands nous laisserons leur emprunter une charrette ?

—Mais oui, il suffit d'être assez...persuasive. A vous de me montrer si vous l'êtes, me taquina-t-il.

—Vous verrez de quoi je suis capable. J'ai mes talents secrets, capitaine, lui répondis-je sur le même ton avant de tourner les talons, le laissant perplexe.

Nous partîmes lorsque le soleil commença à se coucher. Cela permettrait à James de se cacher à la sortir de Québec avec la cinquantaine d'hommes qu'il avait insisté vouloir prendre.

Moi et cinq compagnons nous faufilâmes dans la ville en évitant les gardes. Pour plus de discrétion, j'avais caché mes cheveux dans mon tricorne et avait remonté le col de ma redingote pour cacher mon visage. Les hommes qui m'escortaient étaient méconnus des brigands, n'étant encore jamais allés en Nouvelle-France.

Suivant les indications que nous avaient fait répéter encore et encore James, nous arrivâmes dans les quartiers les plus acculés de la ville. Y trainaient des créatures nocturnes, des hommes au regard vitreux et tenant à la main des bouteilles vides. Cette ambiance nauséabonde et décadente jurait avec celle endormie et paisible du port dans lequel quelques passants se pressaient de rentrer pendant que quelques soldats patrouillaient.

Mes cinq compagnons m'entouraient, me protégeant et me guidant jusqu'aux tréfonds de ces pauvres quartiers. Plus nous avancions, plus l'obscurité se faisait pesante et la sensation d'être suivis s'accentuait.

Arrivés dans une impasse où l'on apercevait une vieille taverne à la pancarte rouillée, des silhouettes se détachèrent de l'obscurité et commencèrent à nous encercler par tous les côtés.

—Tiens, tiens, siffla une voix caverneuse. Nous v'là une belle bande de gaillards. Alors mes mignons, on s'est perdus ?

Ne voulant pas céder à la panique devant ces horribles personnages, je relevai la tête et déclarai sur un ton ferme et plus grave que d'ordinaire :

Le Temps d'un Souhait - Première PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant