Chapitre 34 : L'inévitable

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James s'élança vers moi et regarda ma blessure, horrifié. Il n'avait pas remarqué la feinte de Revenger et était désemparé. Je voulus le rassurer mais les forces me manquaient et ne fis que suffoquer. Il me souleva délicatement et me transporta soigneusement dans ses bras. Il ordonna aux autres de ramener les morts et les blessés sur le navire. Malgré la léthargie qui me languissait, je jetai un dernier regard au navire de Revenger, un regard soulagé et peiné de n'avoir pu le sauver. Et, était-ce le fruit de ma fatigue, je crus voir la silhouette fine et gracieuse d'Archinestra à l'entrée de la grotte, alors que James nous ramenait sur le navire.

M'emmenant dans sa cabine, il me déposa sur son lit et commença à s'affairer à me faire un bandage. Sa fébrilité et sa panique ne firent que me faire encore plus mal. Aussi, malgré la douleur qui assaillait mes poumons, je murmurai son nom. Il cessa de s'agiter et vint s'asseoir près de moi. Je lui pris les mains et lui souris faiblement :

—Ecoute-moi s'il te plaît... Là d'où je viens, ils pourront soigner ma blessure. Je pense que mon cœur n'a pas été touché, donc je devrais m'en sortir. Mais si je reste ici, je vais mourir James.

Il baissa le regard, les yeux baignés de larmes.

—Tu m'as apporté bien plus de choses que tu ne le crois, James, et jamais je ne pourrais oublier tous ces merveilleux instants que j'ai passés auprès de toi. Mais...

M'interrompant sous le poids de la douleur, ma mâchoire se crispa et ma respiration se fit plus difficile. James se rapprocha de moi et me caressa la joue. Malgré la peine et le remord qui le rongeaient, il parvint à me dire :

—Je t'aime Rosélia. Tu es mon trésor, mon plus beau rêve. Alors, s'il y a une chance pour que tu puisses vivre, vas-y. Même si cela signifie repartir là d'où tu viens. Saches seulement que jamais je ne cesserai de t'aimer.

Mon cœur gonflé d'amour et de mélancolie, je lui déclarai :

—Oh James, si tu savais à quel point je t'aime... Je crois que je t'aimais dès l'instant où je t'ai vu. Quand je t'aurai dit ce que je m'apprête à te dire, je partirai. Alors, je veux que tu gardes mon coffret.

Il allait protester mais je poursuivis :

—Non, James, ne m'interromps pas. Garde-le, il saura te guider vers tes rêves. Vois-tu, ce coffret sert à réaliser le rêve le plus profond et le plus vrai désiré par notre cœur. Si je suis ici, c'est parce qu'en visitant ton navire dans mon présent qui est le futur pour toi, j'ai vu ton portrait et, sans m'en rendre compte, j'ai désiré vivre une belle aventure à tes côtés tout en désirant savoir ce que cela pouvait être d'être aimée profondément. Et, grâce à toi, j'ai vécu toutes ces choses. Prends soin de nos amis, dis-leur que je les aime, qu'ils ont été comme des frères pour moi et que je suis très fière d'eux.

L'éclat du coffret jaillit de la redingote de James qui me prit dans ses bras, me serrant fort contre lui, comme pour me retenir. Sentant que je m'évaporai, il m'embrassa passionnément, m'électrisant et me réchauffant d'amour. Mais les ténèbres m'engloutirent à nouveau. Je lui souris une dernière fois entre mes larmes, contemplant ses magnifiques yeux qui me couvaient d'amour. La dernière chose qui me parvint fut sa voix qui me murmurait, au loin :

—Jamais je ne t'abandonnerai. Je te retrouverai, par tous les moyens. Je te le promets, Rosélia...

Le Temps d'un Souhait - Première PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant