Chapitre 14 : L'avènement d'un monstre

19 2 0
                                    

Son visage à l'expression amusée par ce moment d'égarement prit un masque impassible qui m'amusa malgré moi.

—Bon, assez bavardé. Installez-vous confortablement, je vais commencer le récit d'un homme atroce que je tiens d'un vieil ami, et dont je suis le seul à connaître. Je vous demanderai de ne pas m'interrompre car cela me coûte beaucoup de parler de l'homme qui a tué la femme qui m'a tant donné, et qui était comme une mère pour moi.

—Je comprends.

—Bien, alors commençons, déclara-t-il nerveusement.

« Avant de devenir le chef de ces pirates sanguinaires, cet homme n'était qu'un jeune noble hypocrite et pourri gâté qui ne restait chez ses parents que pour bénéficier de leur fortune ainsi que de leur confort. Toutes les jeunes filles à marier connaissaient le nom du gentilhomme aux longs cheveux de blé et aux yeux d'azur d'où étincelait déjà le sadisme qui le suit depuis longtemps déjà. Ses parents qui désiraient faire de lui le plus aimé et respecté des nobles et qui aimaient leur fils plus que tout au monde, lui firent faire toutes les études, et même plus, nécessaires à un gentilhomme de leur société. Ils possédaient une si grande fortune que rien n'était trop excessif pour subvenir aux caprices de leur cher amour qui tout à son plaisir en profitait excessivement. Alexandre du Beauchamp, car ainsi se nommait cet arrogant, cupide et profiteur jeune homme, répugnait l'idée d'étudier mais, parce que son avidité de posséder toutes les richesses qui l'entouraient lui susurrait d'amadouer et de charmer ses parents pour ainsi être certain d'hériter de leur immense fortune, faisait alors tout ce que ceux-ci désiraient. Partout où il allait, tantôt il esquissait un de ses sourires si charmants qu'ils faisaient chavirer plus d'un cœur, tantôt il causait de sujets des plus intéressants et philosophiques, ce qui avait pour cause de lui garantir le respect et l'amitié des plus influents nobles de son époque.

« Cependant, Alexandre dont les sinistres pensées ne s'attardaient pas seulement sur ses pauvres parents, usait de son charme dans d'horribles loisirs en abusant de belles filles, riches ou pauvres, qui avaient le malheur de croiser son chemin, quitte à leur enfanter quelques misérables nourrissons. Aussi, lorsque le comte et la comtesse du Beauchamp entendirent parler de ces divertissements peu recommandables, ils en eurent le cœur dévasté mais parce que leur amour pour leur fils était trop fort, ils lui déclarèrent simplement que son temps était venu de quitter la capitale française et de s'engager dans l'armée royale. Alexandre, soupçonneux de quelques révélations sur ses abominables soirées, les regarda avec ses habituels yeux méprisants, et, comme ses parents ne sourcillèrent point contrairement à leur habitude face à ce regard emplein de haine et de dédain, il s'empressa d'aller trouver son domestique personnel qui lui servait d'espion. Il le questionna sur les dernières visites de sa mère et de son père. Le serviteur, esquissa un sourire malicieux, lui répondit que le comte et la comtesse n'avait reçu que les parents de la charmante princesse de Larive, à présent duchesse de Passiverte. L'hypocrite ne prit pas la peine de le remercier et se rendit chez la jeune fille en question par un passage secret dérobé dans sa chambre. Celle-ci comme bien d'autres jeunes filles avait eu le malheur de faire plus ample connaissance avec l'arrogant personnage qui l'avait mise enceinte. Ses parents s'étaient empressés de cacher cette affaire par un mariage arrangé qui ne déplut pas au fiancé tant sa future épouse était pourvue d'une beauté sublime et d'une dote époustouflante. Bien entendu la nouvelle de l'enfant lui avait paru saugrenue mais il l'avait finalement pris pour le sien étant donné que les jeunes mariés avaient accompli leurs noces une semaine auparavant lorsque sa belle famille le lui avait annoncé.

« Tout s'était donc arrangé pour la jeune mariée qui s'apprêtait à aller vivre en province tant ses souvenirs honteux de jeune fille innocente et naïve la hantaient mais à présent, elle avait un honnête homme, certes moins séduisant et intelligent que le père biologique de son enfant, mais qui avait le mérite de l'aimer.

Le Temps d'un Souhait - Première PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant