Chapitre 9 : Rencontre improbable et étranges découvertes

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La porte s'ouvrit à la volée et depuis ma cachette, je pus distinguer une haute silhouette ainsi que des bottes noires et cirées qui marchaient dangereusement vers moi. Une voix masculine et assurée s'éleva alors tandis que la personne s'agenouillait et passait sa tête sous le lit :

—Vous savez que je vous vois...

—Euh..., commençai-je avant que l'homme dont je n'apercevais pas beaucoup le visage, ne me coupe.

—Que faites-vous ici et qui êtes-vous ? me demanda-t-il avec méfiance tout en dirigeant vers ma gorge un poignard qu'il avait sorti de l'une de ses bottes et qui me sembla aiguisée d'une façon plus que nécessaire.

—Je...Je ne sais p...pas ce que je fais ici, bafouillai-je terrorisée par cette arme qui s'enfonçait plus profondément dans ma peau à chaque instant mais me reprenant je répliquai exaspérée par le ton supérieur qu'il avait employé, et je ne sais pas pourquoi je vous dirais mon nom alors que je ne connais pas le vôtre et que vous pointez votre arme sur moi qui suis sans défense. Ce n'est pas très galant.

—C'est vous qui êtes en tort mademoiselle, pas moi, mais si cela vous dérange je veux bien retirer mon poignard de votre gorge, à condition que vous sortiez de sous mon lit...

Rougissant par le sarcasme qu'il utilisait pour me parler, je m'extirpai de ma cachette improvisée après qu'il eut pris soin de ranger son poignard dans sa botte. Seulement, lorsque je me fus hissée hors de mon abri, l'homme avait contourné celui-ci et me tournait le dos. Profitant qu'il ne faisait guère attention à moi, je m'empressai de récupérer le coffret, resté sur les draps miteux du lit et de le cacher soigneusement dans la poche de ma veste. Je remarquai alors que l'homme aux bottes cirée semblait contempler avec ahurissement le tableau sous lequel se trouvait le panneau que j'avais replacé. Je m'approchai de lui pour recueillir mes remerciements mais à peine fus-je près de lui que je le reconnus. Je fus troublée de découvrir qu'il ressemblait exactement à l'ancien capitaine du navire que j'avais quitté quelques heures auparavant. Le souffle court, je compris que j'avais dû voyager dans le temps et que le coffret m'avait transporté auprès de ce pirate bien plus miteux que sur le portrait que j'avais si longuement observé. C'était impensable mais cela ne pouvait être que la vérité ; j'étais coincée dans une époque que j'avais tant désirée vivre et j'allais côtoyer le capitaine James Rosso dont je connaissais l'avenir, ce qui est soit dit en passant très étrange...

Il était vêtu d'une chemise jaunie par le temps et l'usure ainsi que d'un pantalon si sale qu'il en était devenu noir de poussière et autres impuretés. Son tricorne noir était tout aussi usé et troué que le reste des vêtements ; seules les bottes juraient avec le reste de la tenue et constituaient les uniques attributs dignes d'un capitaine. Quant à son visage, il ne me parut pas changé quoique des cernes marquaient le contour de ses yeux, ce qui me donna l'impression qu'il n'avait pas dormi depuis quelques temps. Ses traits moins épanouis que sur le portrait étaient durs et renfermés et son regard ne pétillait plus de joie mais une lueur effrayante y brillait. Cette lueur était la même que celle qui rayonne dans les yeux d'hommes ayant vécu une terrible injustice et qui n'oublient pas le mal qu'on leur a fait. Il m'apparut alors non plus comme un affreux pirate mais comme un homme ayant été frappé par le malheur et devant se battre pour survivre, quitte à en devenir hors la loi.

Mais devant l'air dubitatif qu'il affichait, je dirigeai mon attention vers le sujet de ses réflexions. C'est alors que je découvris à la place du portrait du pirate à la barbe touffue et grisonnante, un encastrement dans le mur. Le tableau semblait avoir pivoter comme une porte et laissait voir dans l'ajustement une lettre ainsi qu'une maigre bourse au velours usé. Je me tenais près du pirate quand celui-ci se décida enfin à lire la lettre. Ses yeux noisette sautaient de ligne en ligne et au fur et à mesure de sa lecture, ses sourcils se fronçaient et son visage affichait un air d'incompréhension. Finalement, il replia la lettre en soupirant et se tourna vers moi en essayant de distinguer une quelconque malveillance mais il dut ne rien distinguer de suspect car son visage se détendit et il esquissa un petit sourire bienveillant tout en me tendant la lettre qu'il venait de lire. Je le questionnai du regard mais il me mit la lettre dans mes mains et partit s'asseoir sur le lit emportant la bourse et un autre papier que je n'avais pas vu. J'ouvris alors la lettre et découvris son mystérieux contenu :

Le Temps d'un Souhait - Première PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant